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3 idées pour savourer un été indien médocain

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

07.09.2019

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Le Médoc dispose, au-delà de son vin, de nombreux atouts et bien des propriétaires l’ont compris. Possédant bien souvent un patrimoine remarquable, ils l’ont depuis peu rénové de manière flatteuse, ont mis en scène son histoire, l’ont agrémenté d’œuvres d’art qu’ils possédaient déjà ou qu’ils ont constitué au fil des coups de cœur, pour finalement créer une offre d’accueil organisée et capable, à coup sûr, de séduire le visiteur. En voici trois exemples dignes d’intérêts, pour savourer l’été indien qui s’annonce.

Château Castéra

Les châteaux pouvant présenter un patrimoine qui remonte jusqu’au Moyen Âge sont plutôt rares en Médoc. Le château Castéra, cru bourgeois à Saint Germain d’Esteuil, est de ceux-là. Il offre aux visiteurs une riche page d’histoire.

En 1986, M Dieter Tondera en France et M Carl Press en Allemagne s’associent pour acheter le château Castéra à Alexis Lichine, le célèbre négociant, écrivain et propriétaire du château Prieuré Lichine à Margaux. Et si le vignoble était en état, le château était à rénover entièrement. Trente années ont été nécessaires pour que les bâtiments retrouvent leur éclat. On s’émerveillera de constater que ces courageux travaux, financés sur fonds propres, « pièce par pièce », ont manifestement respecté le caractère et l’authenticité des lieux, qu’il s’agisse de la tour médiévale ou de la bâtisse du 18ème remaniée par la famille Verthamon.

« Les gens ne s’attendent pas à voir la tour médiévale » précise Dounia, la remarquable guide du château. « De beaux jardins la masquent » jusqu’à ce qu’elle se révèle, impressionnante. Le premier propriétaire connu est le sire d’Arsac qui, pendant la guerre de cent ans, choisit le camp des anglais. C’est donc pour se protéger des français qu’il fait construire, sur le tertre, au 14ème siècle cette tour défensive. Plus tard, au 18ème, sera construit, contre celle-ci, le château.
Depuis le début des années 90, M Thomas Press fils est désormais seul propriétaire. Il conduit intelligemment l’aménagement de la tour médiévale pour en faire un lieu d’exposition dédié à l’histoire du château (visite « patrimoine »). Chaque étage de la tour présente une époque. Nous avons cité le sire d’Arsac, mais sont aussi évoqués dans cette tour, Etienne de la Boétie, le célèbre humaniste du 16ème siècle qui fut lui aussi propriétaire du château, et son ami Michel de Montaigne qui lui rendit visite ici-même. Le dernier étage nous fait découvrir une magnifique charpente faite par les Compagnons et présente, à l’aide de photos, les travaux considérables qui ont été entrepris depuis 1986.
On ne manquera pas également la chapelle « Notre Dame du nid » de 1860, ni les chais du 18ème.

Sous la houlette de l’œnologue Eric Boissenot, un travail important a été conduit, notamment sur « les vins de presse (presse douce, et moins d’extraction) qui ont amené davantage de charme et d’élégance » précise Jean-Pierre Darmuzey, le directeur commercial. On peut déguster ces vins, dans un bâtiment ancien, récemment aménagé. Celui-ci offre une belle boutique, et des espaces de dégustation. Actuellement agrémenté par une étonnante exposition : « Nuances de rouge » du peintre Green Felt où, on l’aura deviné, le vin est célébré.

3 types de visites payantes et 1 atelier de mixologie sont proposés ( https://www.chateau-castera.com/oenotourisme/ )
– Visite découverte de 1 heure. Historique rapide, visite (chapelle, vignes et chai) et dégustation. Départ toutes les demi-heures
– Visite patrimoine. Visite découverte + visite de la tour médiévale
– Visite premium. Visite patrimoine + initiation à la dégustation à la barrique du millésime en cours d’élevage Le maitre de chai prend en charge le groupe. Dégustation animée sur le dernier millésime (bois neuf, 1 vin et 2 vins) + dégustation verticale de 4 millésimes.
– Atelier de mixologie (ou atelier de cocktails) à base du rosé du château : dégustation du rosé et confection de 2 cocktails, livret offert avec des recettes de cocktail.

Intégré à son projet de modernisation, le château Castéra accueille régulièrement de nombreux évènements, preuve que s’il est tourné vers son patrimoine et son histoire il sait aussi s’orienter dans l’actualité et le futur.

