Vendredi 22 Novembre 2024
(photos I. Bachelard et DR)
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Date
30.03.2020
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Alors que le Grand Est demeure une des régions les plus touchées d’Europe par le Covid-19, les caves coopératives d’Alsace s’organisent pour maintenir des activités, pendant que leurs adhérents sont au travail dans les vignes.
Au dessus des vignes du Haut-Rhin, la rumeur incessante des hélicoptères est un bruit régulier que personne ne connaissait et auquel il est difficile de s’habituer quand on sait ce qu’il veut dire en termes de transport sanitaire : « On n’entend que cela, on y fait d’autant plus attention qu’il n’y a guère d’autres bruits avec le confinement et le ralentissement de la circulation » déclare Laurent Franck, vigneron et président de la cave du Vieil Armand qui réunit 80 vignerons à Soultz-Wuenheim. Les vignes se trouvent pile entre Colmar et Mulhouse, points névralgiques de l’Alsace souffrante.
Un système sans danger
Comme leur président, les adhérents de la cave du Vieil Armand sont dans leurs vignes, occupés à arquer, à préparer les complantations ou à travailler le sol. A la cave, seul le maitre de chai continue de surveiller les cuves et les foudres. La plupart des employés sont au chômage technique ou en télétravail, mais s’est posé la question du caveau de vente. Celui du Vieil Armand a été le premier libre service mis en place en Alsace dès 1993. « Après quelques jours de réflexion, pour trouver un système efficace et sans danger pour personne, on a mis en place un drive » explique Laurent Franck en poursuivant : « on a voulu garder un fil entre les deux périodes, avant et après le fléau et un lien avec nos clients. Le vin est un plaisir de la vie, d’autant plus qu’on ne sort pas de chez soi. Il fait partie du repas à la française, une tradition qui est mondialement enviée ». Le système est simple, les clients commandent la veille et paient par carte ou chèque pré-rempli. De 8 à 9 h, les commandes sont préparées et de 9 h à midi, les clients viennent chercher leurs cartons, qui sont posés sur les caddies, espacés, dans la cour. Tout se passe bien, car les espaces sont bien délimités avec une chaîne. Il n’y a aucun contact, le chèque est déposé dans une boite, vérifié, mais pas touché avant deux jours. Pour l’instant le drive fonctionne deux jours par semaine.
La communication ne cesse pas
Si les chaleureux caveaux qui font la réputation de la route des vins d’Alsace ont fermé, la communication ne cesse pas. A Ribeauvillé, haut-lieu du tourisme dans le Bas-Rhin, l’équipe de la cave, autre coopérative de dimension modeste, a trouvé son nouveau rythme de croisière. Comme le commerce est « tristounet », après la fermeture de son caveau particulièrement bien placé, la production tourne deux jours par semaines, histoire d’honorer les commandes qui restent, comme le Danemark, important client historique et la grande distribution. « L’ennuyeux, c’est qu’on ne pourra pas honorer les commandes de crémants d’Alsace, car notre prestataire de dégorgement n’est pas disponible » déclare Yves Baltenwcik, le président de la cave qui reste positif malgré la crainte logistique, puisqu’il semble que les transporteurs soient de moins en moins nombreux à fonctionner.
Préparer les traditions de Pâques
Tradition des maisons alsaciennes, habituées à fournir les amateurs de grands blancs éparpillés dans toute la France, la vente par correspondance continue. L’offre de Pâques a été envoyée comme chaque printemps au fichier de clients fidèles. Rappelons que l’Alsace célèbre Pâques autant que Noël, avec une semaine sainte respectée et une décoration des maisons particulièrement pimpante. Les réponses arrivent, certes un peu moins nombreuses que d’habitude, ce qui n’empêche pas le président de poursuivre avec optimisme : « Les gens continuent de boire un peu de vin, c’est bon pour le moral. Donc on a mis en place un drive la semaine dernière ». Il fonctionne tous les matins de 10 h à 12h, pour les adhérents et les clients de la région. Les conditions de distance et d’hygiène sont respectées scrupuleusement.
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