Mardi 29 Avril 2025
Remise des prix du trophées du Tour des Cartes 2025 ©A. Viller pour Terre de vins
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29.04.2025
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"Ce que je retiens de cette soirée du Tour des Cartes, c'est avant tout l'esprit de famille : cette envie de se retrouver, de partager des moments ensemble. Nous avons récompensé des lieux magnifiques, célébré des cartes sublimes, mais surtout, nous avons mis à l'honneur des personnes. Tous ceux qui ont pris la parole l'ont fait avec sincérité et passion. Ce sont de véritables ambassadeurs du métier qui, malgré les défis, captent et transmettent l'essence des terroirs", a conclu Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde 1992, à l'issue de la remise des prix du Tour des Cartes, organisée au Cercle d'Aumale à Paris, hier soir.
La soirée a débuté par la remise du Prix de l'Offre Spiritueux, décerné par Maéva Vidonne, responsable communication et promotion du Bureau National Interprofessionnel de l'Armagnac (BNIA), au restaurant Le 46, situé à Avignon. Ce lieu a su établir un lien unique entre tradition et modernité grâce à sa carte des spiritueux. "On a tendance à associer l'Armagnac à une image un peu vieillotte, un peu poussiéreuse. Il est donc essentiel de montrer que c'est un spiritueux résolument moderne, adapté à des instants de consommation variés : en digestif bien sûr, mais aussi à l'apéritif ou en cocktail", explique Maéva. Elle précise : "Nous avons retenu la carte des spiritueux du restaurant Le 46 pour plusieurs raisons. D'abord, sa taille : tous les spiritueux sont proposés en deux formats, à savoir 2 centilitres et 5 centilitres, ce qui permet de goûter plusieurs références en une seule soirée. Ensuite, son approche pédagogique, avec des descriptions organoleptiques détaillées pour chaque catégorie de spiritueux. Enfin, la richesse des petites pépites proposées : j'ai rarement vu autant de découvertes issues de petits domaines, souvent méconnus, et ce, dans toutes les catégories."
"Nous sommes un petit bouchon lyonnais qui a 45 ans, et je représente la deuxième génération à le reprendre. Nous sommes très fiers de proposer une offre de vins qui se distingue de celle des bouchons lyonnais traditionnels. Notre carte met en avant les vignobles français, mais également des vins d'outre-Atlantique et du monde entier", se réjouit César Ponsonnet, le propriétaire du Mercière. En attribuant ce prix, Rodolphe de Pins, propriétaire du Château Montfaucon et ambassadeur des Côtes du Rhône, a salué l'esprit du lieu : "En tant que lauréat de la catégorie Bars à vins et caves à manger, vous portez haut les valeurs de convivialité et d'authenticité, des qualités que nous partageons au sein des Côtes du Rhône. Vous incarnez l'esprit de ces appellations et contribuez à leur rayonnement."
"Nous proposons une carte des vins qui évolue autour de 500 à 600 références. Notre offre s'articule autour d'une proximité avec les régions voisines, comme le Beaujolais et la Vallée du Rhône, et d'une sélection axée sur des vins bio et biodynamiques", explique Maxime Gallard, sommelier du Restaurant Hôtel de la Gare, situé en bord de Saône. Il ajoute avec fierté : "L'année 2023 a été exceptionnelle, puisque notre restaurant a remporté le titre de Meilleure Carte des Vins en France dans la catégorie Restaurant traditionnel." Julie Hoeffler, category manager chez France Boissons, a également souligné l'engagement de son entreprise dans l'accompagnement des professionnels : "Nous sommes des partenaires incontournables de ce concours depuis 5 ans et sommes toujours dans une dynamique d'amélioration continue, en cherchant à offrir plus de services et à renforcer la proximité avec nos clients. France Boissons, c'est 30 000 clients en France – cafés, hôtels, restaurants – et plus de 2 000 références de vins, avec une gamme de prix très large. Nous avons développé une véritable expertise dans le domaine, avec une équipe dédiée et des référents vins qui accompagnent nos clients dans la création de leurs cartes et dans la sélection de cuvées rares."
