Samedi 23 Novembre 2024
(photo JB Nadeau)
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15.12.2019
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Acquis en 2015 par la famille Grégoire, ce grand cru classé de Saint-Emilion met un point final à quatre ans et demi de travaux, le regard sereinement tourné vers l’avenir. Depuis trois ans déjà, il participe à Bordeaux Tasting pour partager son nouvel élan avec les amateurs.
« C’est comme si j’avais trouvé une vieille Ferrari dans une grange, on est en train de la retaper, elle commence à bien rouler et on s’aperçoit qu’on la pilote pas si mal… C’est un pur bonheur ! » La Ferrari en question, c’est le château Ripeau, grand cru classé de Saint-Emilion perché sur le point haut du plateau nord-ouest, à la limite de Pomerol. Cette voiture de course a d’ailleurs quelques voisins proches de la plus belle écurie : Cheval Blanc, Figeac, La Dominique, Jean Faure, Corbin… Cyrille Grégoire, son pilote, tient fermement le volant depuis 2015, avec une équipe familiale composée de sa femme Peggy, de son frère et co-propriétaire Nicolas et son épouse Aurélie, épaulés par le directeur d’exploitation et winemaker Julien Salles, et conseillés par les œnologues Claude Gros et Didier Lacreu.
Avec un grand-père forgeron et maréchal ferrant, qui, avec son fils, a créé une entreprise de petit matériel viticole installée parmi les leaders mondiaux de la machine à vendanger, les deux frères, Charentais d’origine, ont de qui tenir en matière d’entrepreneuriat ! Cyrille Grégoire peut également se prévaloir de l’expérience des années, lui qui a commencé son parcours dans le vin en 1990 à Chinon, avant de racheter sa première propriété en 1995, le château Bois Noir à Maransin, dans le nord Gironde. Vingt ans plus tard, il faisait le choix de Ripeau, un joyau classé depuis l’origine du classement de Saint-Emilion en 1955.
Ripeau, des atouts sous le capot
Ripeau possède un terroir de choix, on ne peut en douter à l’évocation des noms de ses voisins proches. Mais pour sublimer cette belle base et parvenir à une conduite précise et souple, la famille Grégoire n’a pas chômé depuis quatre ans. Le vignoble a été retravaillé avec soin du ciel aux racines. Les vignes en place ont été palissées, le sol aéré pour inciter les ceps à « aller puiser dans les argiles bleues de ce sous-sol fabuleux, dans ce croissant qui part de Figeac et va jusqu’à Petrus. » A l’époque d’une surface de 11 ha, le vignoble a été restructuré, les manquants replantés pour moitié en merlot et moitié en cabernet franc, faisant passer sa superficie d’alors aux 16 ha actuels, aujourd’hui répartis entre 65 % de merlot, 30 % de cabernet franc et 5 % de cabernet sauvignon. « Et ce n’est pas fini, prévient Cyrille Grégoire. Nous continuons à augmenter la dose de cabernet sauvignon, car les cabernets ont une réaction fabuleuse sur les argiles. » Dans une philosophie éco-responsable, les vignes sont cultivées sans herbicide, ni insecticide, ni fongicide, ni cuivre.
Outil technique rénové
« Le patron, c’est ce terroir fabuleux avec ses argiles bleues. C’est lui qui nous guide, on exprime ce qu’il nous donne. On veut révéler le fruit, travailler sur la tension pour avoir un bel équilibre. On prête une grande attention aux pH pour avoir des vins avec une vraie colonne vertébrale » décrit le co-propriétaire. Pour parvenir à ce résultat, des installations à la hauteur, « innovantes, techniques et fonctionnelles », étaient indispensables. C’est désormais chose faite, le point final de travaux d’envergure juste donné. « Ripeau ressemblait un peu à un petit village, les différents bâtiments étaient disséminés, ils ont été regroupés pour plus de précision et de confort, avec l’ambition de tendre toujours vers plus de précision et finesse dans les vins. » Le cuvier, gravitaire et thermorégulé, a retrouvé sa place originelle, et a été légèrement agrandi, pour un meilleur travail parcellaire, deux chais à barriques climatisés et humidifiés ont été inaugurés pour l’élevage, un espace de stockage repensé.
Aux vinifications en cuves s’ajoutent des vinifications intégrales en demi-muid de 600 L, chacune dotée de son propre système de thermorégulation. L’élevage est quant à lui fait dans 100% de bois neuf. Mais point de boisage excessif en vue. « Notre cheval de bataille c’est le fruit, le fruit, le fruit, la fraîcheur et la colonne du vin pour sa garde » prévient Cyrille Grégoire. Pour ne rien masquer du terroir, la variété des contenants est donc le maître-mot. Les traditionnelles barriques de 225 L côtoient ainsi des formats de 228 L, 300 L, 340 L, 500 L, 600 L, avec également une variété de chauffes. Pour compléter ce panel, a été lancée récemment une campagne d’essais sur de nouveaux élevages en amphores et en jarres en grès, cuites à des températures différentes.
Pour montrer les prémisses de cette évolution, le vigneron fait découvrir ce week-end à Bordeaux Tasting son grand cru château Tour de Ripeau 2015, « un vin travaillé sur la gourmandise, plus accessible dès sa jeunesse, un vin de copains, mais avec malgré tout une bonne garde » (au tarif d’une vingtaine d’euros), et le cru classé château Ripeau 2016 (une quarantaine d’euros).
En route pour l’œnotourisme
Le prochain tour de piste ? « Il ne reste que quelques chemins et espaces paysagés à aménager, et on va enfin pouvoir s’ouvrir à l’œnotourisme » se réjouit Cyrille Grégoire, qui vit désormais sur la propriété avec son épouse et ses enfants. « On a beaucoup de structures qui s’y prêtent, avec pas moins de six endroits de dégustation possibles, dont la Tour de Ripeau qui a donné son nom au grand cru. Elle a été restaurée, pourra accueillir des dégustations, et donne un point de vue somptueux sur le vignoble. » La famille Grégoire entend proposer des visites-dégustation du domaine, mais aussi organiser quelques déjeuners et dîners pour les clients professionnels et particuliers très fidèles.
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