Samedi 23 Novembre 2024
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18.06.2021
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Afin d’accompagner la croissance de l’association, de porter ses valeurs au plus grand nombre et de faire progresser la démarche, la Fédération Nationale Terra Vitis accueille à sa tête un nouveau duo : Benoît Ab-Der-Halden, le président, et et Anne-Laure Ferroir qui vient d’arriver comme directrice.
Benoît Ab-Der-Halden (directeur du Château Reillanne en Provence) vient d’être élu président de la fédération nationale Terra Vitis pour un mandat de deux ans, prenant la succession de Jean-Michel Baudet (Château Monconseil-Gazin en Blaye-Côtes-de-Bordeaux). Il est également président président de Terra Vitis Rhône-Méditerranée depuis trois ans. La nouvelle directrice, Anne-Laure Ferroir, ingénieur en énergie puis titulaire d’un master en commerce international des vins & spiritueux a occupé différents postes au sein d’InterBeaujolais, région berceau de Terra Vitis. Le nouveau tandem souhaite accentuer la reconnaissance nationale et internationale de la démarche, gage de sécurité alimentaire, et participer au renforcement de la responsabilité sociétale au sein du cahier des charges, afin d’accroître la crédibilité de la certification auprès des consommateurs et des acteurs de la filière. Après la sortie du nouveau logo en 2020, Terra Vitis entend poursuivre le développement des outils de communication et de formation à travers de nouveaux supports à destination des professionnels mais également du grand public et bientôt un nouveau site. Nous avons interrogé le nouveau président Benoît Ab-Der-Halden sur ses missions et ses ambitions pour la fédération…
Il semble que Terra Vitis ait gagné beaucoup d’adhérents ces dernières années. Comment expliquez-vous ce bond en avant ?
Nous avons doublé les adhérents en deux ans et nous comptons désormais 1800 adhérents pour 45 000 ha certifiés et l’équivalent de 300 millions de bouteilles. Nous avons passé la barre symbolique des 5% du vignoble français et ça change tout. Jusqu’à présent nous étions peu pris en compte dans les débats réglementaires; aujourd’hui, on existe. Le nombre d’adhérents est très différents selon le marché et les régions. Nous sommes surtout présents dans des secteurs où il y a beaucoup de coopératives et de négoce qui travaillent notamment en GD; les caves qui vendent plus en CHR et à l’export sont plus attirées par le bio. En Rhône Mediterranée, nous sommes passés de 144 à 1200 adhérents, surtout grâce à l’adhésion de grands distributeurs négociants comme le groupe Castel qui a voulu prendre des engagements forts estimant que Terra Vitis était le plus adapté pour cela. D’abord avec leurs domaines et châteaux puis avec tout leur négoce, notamment avec la marque languedocienne Roche Mazet. Un groupe comme celui-là a besoin des sourcing et donc de travailler main dans la main avec les producteurs. Et l’incitation pécuniaire est convaincante
Vous avez été créé en 1998. Pourquoi l’association a mis du temps à démarrer ?
Par manque de moyens car nous ne fonctionnons avec aucun argent public, seulement celui des vignerons qui payent juste pour les démarches de certification et les contrôles confiés à des organismes tiers et indépendants. Et nous ne faisons pas de bénéfices. Mais faute de moyens, nous ne faisions pas non plus de campagne de presse ni de salons et tant que nous n’avions pas assez d’adhérents, nous n’avions pas non plus les moyens de prendre un directeur national compétent. Cette année, nous avons donc pu embaucher une vraie directrice qui a les connaissances de la défense de la marque, de la filière et du fonctionnement d’une fédération puisqu’elle vient d’InterBeaujolais.
Quels sont vos missions prioritaires aujourd’hui ?
Nous voulons renforcer les aspects règlementaires, travailler davantage sur la RSE et retoiletter notre cahier des charges en ce sens, accentuer la sécurité alimentaire et la traçabilite car le consommateur n’est pas assez pris en compte par les labels qui souvent n’en sont pas, justement par manque de tracabilité. Le terme de label devient d’ailleurs de plus en plus galvaudé. Le HVE n’en ait pas un puisqu’il ne contrôle pas les produits phytosanitaires en amont et n’intègre pas le négoce, seulement l’exploitation. C’est juste un cahier des charges de service qui ne certifie pas le produit, contrairement à Terra Vitis qui est à la fois un label et une certification comme Biodyvin par exemple. Au final, le consommateur est perdu dans le maquis de tous ces labels et certifications ; ce serait au législateur de faire le ménage.
Comment se positionne Terra Vitis dans ce « maquis » ?
Comme la troisième voie alternative entre le bio et la HVE. Nous avons des indicateurs HVE3 dans notre cahier des charges mais avec des contrôles sur les produits phytosanitaires et surtout une utilisation limitée des CMR. Nous allons donc bien plus loin, même si nous avons un tronc commun avec le HVE2. Notre traçabilité est particulièrement pointue, nous avons intégré depuis 20 ans le protocole de bon voisinage et nous avons été précurseur sur beaucoup de points parce que le cahier des charges vient des vignerons eux-mêmes qui le font évoluer chaque année. Notre objectif est d’arriver à un produit de qualité mais en quantité suffisante pour une viabilité économique et afin d’éviter les impasses techniques. Si on interdit complètement les herbicides et que l’on passe plus souvent le tracteur et l’intercep, c’est le bilan carbone qui va être pénalisé; il y a donc des équilibres à trouver. On interdit donc le désherbage total pour le maintenir uniquement sous le rang afin de limiter un passage trop important des tracteurs qui entraîne une hausse des gaz à effet de serre et un tassement des sols.
Les enjeux économiques et sociétaux que vous défendez impliquent également une meilleure valorisation du travail ?
La résilience du vigneron dans son milieu économique implique une juste rémunération et si le consommateur ne comprend pas sa démarche, il ne veut pas payer plus alors que les coûts de production sont plus élevés qu’en viticulture conventionnelle. Cette juste rémunération doit remonter sur tout la chaîne à commencer par le négociant qui doit accepter de payer plus pour basculer dans une démarche vertueuse.
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