Vendredi 27 Décembre 2024
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30.09.2018
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La Fondation Terroirs Paysages Culturels prend ses marques sur la juridiction de Saint-Emilion avec de l’envie, des neurones et un peu de vin quand même.
Si le projet ressemble aux vins des propriétés qui portent la Fondation, tout laisse penser au meilleur. Le collège est constitué de huit vignerons – ou binômes : Catherine Arteau-Grébaut de La Closerie du Chêne, Peter Kwok des vignobles K (Châteaux Tour Saint Christophe, Haut-Brisson…), Xavier Beaumartin du Château Laroque et son directeur David Suire, Miloute Mitjaville du Château Tertre Roteboeuf, Pierre et Alexia Bouyer des Domaines du même nom (Clos de la Cure, Château Milon…), Nicolas Thienpont en tant que directeur du Château Larcis-Ducasse, Olivier et Anne Decelle du Château Jean Faure et enfin Alain Vauthier du Château Ausone. Officiellement, cette Fondation est née au mois de mai et ce sous l’égide de la Fondation de France. Pas n’importe où, en lieu et place du Grand Cru Classé de Saint-Emilion, le Château Laroque, ce joyau d’une soixantaine d’hectares de vignes perché sur le plateau calcaire de Saint-Christophe des Bardes. Il fallait cette vue imprenable pour définir le supplément d’âme de cette nouvelle association.
Dépasser le discours vinicole
Pour le fond, les acteurs de cette Fondation ont souhaité mettre des neurones dans le paysage en constituant une équipe de chercheurs car « la mission est d’apporter de la culture, de l’histoire et de l’aventure humaine », explique la bouillonnante présidente Catherine Arteau-Grébaut avant d’ajouter : « Le centre du sujet n’est pas la beauté de nos paysages, mais de comprendre comment ça s’est pérennisé, comment s’est sculptée cette nature, nous voulons au sein de cette mondialisation un peu rude remettre de la connaissance, ces dernières années se sont installés des discours hors sol qui nous éloignent de notre identité ». Par là, la Fondation veut dépasser le simple discours vinicole ou le prix de l’hectare pour rappeler que derrière ces bouteilles se cachent de la géologie, des vieilles pierres, des générations de propriétaires et d’ouvriers, des âges d’or comme des crises. En somme, comme sur les bancs de l’école, de l’histoire et de la géographie. Parmi les scientifiques ayant rejoint la Fondation, on trouve notamment l’historien Serge Briffaud, le botaniste Philippe Richard ou le juriste Philippe Güttinger.
Un laboratoire d’idées
« Les décideurs restent les politiques mais en apportant des idées qui reposent sur des travaux sérieux, nous pourrons infléchir certaines décisions et faire naître un autre œnotourisme, avec du fond », souligne Alain Vauthier. Dans la forme, cette Fondation couvre exclusivement la juridiction de Saint-Emilion avec un financement opéré par les huit fondateurs et ouvert à d’autres donateurs. Elle est destinée à être une force de proposition, une sorte de laboratoire d’idées. « Nous pouvons travailler aussi bien avec l’Unesco qu’avec des offices du tourisme en passant par des cercles étrangers, l’idée est de faire basculer les consciences à partir de nos propriétés pilotes », explique Blandine Giambasi, en charge du lancement et de l’opérationnel. « En créant du lien, en articulant nos travaux, nous serons plus forts et peut-être à terme on pourrait financer des travaux universitaires, des publications, une revue… », ajoute Serge Briffaud. Des partenariats sont déjà amorcés avec des vignerons du Lavaux, de la vallée du Haut-Rhin en Allemagne ou de l’île de Pico. Une Master class du goût est en gestation et des ateliers sont pensés pour les enfants et autour de l’écologie. Dans tous les cas, les membres de la Fondation se donnent du temps comme leur enseignent leurs vins. Il n’y a pas la culture du résultat mais le résultat sera culturel. Comme dirait l’autre, la forme, c’est le fond qui remonte à la surface. Dont acte.
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