Château Castéra : Rue du Bourg, 33340 Saint-Germain-d’EsteuiL
Tél : 0556732060

Château Dauzac

Depuis l’arrivée en 2013 de Laurent Fortin au poste de directeur général, le château Dauzac, 5ème cru classé de Margaux à Labarde, fournit régulièrement des preuves de son dynamisme. La dernière est sans doute le recrutement, en 2017, d’une nouvelle chargée d’œnotourisme, Cécile Bonin, avec, entre autres missions, celle de créer une nouvelle offre d’accueil œnotouristique et de « monter en qualité ». Comment, à travers cette offre, perçoit-on la nouvelle identité de Dauzac ?

La MAIF, le propriétaire depuis 1988 mais qui vient de vendre, avait entrepris déjà des travaux de modernisation. Laurent Fortin aura amplifié cela en investissant notamment dans la cuverie. Les bâtiments ont donc une véritable aptitude à accueillir le visiteur selon la formule choisie, et à l’impressionner.
La salle belvédère VIP par exemple, au sol pavé de bois, sert pour des déjeuners destinés à des petits groupes (30 personnes). La vue sur le vignoble, le parc, et la chartreuse offre un cadre remarquable. Le chef cuisine sur place, dans une cuisine moderne parfaitement équipée.

Une autre salle de réception a été aménagée, pour « l’atelier assemblages », entre le chai et le nouveau cuvier (2014). La proximité de ce cuvier permet de voir une cuve en « douelles vision » transparentes, dans laquelle on peut suivre visuellement la fermentation. Le visiteur verra également ce qu’est un chai moderne, en gravitaire. Fort de sa tradition d’expérimentation, Dauzac est aussi fier de son nouveau système « Air pulse » qui permet de produire une bulle d’air et de casser en remontant le chapeau. Un gain de temps appréciable grâce à ce système entre pigeage et remontage que déjà plusieurs autres châteaux voisins sont venus voir. Le visiteur pourra « jouer à l’œnologue et faire son vin » selon ses goûts, à partir d’une barrique de cabernet sauvignon, une de merlot, et une de vin de presse. On ne trouvera pas de petit verdot, car la propriété n’en dispose pas encore. Une parcelle a été plantée récemment, suivant ainsi la tendance que permet le changement climatique. Ce nouveau lieu peut aussi accueillir des cours de cuisine. Enfin, dans le chai, on peut voir un spectaculaire et rare format de bouteille : un Gaspard de 27 litres (ou Primat en champagne), l’équivalent de 36 bouteilles. C’est le seul exemplaire conservé sur les 9 qui ont été produits.

« Chaque visiteur passe 20 à 25 minutes dans le parc afin que nous puissions communiquer sur la biodiversité et ses implications dans la culture de la vigne et sur le positionnement de Dauzac » précise Cécile Bonin. Car la biodiversité du domaine c’est « le fil rouge de la propriété », le dénominateur commun à toutes les visites et, nous y voilà, le respect de la biodiversité est désormais intégré et « constitutif de l’ADN de Dauzac ». Un ADN « entre tradition et évolution » se plaît à dire sans réserve Cécile Bonin, car ici l’histoire montre que des pratiques innovantes sont devenues des pratiques traditionnelles. Ce respect de la biodiversité sera la future histoire de Dauzac. Ce château préfigure vraisemblablement, avec d’autres, mais peut-être plus que d’autres, ce que sera (devrait être ?) la viticulture de demain : une viticulture qui a conscience de sa responsabilité sociale. Et Dauzac « d’appliquer sur la propriété certains principes sur la biodiversité ». Son territoire le permet : 49 ha de vignes (avec des parcelles en bio, d’autres en biodynamie) et 70 ha de prairie, de verger-conservatoire, de ruches, de jardin… « On utilise des algues en tant que fongicide » et « le visiteur voit les herbes pour les tisanes destinées aux soins de la vigne ». Si « on a inventé à Dauzac la bouillie bordelaise, et les premiers pas de la thermorégulation » ce château perpétue sa tradition d’expérimentation et d’innovation. La biodiversité « c’est un sujet sérieux » insiste Cécile Bonin.

La nouvelle offre œnotouristique se caractérise par le « souhait de monter en gamme » bien sûr mais surtout « d’accueillir les gens de manière qualitative, par petits groupes ». Ce sont donc des visites « privées » ce qui veut dire « qu’on ne rajoute personne à la réservation ».

1 visite et 8 ateliers sont proposées et que l’on peut réserver en ligne sur le site ou par téléphone
Mais une adaptation éventuelle de l’offre peut être faite sur demande. Des visites que l’on peut personnaliser (horaires, hébergement, visites avec assemblages ou apéritives).
Lorsqu’on demande à Cécile Bonin ce qui séduit les visiteurs, elle répond sans hésiter : « Le professionnalisme et la sympathie des guides ».