"La période est difficile, il faut se challenger, rebattre les cartes. Et c'est là que l'appellation Luberon peut offrir une belle ouverture. Nous produisons beaucoup de vins blancs dans un climat méditerranéen, mais frais, et cette fraîcheur se retrouve souvent dans le verre", explique Romain Dol, du Domaine le Novi et vice-président des vins du Luberon. Aurélie Deharbe, cheffe sommelière au Gaudina, partage son approche : "Nous sommes en Provence, une région viticole encore méconnue par rapport à nos voisins. Je tiens à défendre les flacons provençaux. Notre clientèle locale, qui consomme régulièrement les vins du terroir, recherche aussi de nouvelles découvertes. Quant à notre clientèle internationale, elle souhaite avant tout boire français. J'essaie donc de représenter au mieux toutes les régions viticoles de France, avec une forte présence des bordeaux et, bien sûr, des bourgognes, très prisés ces dernières années. J'ai également une petite sélection de vins du monde, mais ces demandes restent anecdotiques." Aurélie, qui célèbre ses 10 ans au Gaudina, revient sur son parcours : "Les clients m'ont vue grandir ici. Je suis arrivée comme commis sommelière, et aujourd'hui, je suis cheffe sommelière. Les clients ferment souvent la carte et me disent : Qu'est-ce que tu as de nouveau ? Ils me font confiance." Elle conclut avec enthousiasme : "Nous avions déjà été nommés deux fois dans le Top 100 les années précédentes. Je me suis souvent demandé comment m'améliorer et repousser mes limites. Je suis donc ravie, cette année, de mettre la Provence à l'honneur grâce à ce prix."
"Le Syndicat Général des Vignerons de Champagne regroupe 18 000 adhérents répartis sur l'ensemble du vignoble champenois, qui s'étend sur plus de 34 000 hectares. La bannière des vignerons champions est ancestrale, mais elle continue de se réinventer, avec pour objectif d’illustrer toute la diversité et les expressions de notre terroir. Nous avons également développé un système de clé de lecture à dominante sensorielle, appelé Les Caractères, qui se décline en trois catégories : le Vif, le Fruité et l’Intense. L’idée est de guider et de simplifier le choix du consommateur", explique David Harché, directeur du Syndicat Général des Vignerons de Champagne, lors de la remise du prix à Émilie Deterne, cheffe sommelière du **Jiva Hill Resort *****. Émilie Deterne, également présidente des Sommeliers Jura Franche-Comté, souligne l'influence de ses origines sur sa carte des vins : "Forcément, il y a une grande influence jurassienne dans ma sélection. Après d'importants travaux, la cave avait été quasiment vidée, et j'ai dû repartir de zéro. J'ai voulu créer une carte diversifiée, mettant en avant aussi bien des vins nature que des vins traditionnels, tout en valorisant le travail de petits vignerons." Elle met également en avant la collaboration étroite avec le chef du Jiva Restaurant : "J’ai la chance de travailler avec un chef très à l’écoute, qui accorde une attention particulière à nos collaborations sur les accords mets et vins. Cela me permet d’explorer pleinement la richesse des terroirs et de proposer des expériences uniques à nos clients."
"Je vais vous parler de l’art, l’art languedocien, l’art de vivre. Parce que notre région, c’est avant tout une région de diversité, des portes de Nîmes à celles de Collioure. Cette richesse, nous la revendiquons à travers notre culture, notre histoire, nos terroirs, et tout ce qui constitue le berceau de la vigne depuis ses débuts. Nous aimons bien manger, bien boire, et je pense que cela se ressent. Nous avons besoin de vous pour transmettre cet esprit. Certes, l’articulation de notre région peut sembler complexe à expliquer, mais sachez que nous avons un vin pour chaque consommateur à travers le monde. Il suffit d’ouvrir les yeux et d’aller à la rencontre de nos vignerons et vigneronnes, qui mettent tout leur savoir-faire dans des flacons accessibles, avec un seul objectif : le plaisir, la convivialité et le partage", s'enthousiasme Stéphanie Daumas, directrice du syndicat des vins de l’AOC Languedoc, lors de la remise du prix à Maéva Rougeoreille, cheffe sommelière du Restaurant Jean Sulpice.
Maéva Rougeoreille revient sur son rôle : "Mon prédécesseur avait déjà accompli un travail remarquable sur la carte de l’Auberge. Depuis mes trois années ici, j’ai surtout mis l’accent sur les vins du monde. Mon objectif est de proposer à nos hôtes des vins à leur apogée. J’ai beaucoup de chance : le chef Jean Sulpice met à ma disposition une cave de vieillissement pour les nouveaux millésimes et n’hésite pas à investir pour dénicher de vieux millésimes directement chez les vignerons."
Pour conclure la soirée, Philippe Faure-Brac a salué l’ensemble des lauréats : "À travers ce palmarès, nous avons ressenti une envie profonde de se faire plaisir pour mieux faire plaisir aux autres. Félicitations également aux vignerons qui vous inspirent et aux chefs qui nous permettent de savourer ces moments, malgré les défis actuels. Comme l’a si bien dit Stéphanie Daumas, dans le contexte actuel, notre métier a une vocation particulière : celle de réunir les gens, de leur apporter du plaisir, et de leur offrir une échappatoire face aux difficultés du quotidien. C’est une mission extraordinaire que vous accomplissez, et vous le faites avec brio."
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