Vendredi 22 Novembre 2024
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29.06.2021
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Château Valandraud, 1er Grand Cru Classé de Saint-Émilion, a lui aussi récemment inauguré ses nouveaux chais, en toute discrétion. À un an du prochain classement, son propriétaire Jean-Luc Thunevin entend prouver qu’après 30 ans, il n’a rien perdu de ses ambitions.
Souvenez-vous, nous étions dans les années 1990 et l’on commençait tout juste à parler du « vin de garage », ces crus de la rive droite issus de vignobles de poche et vinifiés dans des chais aux dimensions plus que modestes. Dans cette mouvance qui a inspiré beaucoup d’imitateurs souvent avides de plaire (surtout) à Bob Parker, il vaut mieux retenir le modèle : Jean-Luc Thunevin. Arrivé à Saint-Émilion à la fin des années 1980, il démarre modestement avec son épouse Murielle en achetant 0,6 hectares, qu’il va vinifier dans un atelier, en apprenant sur le tas. Le succès est fulgurant. Petit à petit, Jean-Luc Thunevin se façonne un nom, une réputation, et au passage, quelques inimitiés. « La petite intelligentsia nous a trouvés bien gonflés mais comme j’achetais du vin à l’époque, j’étais aussi intéressant pour tous ces gens. Je dois aussi une partie de mon succès aux gens qui disaient du mal de moi, ils m’ont fait exister », confiait-il en 2013 à Terre de Vins.
Une histoire de 30 ans
Trente ans après le début de l’aventure, Valandraud a pris une toute autre dimension. D’abord en 1999, avec l’achat de nouvelles parcelles sur les terroirs tardifs de Saint-Étienne de Lisse, qui ont fait monter la superficie du vignoble jusqu’à une dizaine d’hectares. « Il m’aura fallu au moins 6 ou 7 ans pour comprendre ces terroirs et me les approprier », explique Jean-Luc, qui aime se remettre en question, observer, tirer le meilleur de l’exemple de ceux qui l’admire, pour mieux l’adapter à sa façon. Puis en 2012, lorsque Valandraud fait une entrée fracassante dans le classement de Saint-Émilion en intégrant directement le groupe des Premiers Grands Cru Classés. Une reconnaissance que cet ambitieux vit comme « une consécration. Je pense que j’aurais pu être dans les A mais personne n’était avec moi pour le penser », nous rappelait-il également en 2013. « Pierre Lurton dit “le plus difficile pour un premier cru, c’est les deux cents premières années”. On oublie que des vins mythiques aux Etats-Unis sont des créations récentes. Je ne dis pas qu’on ne postulera pas au prochain coup. Mais on ne peut pas y arriver sans être accolé à un milliardaire ». En 2015, l’entrée au capital de Valandraud de Christophe et Marie Lefévère (Château Sansonnet, Château Moulin du Cadet, Château Villemaurine) apporte ce nouvel élan à Valandraud, qui veut se doter de nouvelles installations techniques pour continuer à progresser et maintenir son rang, non seulement parmi l’élite de Saint-Émilion, mais parmi celle des vins de Bordeaux et du monde.
Ainsi, après deux ans de travaux, un nouveau chai et un nouveau cuvier viennent de sortir de terre, en début d’année. Conçues par les architectes bordelais Hugues et Edouard Touton, ces installations en demi-lune épousent la ligne courbe du terroir argilo-calcaire de Saint-Étienne de Lisse. Les blocs de pierre qui ont été prélevés pour creuser le bâtiment ont été réutilisés pour la façade. Cet aspect minéral se double de panneaux photovoltaïques qui permettent à l’unité « de produire plis d’énergie qu’elle n’en consomme », grâce notamment à un système de lumière naturelle et le recours à un puits canadien pour une meilleure régulation de l’air. L’ensemble, couvrant 1200 m2 de surface, est volontairement surdimensionné pour un vignoble de 15 hectares. « C’est mon quatrième chai, j’apprends ! » sourit Jean-Luc Thunevin, qui aime à souligner l’aspect très modulable de son outil technique, entre doubles cuves bois et inox (« comme à Haut-Brion ») et un chai séparé pour les vinifications intégrales et les fermentations malolactiques en barriques.
Ces nouvelles installations se doublent d’un volet œnotouristique : les anciens chais ont été transformés en salle de réception ; une offre d’hébergement s’ajoute avec un meublé de six chambres. Côté vignoble, Jean-Luc Thunevin entend mettre à profit cet outil flambant neuf pour continuer à tester, explorer, repousser ses propres limites, quitte à casser les codes. Après avoir planté du chardonnay et de la syrah ces dernières années, il a planté une cinquantaine d’ares de pinot noir. Son blanc de Valandraud est toujours un très joli succès de la place de Bordeaux. Et il sera bientôt le premier à produire du blanc… à Pomerol, où son Clos du Beau-Père s’est forgé une très bonne réputation. Trente ans après, un chai de luxe a remplacé le garage, mais Jean-Luc Thunevin continue de faire les choses à sa façon : en franc-tireur.
Château Valandraud 2020 a obtenu la note de 96-97 en primeurs dans Terre de Vins.
Clos du Beau-Père 2020 a obtenu la note de 93 en primeurs dans Terre de Vins.
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