Mercredi 5 Février 2025
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02.02.2012
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Après le succès du Festival des vins de Bordeaux et d’Aquitaine en novembre dernier, la ville de Wuhan confirme son statut de nouvelle plateforme émergente du vin français en Chine. Comme l’a confirmé la grande journée « Objectif Chine » organisée en début de semaine à Bordeaux.
Ce n’est plus un secret pour personne, le marché du vin en Chine continentale est en pleine expansion. Jusqu’à présent, ce marché (hors Hong Kong) se concentrait sur les grandes villes côtières et les pôles économiques que sont Pékin, Shanghai et Canton. Mais cette situation évolue rapidement, avec la politique volontariste du « Go West » qui, depuis quelques années, propulse le développement des régions de l’ouest et du centre du pays. C’est, en substance, le thème qui a été développé ce lundi 30 janvier, à Villenave-d’Ornon près de Bordeaux, dans le cadre de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV). De nombreux professionnels du vin se sont réunis à l’invitation du Conseil Régional d’Aquitaine, de L’AAPrA (Agence Aquitaine de Promotion Agroalimentaire) et de la Chambre d’Agriculture de la Gironde. En présence notamment de Bertrand Quevremont et Philippe Autier, deux experts d’Ubifrance (organisme d’accompagnement des entreprises françaises sur les marchés étrangers), et de Christelle Chêne, chargée de mission « vins et agro-alimentaire » à l’AAPrA, ces viticulteurs, négociants et exportateurs ont pu avoir un aperçu plus détaillé des perspectives qui s’ouvrent à eux sur le marché chinois – en particulier sur le marché de la Chine centrale.
La Chine en chiffres
Si l’on suit les chiffres exposés par les experts d’Ubifrance, le marché du vin en Chine ne peut que progresser à vive allure. Aujourd’hui, 8 millions de Chinois consomment régulièrement du vin. Si ce dernier ne représente que 5 à 10% de la consommation d’alcool dans le pays (la bière reste largement dominante), les campagnes de santé contre les méfaits de l’alcool de grain commencent à changer les habitudes de consommation. L’émergence rapide d’une classe moyenne, d’une importante population étudiante (+20% de diplômés par an… 13, 6% des étudiants étrangers en Europe sont Chinois), l’augmentation des salaires moyens, du taux d’épargne et d’investissement, un fort taux d’urbanisation (un être humain sur dix est un urbain chinois…), ouvrent de nouveaux horizons à la consommation de vin en Chine. Notamment pour le vin français, qui occupe une place de leader incontestable (+114% de progression en valeur, 56% de parts de marché, dont les trois-quarts occupés par les vins de Bordeaux) et jouit d’une image remarquable. Le fameux « triangle d’or » : santé, luxe et fête. Encore considéré comme un produit d’exception, parfois intimidant, le vin français est plus offert que consommé par le consommateur chinois lambda. Mais cela devrait vite évoluer.
Dans dix ans, le PIB par habitant de certaines régions du pays sera équivalent à celui du Royaume-Uni. Et dans ce cadre florissant, le centre de la Chine est appelé à connaître un développement encore plus rapide et spectaculaire. C’est notamment le cas de Wuhan. Idéalement située sur un axe nord-sud (Pékin-Canton) et est-ouest (Shanghai-Chongqing), cette ville de 9 millions d’habitants connaît une croissance annuelle de +15%. Les ventes de détail y doublent tous les cinq ans. C’est aussi un nœud de transport stratégique en Chine.
Destination Wuhan
Ce n’est donc pas un hasard si les professionnels du vin de Bordeaux et d’Aquitaine ont ciblé Wuhan pour en faire leur plateforme d’expansion en Chine. Jumelée avec Bordeaux, la ville accueille déjà beaucoup d’entreprises, d’universitaires et d’expatriés français. Une liaison directe Paris-Wuhan doit être inaugurée en avril 2012 (trois vols par semaine) et une « Semaine de la France » doit y voir le jour très prochainement, accompagnée d’un effort de développement de l’offre oenotouristique. Le Festival des vins de Bordeaux et d’Aquitaine s’inscrit logiquement dans ce « grand élan français » à Wuhan. Inauguré en 2010, il a connu un très joli succès en 2011, en réunissant du 12 au 14 novembre 85 appellations, 176 domaines (médaillés précédemment au Concours de Bordeaux) et 120 professionnels chinois qui ont distingué 21 « trophées coup de cœur ». Des rencontres d’affaires ont également été organisées entre 24 sociétés françaises et 56 sociétés chinoises. Pour l’édition 2012 du Festival, qui doit se tenir les 2 et 3 novembre prochains, les objectifs sont encore plus ambitieux : asseoir la notoriété des Trophées Coup de Cœur, développer les ateliers, dégustations, animations et rencontres d’affaire. Les professionnels réunis lundi à l’ISVV ont pris date, et peaufinent déjà leur stratégie d’approche.
Ils devront aussi prendre en compte un autre facteur, également exposé lundi : la mise en place d’une zone sous douane à Wuhan. L’idée est de créer une place commerciale autour du secteur des vins et de l’agro-alimentaire, avec un show-room aménagé, sans avance de taxes à l’importation (les droits seront perçus à la sortie des produits), avec une gratuité de la location immobilière pendant 12 à 24 mois, et une forte image de garantie d’origine (un bon moyen de lutter contre les soupçons de contrefaçon). Les travaux de cette zone sous douane doivent débuter en février, avec une inauguration prévue en novembre 2012, au moment du Festival des vins de Bordeaux et d’Aquitaine. Plus que jamais, pour les vins français, tous les chemins passeront par Wuhan.
Mathieu Doumenge
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