Samedi 21 Décembre 2024
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11.05.2020
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Comment les cavistes ont-ils vécu la crise du Coronavirus ? Nous faisons le point au jour du déconfinement avec Patrick Jourdain, caviste et président du Syndicat des Cavistes Professionnels (SCP), qui regroupe 1400 cavistes indépendants, chaînés ou intégrés, sur les 5800 que compte la France.
Quel rôle a joué le SCP pendant la période de crise sanitaire et de confinement ?
Le SCP a joué son rôle de relais entre ses adhérents et les organisations professionnelles. Le SCP est membre de la Confédération Générale de l’Alimentation en Détail (CGAD), syndicat au sein duquel sont représentés tous les métiers de bouche. La CGAD a été en contact quasi-quotidien avec les ministères.
Quelles questions et problématiques sont remontées au SCP de la part des cavistes durant toute cette période ?
Nous avons eu à traiter beaucoup de questions par rapport aux informations qui circulaient sur les mesures gouvernementales, notamment sur les aides possibles, dont celle de 1500 €. Les cavistes nous ont interrogés pour avoir des informations par rapport au prêt garanti par l’état (PGE), aux mesures sanitaires et gestes barrière à mettre en place pour les cavistes qui restaient ouverts, au chômage partiel… On a été en relation perpétuelle avec le gouvernement. Une question posée le soir à 16h avait sa réponse le lendemain matin à 10h.
Quelles ont été les préconisations du SCP aux cavistes durant cette période de crise compliquée pour le commerce ?
En tant que syndicat professionnel, du fait de la diversité des profils de cavistes réunis au sein du SCP et de l’impact différent de l’épidémie selon les régions de France, c’était compliqué de donner une préconisation uniforme. Nous avons donc invité chacun à agir en son âme et conscience en fonction de sa responsabilité citoyenne, dans le respect des mesures sanitaires.
Après le confinement, comment se porte la profession ?
J’étais la semaine dernière en visio-conférence au Sénat pour faire le point sur la situation des cavistes et voir comment ils allaient pouvoir aider la viticulture française à rebondir. Au moins 92 % des cavistes ont déclaré un chiffre d’affaires en baisse, 5 % l’ont estimé stable et 3 % ont eu des hausses de chiffre d’affaires. 42 % des cavistes ont enregistré de 40 à 60 % de baisse de chiffre d’affaires au mois d’avril, et 32 % plus de 70 %. Pour rebondir, certains ont développé des choses existantes, comme la livraison à domicile, d’autres ont imaginé de nouvelles choses.
Les cavistes sont le maillon privilégié entre le producteur et le consommateur. Comment aider les vignerons ?
On est des partenaires très proches avec les vignerons. De nombreux cavistes ne sont d’ailleurs plus dans une relation client-fournisseur, mais dans un partenariat étroit, voire un lien d’amitié. C’est un travail au long cours qu’il faut continuer. La relation humaine est l’ADN du caviste, avec son client comme avec son fournisseur. Avec cette crise, on redécouvre la solidarité.
Le déconfinement débute aujourd’hui en France. Quelles recommandations le SCP adresse-t-il aux cavistes ?
Prendre les précautions d’usage, respecter les gestes barrière avec les clients, prendre les mesures avec leurs salariés, faire attention à eux… Il faut que tout le process soit en place pour combattre ce virus, afin que les gens ne se contaminent pas en venant chez leur caviste.
Un mot optimiste pour finir cette interview ?
Les cavistes se sont toujours relevés de différentes difficultés économiques et sociales dans notre pays. Il faut rester optimistes et retrouver de la convivialité dès qu’on le pourra, aller de l’avant, pour que tout le monde s’en remette et que cette crise ne soit plus qu’un mauvais souvenir. La convivialité prendra peut-être des formes différentes pendant un temps, mais je pense qu’on reviendra petit à petit aux dégustations, aux réceptions en famille, entre amis…
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