Mardi 19 Novembre 2024
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31.03.2019
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Preuve que les vins du Languedoc-Roussillon s’accordent avec à peu près tout, « Morceaux choisis #1 », vendredi 22 mars à Montpellier avec l’auteur québécois Guy Delisle, offrait un portrait solide et liquide de cette figure de la BD reportage.
Il a offert il y a peu un 4ème volume à sa série « parentalement incorrecte » Le Guide du Mauvais Père (aux éditions Shampooing), mais la question qu’on lui pose le plus souvent en dédicaces reste, « C’est où votre prochain voyage ? » Guy Delisle, globe-trotteur parti en vadrouille avec son carnet de croquis à la main en Chine (ouvrage Shenzhen, 1997), en Corée du Nord (Pyongyang), en Birmanie (Chroniques birmanes) et en Israël (Chroniques de Jérusalem, 2011), se prêtait au jeu du portrait avec « Morceaux choisis #1 » dans le cadre du festival Foodisme de printemps, du 22 au 24 mars à Montpellier.
Cadavre exquis
Une formule solide et liquide à la fois, comme un cadavre exquis, ce jeu d’écriture collectif inventé par les Surréalistes, sous forme de huit encas salés ou sucrés imaginés par le chef calatan Benji Vicens, soutenus par huit morceaux de la playlist de Guy Delisle et huit bons verres de vins qui racontent quelque chose de son parcours. Son arrivée d’abord à Montpellier, en 1989 et son attachement à cette ville devenue son port d’attache ; Israël où il couronne sa série de chroniques avec les Chroniques de Jérusalem qui lui vaudront un Fauve d’Or d’Angoulême en 2012 ; puis sans plus de cohérence chronologique : le Canada, la Corée du Nord, le Vietnam, la Réunion. Et pour chaque escale, des associations culinaires évidentes (l’huître, le saumon, les saucisses rougailles), d’autres plus hasardeuses (la pizza carrée). Pour les mettre en scène, les vins du Languedoc-Roussillon sélectionnés par la cave des Arceaux. « L’ambition était de dresser un portrait de Guy Delisle acheteur occasionnel des vins de notre cave, en jouant l’accord avec les mets préparés par le chef, les pépites sélectionnées après de nos vignerons fétiches, le tout un suivant un parcours classique de dégustation, des blancs vers les rouges pour finir sur un Vin doux naturel Rivesaltes 17 ans d’âge de la famille Parcé », détaille Romain Portier.
Un candide au pays du vin
Pour les savourer, une salle comble et un Guy Delisle plutôt modeste dans son approche du vin. « J’aime avant tout quand c’est rouge et fruité », précise ce dernier. Mais pas si ignorant que cela. « Un ami m’a offert un jour le blanc du vigneron de la BD Les Ignorants (Richard Leroy, vigneron engagé à Anjou que met en scène dans son récit croisé, l’auteur Etienne Davodeau, NDLR), il était très bon mais ça ne m’a pas transporté comme avec d’autres vins », se souvient-il, évoquant quelques flacons et leurs charges d’émotion. « Comme un 1968 ouvert un jour par le père d’un copain, ou une cuvée offerte par le groupe Edmond de Rothschild Héritage que j’ai débouchée un jour par inadvertance ». Avant d’entamer un tour du monde entre piquette éthiopienne – « le Gouder, le pire vin de ma vie, on buvait cette vinasse chaude en plein milieu du désert » -, un alcool blanc en Corée du Nord (le Sansanum), pour revenir aux vins de sa région d’adoption. « Quand je suis arrivé en 1989 à Montpellier, on achetait du Bordeaux pour être sûr que ce soit bon. Aujourd’hui, il y a beaucoup de très bons vins, l’offre est devenue pléthorique, je suis devenu chauvin. »
Parmi les accords proposés
– Avec une huître : la cuvée Joséphine de Gilles Azam du domaine Les Hautes Terres dans la haute vallée de l’Aude. Un Crémant de Limoux brut nature à l’accent rocailleux.
– Avec un houmous : le blanc sec toujours des Hautes Terres, un Chardonnay d’altitude en Vin de France, dont la fraîcheur vient chatouiller le gras du houmous
– Avec un saumon fumé : la cuvée Eolienne blanc d’Agnès et Denis Armand du Mas d’Espanet à Saint-Mamer du Gard, un assemblage à dominante Grenache blanc, avec une pointe de Viognier et de Picpoul d’une belle minéralité, pour contrebalancer le gras du poisson…
– Avec une crevette aigre douce : un rosé de cépages noirs (Grenache noir et Syrah) avec la cuvée La Coume Marie de la famille Parcé, domaine La Préceptorie en AOC Côtes du Roussillon. Rondeur et fraîcheur pour tenir sur l’aigre doux finement relevé.
– Avec des saucisses rougaille : la cuvée éphémère White Label de Charlotte et Clément de Béarn (château de Jonquières), dont seulement 800 bouteilles redonnent vie à un très vieux Carignan planté par leur grand-mère il y a plus de 80 ans.
– Avec un gâteau au chocolat : un Rivesaltes de 17 ans d’âge de la famille Parcé, aux arômes de noix et de fruits secs, la madeleine de Proust idéale pour ce vin oublié qui ramène en enfance.
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