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La vigne gagne les Hauts-de-France

Crédit Photo : Pépinières Guillaume-Charles Collet

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

15.05.2020

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Le 4 Mai a commencé dans la région Hauts-de-France la plantation de 16 hectares de chardonnay. C’est la première étape d’un ambitieux projet qui couvrira d’ici deux ans 200 hectares dans une région où le réchauffement climatique peut s’avérer bénéfique.

Le réchauffement climatique a de bons côtés. Le nord de la France, pays de bière, va-t-il se transformer en vignoble d’envergure ? Pas tout de suite sans doute, mais il est certain que les conditions sont désormais réunies pour planter des vignes. A commencer par l’autorisation européenne, qui faisait défaut pour la région Hauts-de-France dépourvue de tradition viticole, arrivée seulement en 2016. Il n’aura pas fallu longtemps pour que des esprits ouverts s’intéressent à la question. Depuis le 4 Mai, sans attendre le déconfinement, les engins et les hommes sont à pied d’œuvre pour enfoncer les premiers ceps de vigne de cet ambitieux projet.

Diversification agricole

L’idée de ce vignoble est née du besoin de diversifier la production agricole du nord de la France pour la valoriser, associé à la constatation que les consommateurs sont à la recherche de produits locaux. Ternoveo, négoce agricole appartenant au groupe coopératif Advitam, a décidé de relever le défi de créer un vignoble dans sa région des Hauts-de-France et d’y produire un vin de qualité. Il a proposé à ses clients agriculteurs de se diversifier dans la vigne. Certains d’entre eux avaient déjà été partants pour cultiver des pois-chiches – culture méridionale – et implanter des ruches. Les deux opérations ont été couronnées de succès; le miel est désormais produit, vendu, consommé localement. L’ambition est de faire la même chose avec le vin. Ce sera un vin tranquille, car une partie du département de l’Aisne appartient à la zone de l’appellation Champagne et les voisins du Luxembourg se sont déjà fait une réputation avec leur crémant.

16 hectares pour commencer

Pour étudier la faisabilité du projet de vigne dans la vaste région Hauts-de-France qui compte 4 départements, Pas-de-Calais, Nord, Somme et Aisne, Ternoveo s’est associé à deux experts reconnus, les Pépinières Guillaume de Charcenne (Haute-Saône) et le Cabinet Vinelyss de Romain Lefèvre à Ay (Marne). Les agriculteurs sont déjà plus d’une dizaine prêts à sauter le pas pour devenir viticulteurs, encadrés par les équipes de Ternoveo, qui a spécialisé quelques uns de ses 52 formateurs dans la viticulture. Après étude et analyse des parcelles candidates, la sélection s’est faite sur des sols pas trop riches, aux orientations adéquates. Ces terres argilo-calcaires présentant des taux de calcaire actif importants, il a fallu choisir 4 porte-greffes, Fercal, 41B, 161-49 et SO4. Le cépage chardonnay a été sélectionné pour sa plasticité, avec pas moins de 5 clones pour assurer la diversité, point clef de la certification HVE qui est désormais considérée comme indispensable dans le cadre d’une nouvelle activité.

A terme, ce vignoble des Hauts-de-France comptera 200 hectares sur ses quatre départements : 30 hectares ont déjà été identifiés et 16 sont plantés ce printemps. Pas moins d’un million d’euros est investi par Ternoveo pour fournir le matériel agricole et construire un chai dans les deux années à venir. Les agriculteurs ont quant à eux investi entre 25 et 30 000 € à l’hectare pour la plantation. Le premier vin arrivera en 2022 sous une étiquette « vin de France ». Il y en aura 50 000 bouteilles vendues entre 7 et 10 €. Seul bémol pour les curieux, il faudra se rendre dans la région pour le découvrir.