Dimanche 24 Novembre 2024
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06.06.2018
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A l’heure où les orages s’intensifient un peu partout dans l’Hexagone, ayant ravagé déjà plusieurs milliers d’hectares, les vignerons apparaissent plus sereins sur les terres de la serine, dans le Rhône Nord. Et pour cause, ils semblent avoir trouvé la parade avec un système anti-grêle innovant, qui veille désormais sur près d’un millier d’hectares de vignes.
Les viticulteurs de la vallée du Rhône septentrionale, avec quelques arboriculteurs et maraichers, ont investi au début du printemps dans un dispositif de lutte anti-grêle innovant, le Skydetect, développé par la société Selerys. Ce système de radar couplé avec une modélisation météorologique et un mécanisme d’artificier émet une alerte via le smartphone 30 minutes avant l’arrivée de la perturbation. Le vigneron peut alors suivre en direct l’évolution de l’orage et lorsque celui-ci franchit un pallier à moins de 15 km, il ne lui reste plus qu’à prendre sa valise pour lâcher, à partir de 26 postes de tirs, un ballon gonflé à l’hélium et chargé de sels de calcium. Il se déclenche à 600 m d’altitude pour empêcher la formation des grêlons en absorbant l’humidité dans les nuages. Une soixantaine de viticulteurs formés à l’utilisation du Skydetect sont ainsi d’astreinte 24h/24 et 7 jours sur 7 pour protéger environ 2800 hectares dont 900 de vignes sur une bande longue et étroite le long du Rhone, sur les appellations Condrieu, Côte-Rôtie, Saint-Joseph dans la partie septentrionale et dans le vignoble de Vitis Vienna. Une dizaine de ballons ont d’ailleurs été tirés il y a une dizaine de jours et en début de semaine.
Un effort solidaire
Cette arme anti-grêle a coûté près de 200 000 € dont 60 000 pour le radar, subventionnés à hauteur de 20 à 30% par la région Auvergne-Rhône-Alpes et les communautés de communes de la Drôme, l’Isère, la Loire et le Rhône. Les fonds via une « cotisation volontaire obligatoire » sont collectés par les appellations Côte Rôtie et Condrieu, par les vignerons de Saint-Joseph sur la base du volontariat et Vitis Vienna sur le vignoble de Seyssuel. Un investissement collectif unique en France qui représente une centaine d’euros par hectare et par an pour les 260 vignerons concernés « mais c’est une solidarité indispensable pour protéger le vignoble et qui devrait nous éviter de trop lourdes pertes à cause de la grêle », précise Michaël Gerin, co-président de l’appellation Côte Rôtie qui rappelle que le phénomène cause la perte de plusieurs hectares chaque année, une dizaine encore en 2017. « Non seulement je crois à l’efficacité du système mais il est de surcroit écolo puisqu’il ne contient pas de produits chimiques et ne provoque aucune nuisance sonore ». Et le jeune président de se rappeler que son grand-père utilisait déjà il y a quelques décennies des fumigènes d’artificiers à base de iodures d’argent, interdits plus tard à cause des explosifs qu’ils contenaient. « C’est un gros investissement – chaque tir revient à 380€ – mais même s’il n’est pas infaillible, il peut sauver la récolte sur une voire deux années car lorsque les bois des ceps sont éclatés par de gros grêlons, la vendange peut être compromise sur plusieurs millésimes ».
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