Vendredi 3 Janvier 2025
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25.11.2009
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Terre de Vins : Vous étiez aussi au premier rang des acheteurs aux dernières ventes des Hospices de Beaune, la semaine dernière…
Philippe Peulson : Oui, nous avons acheté plusieurs lots dont un lot complet d’un de nos vins fétiches, la Cuvée Guigone de Salins, un Beaune que nous suivons régulièrement. Patriarche élève et met en marché plusieurs vins des Hospices. C’est un autre témoignage de notre ancrage bourguignon.
Ndlr: Guigone de Salins était la femme de Nicolas Rolin, le chancelier du Duc de Bourgogne qui a créé les Hospices de Beaune en 1457. AU fil du temps et des donations, cette fondation s’est retrouvé propriétaire d’une soixantaine d’hectares en Bourgogne, dont la production est mise en vente chaque année lors d’enchères au profit de l’hôpital de Beaune ou d’oeuvres de charité.
Terre de Vins : Si vous n’étiez pas Bourguignon, dans quelle région du monde vineux auriez-vous aimé travailler ?
Philippe Peulson : A titre personnel, je dirais l’Alsace, une région chère à mon coeur à la fois par ses crus et sa gastronomie; mais aussi les Côtes du Rhône. J’aime ses vins plein d’expression, de puissance, de sève.
Terre de Vins : Vous intéressez-vous à l’achat de vignes ou de sociétés ailleurs qu’en Bourgogne et ailleurs qu’en France ?
Philippe Peulson : Non. Les pays du nouveau monde ont fait un très beau travail, mais l’Europe a pour elle son histoire, ses spécificités. Pour nous, c’est en Bourgogne que se situe notre histoire de société familiale. Notre vocation, de par notre implantation historique nous conduisent à valoriser notre propre patrimoine régional. Pour bon nombre de ces nouveaux pays du vin, la Bourgogne reste une référence, un point de mire. Le suivi ne doit pas devenir le suiveur.
Terre de Vins : Que pensez vous de l’évolution intervenue au plan œnologique et au plan des goûts des consommateurs, ces 20 dernières années? Ces évolutions vous semblent-elles globalement positives ?
Philippe Peulson : Oui, globalement, parce que la production est plus axée sur le goût du consommateur. Ce n’est pas seulement une question de technique, cela correspond à l’arrivé e aux commandes d’une nouvelle génération de vignerons, mieux formés; beaucoup ont fait les écoles de viticulture et d’oenologie, ce que leurs parents n’avaient pas fait. Ils ont de meilleures bases, mais ils sont aussi plus ouverts. D’ailleurs, c’est toute la Bourgogne qui s’est ouverte sur le monde.
Aujourd’hui l’entrée dans l’univers du vin se fait pour les jeunes générations se fait par la bulle. Ces vins leur paraissent plus accessibles car ils sont habitués à ce type de produits, les sodas. Dès lors qu’ils quittent l’univers des sodas pour consommer du vin, ce sont des effervescents
Terre de Vins : Comment voyez-vous l’avenir de la Bourgogne?
Philippe Peulson : C’est la plus belle région viticole du monde; travailler avec une palette de deux cépages, et parvenir à exprimer la nature, les crus, la géologie, c’est tellement exaltant. Obtenir des expressions totalement différentes sur quelques km, entre la Côte de Nuits et la Côte de Beaune, et même à l’intérieur de chaque Côte, il y a là quelque chose de magique, quelque chose qui me surprend toujours et me ravit en même temps.
Terre de Vins : Mais c’est il y a aussi un côté hermétique, la Bourgogne ne peut-elle être comprise que par des initiés?
Philippe Peulson : Compte tenu des volumes de production, qui sont limités, et globalement, et pour chaque appellation plus encore les Bourgognes ne seront certainement jamais des vins de consommation de très grande masse; je pense que c’est d’abord une région pour connaisseurs; il faut donc communiquer, éduquer les consommateurs, transmettre notre héritage, donner envie aux gens de s’intéresser à notre vignoble et à ses particularismes. La communication fera la différence. On dit toujours que la vérité est dans le verre. Oui, mais sans point de repère, comment comprendre les différences?
L’accessibilité la plus simple consiste à présenter et valoriser les 2 cépages Pinot Noir et Chardonnay tels que nous le faisons avec le Clos du Château (Château de Meursault) ou la marque de bourgogne Couvent des Visitandines. C’est l’entrée vers les autres vins de Bourgogne, plus prestigieux.
Terre de Vins : Quel est le vin qui vous semble le plus représentatif de l’esprit Patriarche, d’année en année ?
Philippe Peulson : Notre Chambolle-Musigny Patriarche. D’année en année, il séduit pare son expression fine, tout en dentelles; son côté très Côte de Nuits. C’est un produit de négoce, mais en définitive, c’est d’abord un produit de propriétaire, car nous entretenons des relations étroites avec nos viticulteurs. Le mot négoce a souvent une connotation industrielle, mais dans notre cas, il garde une dimension humaine. Nous sommes négociants éleveurs, et en Bourgogne, cela signifie un vrai rapport avec le terroir.
Terre de Vins : Et le millésime qui vous a le plus marqué?
Philippe Peulson : Sans aucun doute, 1959. Parce qu’il est vraiment grand, intrinsèquement. Mais aussi, pour des raisons plus liées à l’histoire de Patriarche parce que c’est celui qu’André Boisseaux à choisi de transmettre aux générations futures, en mettant en place le fameux Caveau de l’An 2000. Aujourd’hui, ces vins sont la plus belle des machines à remonter le temps, et ils nous montent à quel point les grands Bourgognes ont un grand potentiel de vieillissement.
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