Accueil [PRIMEURS] Nicolas Glumineau : 2018, « une affaire de nord Médoc »

[PRIMEURS] Nicolas Glumineau : 2018, « une affaire de nord Médoc »

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

05.04.2019

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En ce millésime 2018, le directeur des deux propriétés médocaines de la maison Louis Roederer ne peut résolument pas départager sur l’échelle de la réussite Pichon Longueville – Comtesse de Lalande à Pauillac, et château de Pez à Saint-Estèphe.

« Je ne peux pas dire l’une plutôt que l’autre, chacune des deux appellations et des propriétés a des atouts à faire valoir. Je pense que c’est surtout une affaire de nord Médoc en général, qui va tirer son épingle du jeu avec les conditions qu’on a eues. A Saint-Estèphe, les argiles en profondeur ont permis d’abreuver la vigne tout l’été malgré la chaleur et la sécheresse. A Pez, on travaille énormément pour sortir de ce qui peut être une caricature de l’appellation, un vin lourd, tendu, avec des tanins anguleux, et au contraire atteindre un équilibre, une race et une noblesse de tanins. On essaie d’aller chercher des cabernets très policés et civilisés grâce au niveau de maturité lors de la récolte, mais aussi à une extraction extrêmement douce et mesurée. On a également un terroir qui permet une part de merlot assez intéressante, avec au final sur ce 2018, un assemblage quasiment 50-50. Ce vin a l’équilibre entre la chair et le côté fruité de Saint-Estèphe sur les fruits noirs, la framboise, le cassis et la mûre, et le côté terreux et très racinaire qui fait les terrains de l’appellation.

A Pauillac, je trouve qu’il y a, en particulier dans les cabernets sauvignons, un moelleux, un crémeux, un soyeux des tanins. Pour Pichon Comtesse, la complexité aromatique est proche à la fois des vins de Pauillac, sur le côté boîte à cigares, cédrat, fruits rouges très mûrs, la framboise en particulier, les petits fruits noirs. Sa structure est très droite, très précise, la finesse de ses tanins est poussée à l’extrême, ils sont très enrobés du fait d’un gros travail sur les presses et l’extraction des cabernets, et il a une finale sapide. Le style de ce 2018 est très abouti, c’est celui qu’on recherche et qu’on veut affiner. Et à la fois, on a un équilibre qui fait que ce Pichon Comtesse est différent de ses voisins, avec beaucoup de chair, de sensualité, de suavité. Il y a une sorte d’équilibre, de yin et de yang entre la structure, la puissance, la direction du vin, et en même temps ce qui fait sa buvabilité et son côté charnel. »