Mardi 22 Avril 2025
Terrasse Rhône Nord ©FHermine
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Date
22.04.2025
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A l'occasion de Découvertes en Vallée du Rhône, les appellations du Rhône septentrional ont demandé à Edmond Gasser, chef sommelier de la Maison Pic, de commenter le millésime 2024 par appellation à partir d'un vin sélectionné à l'aveugle et proposé anonymement à la dégustation. Un exercice intéressant pour illustrer la qualité et la diversité du millésime.
Certes faible en termes de volume, les plus bas depuis cinq ans avec 2165 446 hl, le millésime 2024 en vallée du Rhône se montre « d’une qualité exceptionnelle » a estimé Philippe Pellaton, président d'Inter Rhône « 2024 restera gravé dans les mémoires, comme un très grand millésime. Si la richesse en sucre semble en retrait, le retour à une vendange plus tardive [entre mi-septembre et fin septembre] a permis de très beaux équilibres fruit/fraîcheur grâce à une maturité phénolique atteinte et soutenue par de belles acidités ». Les cépages rhodaniens y trouvent toute leur expression : des grenaches mûrs, mais sans excès d’alcool et des syrahs fines et expressives, faciles à boire, des blancs sur une fraîcheur vive et des notes florales, des rosés très variés. Le début avait pourtant été plutôt maussade, avec beaucoup de pluies, d'où une fleur délicate, avec parfois de la coulure. Les vignerons ont été sous pression, « car ils avaient besoin d'être à la vigne en permanence pour contenir le végétal plutôt fougueux mais la magie du mistral a beaucoup assaini les raisins » rappelle Edmond Gasser, chef sommelier de la Maison Pic qui estime que « 2024 est finalement une belle surprise avec des profils de vins très variés ». Les crus septentrionaux représentent 8 % des volumes de la Vallée du Rhône.
La dégustation était animée par Edmond Gassier.
Saint-Péray en tranquille
Des rendements à 27 hl/ha, en dessous de la moyenne habituelle à 32 hl/ha. Une roussanne pure, sur des terroirs à argilo-calcaires sur les bas de Hongrie. Une fraîcheur au nez, sur des écorces de citron vert, des notes de fleurs blanches (muguet), une bouche pulpeuse, fraîche et équilibrée, avec des zestes d'agrumes et une mâche en bouche apportée par un passage en foudres en élevage. Un millésime plus ouvert en bas de coteau argilocalcaire que sur le granit des coteaux.
A déguster avec des oursins, un sabayon au café, qui fait l'écho en élevage.
Crozes-Hermitage
Un vin sur les éboulis calcaires de la plaine des Chassis à 80% marsanne, 20% roussanne. Des rendements normaux autour de 45 hl/ha mais le mildiou a beaucoup touché les marsannes et a éclairci les baies, ce qui a provoqué une concentration sur les raisins restants. D'où un vin avec plus de profondeur. Des arômes de fruits blancs, de pêche, un léger floral, une note de jasmin, un fumé délicat, un vin juteux, sapide et même ligneux.
A déguster avec des bulots, une sole au beurre blanc citronné avec une purée de céleri.
Saint-Joseph
Un 100% marsanne sur granit affleurant, aux environs de Mauves (07). Un vin taillé pour la garde et la table, avec un nez plus fermé, une bouche plus ferme, finement tannique, une note saline en finale. Séveu sur des écorces d'agrumes et d'oranges, des fleurs blanches, Un vin lumineux grâce à une belle acidité.
A déguster avec une volaille.
Hermitage
Un hermitage davantage sur les éboulis, issu d'un lieu-dit chaleureux, entre les Dionnières et Les Rocoules, avec une petite récolte à 32 hl/ha. Un nez pâtissier, dû à l'élevage, racinaire par la marsanne, une attaque volumineuse pour la garde, un bel équilibre acide-amer, un blanc avec un équilibre de rouge, sur des épices (cardamome), avec de la structure, un peu tannique.
A déguster avec des ris de veau.
Condrieu
Un viognier sur des granites à muscovite sur la côte, peu d'acidité du cépage, par rapport à 2022 et 2023, qui était très opulent et des rendements moyens à 32 hl/ha. On retrouve l'équilibre des condrieu de 2007, avec des notes très florales (muguet, glycine), de la mandarine. Un nez de printemps, légèrement poivré, avec une maturité et des degrés un peu plus bas, suave, équilibré, d'une accessibilité immédiate. Une expression variétale fraîche, finement tannique.
A déguster avec des plats à base d'herbes fraîches, de brousse.
Crozes-Hermitage
Une syrah de la plaine des Chassis, avec des rendements plutôt normaux. Une attaque fraîche sur des arômes de petits fruits rouges, florale, légère, avec des notes de violette, une jolie pointe herbacée, des tanins croquants. Ce vin se livre plus vite avec une bouche rectiligne et peut même être servi légèrement frais à 14 °.
A déguster avec une betterave rôtie, un sabayon aux bourgeons de sapin.
Saint-Joseph
Un vin de Mauves, une syrah sur granit avec un nez plus discret à aérer, pierreux sur des fruits noirs, une belle finesse du grain de tanins et de l'allone, avec de la fraîcheur sur l'orange sanguine, les ronces. Des rendements assez bas à 36 hl/ha.
A déguster avec un pigeonneau ou des morilles.
Cornas
Un vin issu des bas de Chaillot, à granit affleurant, avec des rendements plus bas, à 30 hl/ha. Des arômes de ronces sauvages, feuilles de cassis, lierre, thé noir, menthol, herbes coupées, et un léger graphite. Un vin droit, sur la concentration et une structure tannique, mais à grains fins, taillé pour la garde. Il a besoin d'être aéré.
A déguster avec une côte de cochon, du boudin noir aux pommes.
Hermitage
Une parcelle sur granit affleurant, au lieu-dit les Bessards. Taillé pour la garde, sur un nez floral et charmeur de violette, cassis, mûre, poivre blanc, frais et avenant, séveux et sensuel. Une syrah bien mûre, presque sudiste, avec de belles acidités, et qui se goûte déjà très bien, Des rendements à 29 hl/ha. Il peut se garder jusqu'à 20 à 30 ans.
A déguster sur un bœuf charolais, des ravioles aux champignons.
Côte rôtie
Des vignes sur schistes pour un vin de garde à grains fins, un nez épicé, des arômes de cassis, zan, violette, pivoine, sur une note orientale ( bois de cade). Structuré avec une acidité bien présente et intégrée.
A déguster sur une purée de panais, un rouget, sauce vin rouge.
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