Accueil Corse-Calvi bientôt tout bio

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

20.05.2021

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L’appellation Corse-Calvi, forte d’une dizaine de vignerons particulièrement dynamiques et dotés d’un bel esprit de famille, ne cesse de se renouveler, en vignes et en caves ; elle devrait être entièrement certifiée en bio d’ici 2023.

L’appellation Calvi au Nord-Ouest de Corse profite d’un nouveau dynamisme avec l’arrivée de jeunes vignerons à la tête de plusieurs domaines. A commencer par le président Paul-Antoine Suzzoni, à peine trentenaire, qui reprend progressivement le Clos Culombu et qui ne manque pas d’idées pour fédérer. Il a de qui tenir le fils d’Étienne comme Marc-Andria Acquaviva, le fils de Pierre au Clos Alzipratu, Marina Acquaviva, fille d’Achille au domaine A Ronca, Marc Paolini, fils de Cathy au Clos Landry, Marc-Antoine Villanova qui vient tout juste de s’installer au domaine Camellu après son père Bernard. Hormis Camille-Anaîs Raoust au Domaine Maestracci qui a déjà pris la suite de ses parents et la famille Orsini qui a succédé au patriarche disparu en 2018, les autres permettent pour l’instant à leurs parents de prendre un peu de recul et surtout du temps pour transmettre. Mais l’envie de renouveau est déjà là. Preuve en est la construction de plusieurs caves plus modernes et mieux équipées, notamment en froid et pour une diversité d’élevages.

L’appellation devrait également d’ici 2023 être entièrement certifiée en bio. Même les derniers arrivés qui n’ont pas hérité d’un domaine familial suivent la même philosophie : les frères Grisoli au Château Prince Pierre Napoléon Bonaparte qui ont lancé la conversion bio dès les premières plantations en 2017 et L’Enclos des Anges de Richard et Marjorie Spurr installés depuis une douzaine d’années et également en conversion. Culombu et Maestracci sont déjà certifiés en biodynamie (Demeter), Prince Pierre devrait l’être en 2022. On voit également de plus en plus de moutons qui entretiennent les vignes l’hiver dans le paysage de Balagne. Paul-Antoine avoue préférer la biomasse par enherbement naturel ou semis de vesces et féveroles riches en azote afin de lutter contre l’érosion l’hiver et à enfouir aux beaux jours pour éviter la concurrence. Mais toutes les méthodes participent à l’évolution vers le bio.

Sélections massales et conservatoire de cépages

L’appellation est avant tout une grande famille qui compte une dizaine de membres sur un périmètre restreint autour de Calvi, Calenzana et Feliceto, entre les montagnes dont le majestueux Monte Grossu qui domine à plus de 1930 m la baie calvaise, et la côte de la Balagne au camaïeu d’eaux turquoises et émeraudes. Elle bénéficie encore d’un gros potentiel de plantation en surfaces. Elle comptait 2000 hectares de vignes dans les années 60, 300 aujourd’hui, concentrées principalement dans les vallées du Reginu et de Figarella. « Il y a 50 ans, à Galeria au sud de l’AOC, il y avait des vignes mais les terres en coteaux ont souvent été échangées contre des plaines mécanisables » raconte Paul-Antoine (photo ci-dessous). Une étude de terroir devrait permettre de développer les sélections parcellaires, d’évaluer différentes méthodes culturales telle l’agroforesterie déjà pratiquée chez Alzipratu, Culombu, l’Enclos des Anges, Landry, Camellu et Prince Pierre, et de définir les essences de haies à replanter qui auront vocation à faire brise-vent et à accueillir les insectes sans être en concurrence avec la vigne pour les pluies.
Contrairement à Patrimonio qui a interdit complètement la possibilité d’irrigation dans son cahier des charges, Calvi « la tolère sous dérogation et il est vrai que le goutte à goutte se développe mais le principal est de sauver la récolte les années de sécheresse – qui arrivent de plus en plus souvent, et que le vin soit bon » estime Paul-Antoine.

Forte de l’esprit d’entraide qui règne dans ce vignoble de Balagne au Nord-Ouest de l’île, l’idée d’un conservatoire de cépages autochtones a été lancé. L’appellation s’est mise en quête d’un ampélographe capable de réaliser un audit des vignes avant de lancer des sélections massales. « Le CRVI – le Centre de Recherche Viti-vinicole Insulaire de Corse – procède déjà à des sélections massales mais sur les nouveaux cépages [après l’aleaticu, le minustellu, le carcaghjolu neru, le biancu gentile, le codivarta et le genovese, sont rentrés récemment dans les cahiers des charges le biancone, le brustianu, le cualtacciu, le muriscu, le muscateddu, le rossula bianca, le vintaïu] ; pour les cépages existants, nous voulons être sûrs d’avoir le meilleur matériel possible pour faire, par exemple, la différence entre des sciaccarellu à gros grains pour les rosés et des sciaccarellu plus noirs et plus intéressants pour élaborer les rouges ». Le conservatoire pourrait être installé sur une parcelle de Culombu, le plus grand vignoble avec Orsini et Alzipratu, mais il restera à trouver un vigneron pour s’en occuper.