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[Covid-19] Champagne Albert Beerens, leçon de positivité

Auteur

Laurie
Andrès

Date

29.04.2020

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Alors que la crise sanitaire a largement affaibli les vignerons, certains y voient une occasion de faire le point et de revenir aux fondamentaux. Réflexion avec Anne-Laure Beerens, vigneronne en Champagne.

Au bout du tunnel, la lumière. Même si la lumière est déjà là pour Marie-Ève Beerens, en charge de la communication de l’exploitation familiale dans l’Aube. Dans une note teintée de positivisme, cette amoureuse du terroir fait part de son enthousiasme, à l’essentialisme qu’impose cette crise : « l’épidémie mondiale qui nous touche tous, nous apprend à gérer notre quotidien différemment. Un temps de pause qui nous coupe de nos rythmes trop souvent effrénés. Une grande leçon de vie pour nous recentrer sur l’essentiel et ce qui nous anime au plus profond de nous-mêmes. »

À la tête de 7 hectares à Arrentières, une petite commune d’à peine 200 habitants à l’est de Troyes, Anne-Laure Beerens, la sœur de Marie-Ève, profite du calme déjà perceptible pour faire le point. « J’ai eu une première phase de déstabilisation mais le travail à la vigne n’attend pas, cette course contre le temps nous a permis de revoir nos priorités. » Le contact avec la terre en point de chute. Idéaliste et lucide, celle qui devait se former en géobiologie pendant ce mois d’avril a choisi de réorienter son travail sur le vivant et son sol, une dynamique qu’elle avait déjà entreprise avant la crise sanitaire. Ce qui implique une réorganisation et une redistribution des compétences sur son exploitation. « Une qualité de vie » qui n’occulte pas le fait que l’exploitation familiale accuserait d’une baisse d’au moins 60% de ses expéditions. Cependant, face à un avenir incertain, celle qui forme un duo dynamique et engagé avec sa sœur Marie-Ève continue de travailler sur une dimension toute autre que le rapport produit-consommateur : « nous faisons face à une perte d’authenticité et de sincérité, et je crois qu’en Champagne, nous avons tout intérêt y travailler. Il s’agit pour la génération actuelle de trouver sa place et d’agir en conséquence, de se poser en inquisiteur ; que pouvons-nous apporter de plus qu’hier ? »

Quid des vendanges à venir ?

« Qui donne, reçoit ». Si l’injonction paraît simple, elle est devenue une planche de salut pour les sœurs auboises. Quant au sujet de la gestion des vendanges cruciale pour l’ensemble de la filière (qui nécessite en Champagne 20 à 25% de main d’œuvre étrangère), Anne-Laure y voit aussi l’occasion de se poser les bonnes questions. « Qu’est-ce que la vendange ? C’est avant tout la récolte d’un fruit, par des hommes passionnés, nous assistons à une vision complètement déshumanisée du travail de la vigne où seuls les intérêts économiques comptent », affirme-t-elle.
L’impact financier immédiat de la pandémie de covid-19 ne semble être que la partie émergée de l’iceberg. « On ne connaît ni l’issue, ni l’ampleur de l’hémorragie » ajoute Anne-Laure.
De toutes ces incertitudes économiques auxquelles devra faire face la filière champenoise, Anne-Laure, réfractaire à l’immobilisme et à la résignation, préfère y voir la valeur intrinsèque de ce qu’est le champagne. Au-delà de son appréciation marchande, il y a l’essence d’un terroir, singulier par son organisation, familier des consommateurs du monde entier, que même une crise inédite par son ampleur et sa durée ne pourra balayer.

En attendant, l’adaptation étant le maître mot de cette crise, le travail continue dans les vignes mais aussi en cave. Les vins de la vendange 2019 vont pouvoir être mis en bouteille dans le respect le plus strict des mesures barrières.
La boutique en ligne est opérationnelle et les expéditions à domicile se poursuivent à destination des salariés des entreprises en télétravail en remerciement de leur investissement et leur fidélité pendant cette période si particulière.

www.champagnebeerens.com/fr/