Avec la grêle, le mildiou met le Bordelais sous pression

Des épisodes de grêle localisés en Sud-Gironde, dans l’Entre-Deux-Mers et à Puisseguin et Lussac, au nord de Saint-Emilion, accentuent les risques de mildiou, qui profite d’un temps chaud et humide dans le Bordelais.

« C’est une année où il ne va surtout pas falloir s’endormir, jusqu’en août », affirme Jean-Baptiste Duquesne, propriétaire du Château Cazebonne, à Saint-Pierre de Mons, en Gironde. Le vigneron a diffusé sur son site et sur les réseaux sociaux le 4 juin dernier la vidéo d’un orage de grêle, qui a touché 75% de son vignoble situé dans les Graves, au sud-est de Bordeaux (voir ici).

Plus de 30 hectares du domaine, sur un total de 42, ont été abîmés par l’intempérie, « une petite grêle mêlée à de l’eau, avec des grêlons d’un demi centimètre de diamètre environ ». Normalement, la vigne se relève de ce type d’accident climatique, « mais on sort tout juste de la floraison », explique Jean-Baptiste Duquesne. C’est une vigne en pleine nouaison, ce stade végétatif où commencent à se former de jeunes grappes vertes, aux grains gros comme des petits pois, qui a été impactée. « Nous avons 20 à 30% de baies touchées sur les grappes ». Et impossible pour l’instant d’évaluer les dégâts : « On ne sait pas si on aura 100% ou 20% de perte », se désole le vigneron.

Le mildiou profite des plaies de la grêle

Une dizaine de domaines ont été touchés par cet épisode de grêle dans les Graves, appellation déjà durement impactée par la grêle et les inondations il y a quelques semaines, en mai. L’intempérie est restée très localisée sur trois spots en Gironde, constate Bruno Samie : autour des communes de Saint-Pierre de Mons, Saint-Maixant et Verdelais, dans les Graves ; dans le secteur de Sainte-Radegonde dans l’Entre-deux-Mers ; et vers Puisseguin, Lussac et Saint-Cibard, au nord de Saint-Emilion. Ces spots sont difficiles à délimiter, précise le conseiller viticole à la Chambre d’agriculture de Gironde, qui confie que certains vignerons sont à bout. Dans un contexte de crise commerciale, la grêle ne fait qu’accentuer la « pression phytosanitaire » de l’année : en clair, les attaques de mildiou.

Causée par un champignon, cette maladie de la vigne se répand par temps chaud et humide. Et 2020 s’annonce malheureusement comme une année à mildiou dans le Bordelais. « On a enregistré plus de 900 mm de pluie tombée depuis les dernières vendanges, affirme Jean-Baptiste Duquesne, contre 500 mm d’habitude. Plusieurs vignerons ont déjà perdu leur récolte », croit savoir le viticulteur. Présent sur la végétation, l’inoculum du mildiou profite des plaies ouvertes par la grêle pour attaquer la vigne.

Pour le Château Cazebonne, conduit en viticulture bio, la prochaine étape est de traiter le mildiou avec du cuivre et de pulvériser de l’argile et du soufre dans les rangs pour sécher le milieu et essayer de cicatriser les blessures. « Pour cela il nous une fenêtre de 24 heures de temps sans pluie ». Tout se jouera donc dans les dix jours à venir.