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13.07.2012
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Des iPads dans les vignobles aux dégustations virtuelles sur Twitter, la filière viticole, historiquement ancrée dans les traditions, se tourne de plus en plus vers les innovations de l’ère Internet pour améliorer ses crus… comme ses bénéfices.
Un colloque sur les technologies de la filière vin (Wine Industry Technology Symposium ou WITS) qui s’est achevé mercredi en Californie dans la célèbre Napa Valley, proposait notamment des ateliers sur l’usage de Square pour augmenter les ventes et de Groupon pour remplir les salles de dégustation.
L’idée est de faire entrer le vin dans l’ère digitale, avec des amateurs qui agitent leur verre de vin tout en discutant sur le net et en partageant des photos et des vidéos des vignobles et des chais à barriques — mais cette filière ancestrale a prouvé qu’elle était lente à évoluer. « Il y a davantage de potentiel avec les médias sociaux dans le monde du vin simplement parce que le vin est social, nous dit Andrew Healy, directeur social de 3 Rock Marketing à Napa. L’industrie du vin devrait être à l’avant-garde des médias sociaux. Malheureusement, nous n’y sommes pas, dit-il. Nous sommes ancrés dans la tradition et très lents à changer. »
VinTank a été établi comme un « groupe de réflexion pour l’industrie du vin » et fournit aux vignobles des pistes pour suivre ce qui est dit sur la toile à leur sujet. « En observant l’industrie du vin, nous voyons un produit soumis à des lois ancestrales, des paradigmes de distribution compliqués, des standards particuliers et d’innombrables complexités, déclare VinTank sur son site web. À travers la technologie et des stratégies innovantes, sous sommes déterminés à trouver une solution. »
Les vignobles sont fin prêts à mettre les technologies d’Internet au service de la vente directe au consommateur, qui promet des bénéfices bien plus élevés qu’en passant par des négociants dominant encore le marché. Aux États-Unis, la quête du monde du vin pour les outils technologiques bénéficie de la proximité entre la Napa Valley et la Silicon Valley, qui donne accès non seulement à de nouvelles idées mais aux hommes qui sont derrière elles, selon Healy. « Nous recevons chaque jour des personnes de Google, Facebook et d’autres compagnies technologiques dépensant du temps et de l’argent dans la Napa Valley, donc nous avons de la chance », souligne-t-il.
Les médias sociaux étaient sur toutes les lèvres à WITS, avec des vignerons et des négociants vivement invités à constituer des communautés sur Facebook, Twitter, Pinterest, Google+ et d’autres réseaux. « Ces marques qui s’implantent en profondeur remportent le marché aujourd’hui », déclare Sean Moffitt, co-auteur de « Wikibrands », un livre sur la façon de transformer une compagnie en exploitant les avis des clients.
Les amateurs de vin sirotent, goûtent et twittent sur Twitter
Stephen Gilberg a dégusté un verre de vin dans la célèbre Napa Valley et les utilisateurs de Twitter aux États-Unis ont humé, savouré et avalé avec lui. Quand il a eu terminé de goûter les millésimes et les différents cépages à la soirée WITS de mardi, sa startup WineTwits était en tête de liste des sujets tendance sur Twitter.
« Il y a des centaines de personnes à travers le pays qui nous rejoignent sur cette dégustation, nous indique Gilbert. Ils sont à la maison ou dans des restaurants avec ces vins devant eux, et ils en discutent, goûtent, et twittent, continue-t-il. C’est amusant à regarder ; la nuit avançant, les tweets sont de plus en plus épicés. » Un peu plus de 500 personnes ont envoyé sur Twitter une pluie de messages brefs à propos de la dégustation, atteignant 2, 8 millions de suiveurs, selon des chiffres communiqués par Gilberg ce mercredi. Le « réseau de dégustation virtuelle » a organisé plus de 150 événements et séduit 75 000 auteurs d’un à plusieurs textes partageant leurs sensations sur Twitter depuis son premier rassemblement « Spit and Twit » en novembre 2009.
WineTwits a un réseau trié sur le volet d’approximativement 5 400 personnes qui accueillent des dégustations, mais les événements sont annoncés à l’avance et les millésimes peuvent être achetés par ceux qui veulent donner leur avis dans la conversation sur Twitter. « Je vois Twitter comme une montagne russe, dit Gilbert. À un moment il n’y a aucune conversation sur un sujet et tout d’un coup ça s’emballe. »
La plateforme de WineTwits a été créée pour organiser des conversations sur Twitter autour du vin. Son site web est conçu pour aider les gens à commenter et noter les vins plus facilement, ainsi qu’à dénicher des affaires sur des bouteilles de vin.
Parmi les collaborations de WineTwits on peut compter un « Burgers With a Side of Beaujolais » (Hamburgers avec du Beaujolais en accompagnement) : soit une exploration originale des accords mets et vins sur le net avec le vignoble Georges Duboeuf. Une émission d’un chef célèbre était diffusée en direct en parallèle avec le repas WineTwits. « Les gens à travers le pays préparaient des hamburgers et les accordaient avec du Beaujolais » déclare Gilbert. « Le vin est un des produits les plus sociaux du marché, note-t-il. Ainsi les médias sociaux sont parfaitement faits pour le vin ».
« C’est un incroyable succès »
Le colloque s’est aussi consacré à la façon dont les tablettes comme l’iPad d’Apple transforment le métier, avec des vignerons qui les utilisent pour tout, du suivi des raisins à la promotion de leurs vins auprès des plus grands acheteurs. « L’époque où l’on dépensait de l’argent pour imprimer une liste de vins arrive à son terme », déclare Josh Hermsmeyer, le directeur général d’Alpha Lab, qui faisait partie d’un groupe planchant sur la popularité croissante des iPads dans l’industrie du vin.
Près de 50 iPads sont utilisés chez Hahn Family Wines en Californie, selon le directeur des ventes Joshua Cairns. « Notre directeur d’embouteillage n’a même pas de bureau ; il se déplace seulement avec son iPad », dit-il. Les visiteurs de la salle de dégustation de la propriété sont invités à utiliser l’iPad pour prendre des notes et de les renvoyer par mail, nourrissant ainsi le carnet d’adresses du domaine.
La filière vin a fait un peu de progrès depuis son premier WITS ici il y a huit ans mais a encore plus de chemin à parcourir, selon l’organisateur de l’événement J.Smoke Wallin. « Les vignobles ont l’habitude de planifier ce qu’il faut planter pour pouvoir récolter dans une décennie, alors que nous parlions de comment répondre à un tweet dans les 15 secondes, dit Wallin. Imaginez un peu l’écart entre la pensée à long terme nécessaire en agriculture et la réactivité instantanée que ce monde de la technologie a créée. »
La récompense pour le monde du vin vaut l’effort consacré, étant donné le potentiel pour des relations durables avec des clients, leurs avis sur les millésimes, et des informations sur l’état des ventes, selon Wallin. « Maîtriser les outils de l’ubiquité de l’information », annonce Dave Maney, le fondateur d’Economaney.com, aux participants de WITS. « Il n’y a aucun doute que cette révolution de l’information est la plus grande force motrice dans l’économie d’aujourd’hui… Surfez-la. Lisez-la. Prenez le temps de l’assimiler. »
Glenn Chapman / avec AFP
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