Lundi 25 Novembre 2024
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20.03.2020
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L’alcool distillé à partir de lies et marcs de raisin est d’habitude très peu utilisé pour le gel hydroalcoolique. Mais chez Raisinor, la coopérative qui gère la filière « alcool vinique », on se tient prêt.
En temps normal, une toute petite part de l’alcool produit par les distilleries viticoles françaises trouve un usage pharmaceutique. C’est plutôt l’alcool de betterave et de céréales qui est utilisé pour fabriquer du gel hydroalcoolique, et c’est d’abord vers l’industrie sucrière que les opérateurs se sont tournés pour répondre aux besoins liés au coronavirus. Beaucoup ont d’ailleurs réorienté leur production.
Mais chez Raisinor, coopérative qui gère la filière « alcool vinique » (Coutras, 33), « depuis le début de la crise coronavirus, on se tient prêt », explique Jérôme Budua, le directeur. En temps normal, l’éthanol est plutôt utilisé à 95% comme biocarburant ED95, ou éventuellement… comme ingrédient de produit lave-glace. « Le gel hydroalcoolique, c’était jusqu’ici anecdotique, soit environ 5000 hectolitres ces 6 derniers mois. Mais la demande a augmenté d’environ 30% ces dernières semaines, même si ça reste difficile à évaluer. On va pouvoir livrer des volumes conséquents dans les prochains jours… » L’affaire a pris quelque retard, mais d’abord pour des questions logistiques : « Pour les embouteilleurs, ça veut dire commander des nouveaux types de flacons, et tout réorganiser… » Côté alcool, pas de souci : « Si besoin, on a encore des stocks d’alcool et on répondra présent. »
« Depuis quelques semaines, des acteurs jamais vus dans la filière »
L’alcool vinique qui sort des 25 distilleries viticoles industrielles rattachées à Raisinor réparties dans toutes les régions viticoles de France (et elles-mêmes coopératives appartenant aux vignerons) n’est pas directement utilisable. Il sort à 92°, quand les normes européennes exigent un 96°. « Notre alcool doit donc d’abord être ‘rectifié’ et épuré, et ça nécessite des installations spécifiques », explique le directeur. Et donc un autre intermédiaire. « C’est une filière très bien structurée. Depuis quelques semaines, nous sommes très sollicités par des acteurs jamais vus, qui sans doute cherchent à surfer sur la vague. Mais nous préférons suivre les process habituels, le cahier des charges est très précis. Et bien sûr, hors de question d’augmenter les tarifs pour tirer profit de cette situation ! »
Et les distilleries artisanales ?
Les distillateurs sont autorisés à livrer directement (et sans taxes) de l’éthanol aux pharmacies, autorisées par décret à fabriquer elles-mêmes du gel hydroalcoolique, pour faire face à la pénurie (elles doivent quand même demander un autorisation aux douanes). L’initiative est née dans l’Est : dans le Haut-Doubs, la distillerie Guy propose ainsi aux officines de sa région un stock d’éthanol initialement destiné à fabriquer de l’absinthe. Mais attention : il faut bien de l’alcool à 96° répondant aux normes de la pharmacopée européenne. Et bien sûr, les particuliers ne peuvent pas en obtenir.
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