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Gel : la Bourgogne dans l’expectative

(Photo : St Vincent Tournante Gevrey Chambertin)

Auteur

Laurent
Gotti

Date

18.04.2019

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Les deux épisodes de gel du 5 et du 14 avril derniers ont laissé des traces en Bourgogne, plus particulièrement dans le Mâconnais. Un phénomène de gelées printanières devenu récurrent qui pose questions.

Les constatations ne sont pas catastrophistes mais l’inquiétude est bien palpable. Le gel de printemps a touché la Bourgogne par deux fois déjà. La mi-avril est tout juste passée et la période de vulnérabilité aux gelées de printemps reste encore longue. Le 5 avril par un temps humide, le thermomètre est tombé nettement en dessous de zéro pendant un long moment. « Les températures sont devenues négatives peu après minuit et jusqu’à 7h30 du matin », expose Thiébault Huber, président de la CAVB (syndicat des vignerons de Bourgogne). Les moyens de luttes ont été mis en œuvre (feux de paille, bougies, éoliennes) offrant le spectacle de vignobles s’embrassant au petit matin. Les dégâts ont été lourds dans le Mâconnais plus particulièrement. « Tous les bas de coteaux dans le secteur de Fuissé ont été touchés. A Chaintré, les vignes de mes enfants ont été gelées à 90% au moins », explique Olivier Merlin, vigneron à la Roche-Vineuse. Des dégâts sont aussi à déplorer plus au nord dans la vallée des villages d’Azé, Igé, Verzé et dans le secteurs de Viré et de Clessé.

Sur la Côte de Beaune, les chardonnays des bas de Meursault et de Puligny ne sont pas indemnes non plus. La vulnérabilité du cépage blanc est d’autant plus grande qu’il est précoce, davantage en tout cas que le pinot noir.

Les conséquences sont difficilement évaluables à ce stade. « Les contre-bourgeons ne sont pas encore sortis, il seront certainement fructifères, note Olivier Merlin. En 1998, nous avons connu cela. Nous sommes parvenus à obtenir une demie-récolte. C’est ce que j’explique aux jeunes désemparés par la situation ».

L’épisode du 14 avril, par temps sec, a été a priori moins destructeur, sauf peut-être à Chablis. Mais des mauvaises surprises ne sont pas impossibles par ailleurs tant l’exposition au gel peut-être insidieuse pour la vigne. « Les bourgeons des pinot noir étaient dans le coton mais il est possible que le froid les ait atteints », explique Thiébault Huber. Problème récurrent depuis 3 ans, particulièrement en 2016 avec des pertes de récoltes au deux tiers dans certains secteurs, le gel de printemps donne du fil à retordre aux vignerons bourguignons. Conséquence paradoxale du réchauffement climatique, la vigne reprenant son cycle plus tôt, il demandera peut-être une réponse collective. Comme pour la lutte contre la grêle qui a vu une mutualisation de moyens. « Il faut y réfléchir car le brûlage de végétaux sera sans doute interdit à terme », conclut Thiébault Huber.