Dauzac ne quitte pas le chemin de son histoire et la cultive : « une propriété dans laquelle on voit une évolution : il y a de l’histoire certes, mais aussi du projet » conclut Cécile Bonnin. Une identité qui sait rester vive et actuelle, toujours entre tradition et évolution. Le futur nouveau propriétaire, Christian Roulleau, (cet entrepreneur français fondateur de SAMSIC, société spécialisée dans le service aux entreprises), peut être rassuré sur les atouts de sa nouvelle acquisition.

Château Dauzac : 1 Avenue Georges Johnston, 33460 Labarde
Tél : 05 57 88 98 51.

Château Kirwan

Le château Kirwan, 3ème cru classé de Margaux, fut la propriété de Camille Godard dès 1855, celui-là même qui donna le parc bordelais à la ville de Bordeaux, avant d’être en 1926 la propriété de la famille Schÿler. Kirwan témoigne d’un dynamisme certain au bénéfice de la qualité de ses vins et d’une offre œnotouristique haut de gamme toute récente.

Des moyens considérables ont été consacrés en 2017 à la « rénovation de fond » des bâtiments, qu’il s’agisse des anciens chais désormais dédié à l’accueil et aux réceptions ou bien du nouveau cuvier et du chai. Le château, actuellement en totale rénovation, n’est pas visitable mais contribue grandement au charme du lieu.

L’ensemble de ces bâtiments se distribue dans un parc de 2 ha dessiné par Camille Godard à la fin du 19ème siècle. Le visiteur pourra y voir, parmi d’autres arbres centenaires, un magnolia planté en 1886 lorsque qu’une reine du Danemark est venue au château. Et ce n’est sans doute pas un hasard si Yann Schÿler, l’actuel propriétaire, est consul du Danemark à Bordeaux (son père Jean-Henry Schÿler l’était également). On remarquera également une imposante charmille qui a donné son nom au deuxième vin « Charmes de Kirwan », une roseraie, une pièce d’eau (ou vivier), et une importante serre. L’ensemble créant une atmosphère paisible.

Les œuvres, pour la plupart achetées aux enchères, « sont sur le chemin de visite » et sont visibles quelle que soit la formule choisie.
Une peinture à l’entrée du tout nouveau chai étonne tous les visiteurs. Un chai qui surprend par sa perspective fuyante, en trompe l’oeil. Prêtez-y attention. On y verra, parmi les œuvres qui ponctuent le parcours, une gravure du 18ème qui représente Bordeaux et qui intéressera les amateurs d’histoire. De même qu’un projet d’architecture de la place des Quinconces qui n’a pas été retenue. Tout près du chai « en gravitaire », 3 écrans présentent des films relatifs à la vie du château.
Le caveau accueille la « dégustation d’antan » dans une atmosphère propice à la concentration, sans exclure la convivialité : une réussite.

Chaque visite est guidée.
L’offre est très complète et chacun y trouvera très probablement son bonheur.

1. Ateliers sensoriels.
• « Atelier culinaire ». Deux heures d’atelier avec le chef local Stéphanie Bottreau. Une entrée et un plat, puis visite et enfin déjeuner. Côté chaleureux. 148 €/pers.
• Atelier « créateur parfumeur d’un jour » existe depuis 5 ans, en partenariat avec Clémentine Humeau (Les Olfactines). Créer son parfum à partir des familles d‘arômes typiques des vins de Kirwan. « Les gens repartent avec leur petit flacon ». 133 €/pers.
• Atelier « œnologue d’un jour ». Un atelier d’assemblage tout récent (depuis 2019) dans le laboratoire du cuvier. Il s’agit de « déguster les cépages par lots et d’apprendre à les assembler en respectant la typicité d’un vin de Margaux ». Des barriques monocépage sont isolées ainsi qu’une barrique de presse. Visite de la propriété, puis le directeur technique ou le directeur général accompagne le « wine maker » lors de l’atelier. Assemblage en fonction de ses préférences. 225€/personne.

2. Le « repas itinérant » : la grande nouveauté.
• « Dîner itinérant, en 3 temps, autour d’un millésime commun ». L’entrée se déguste à Marquis de Termes, le plat à château Lascombes et le Fromage et le dessert au château Kirwan. Les déplacements sont assurés en side-car. Durée 45 min dans chaque château (prévoir 15 min de transfert entre châteaux). Durée totale 3h à 3h30. Depuis l’été 2019, 652 à 775 € en fonction de la formule.
L’éveil des sens (En savoir plus)

3. Les visites / dégustations (uniquement des visites privées).
• Visite prestige dégustation. « Un basique ». Parcours commenté près des rangs de vignes, puis dans les chais et le cuvier pour finir au cœur du parc. 25 €/personne, durée 1h.
Après une visite introductive du vignoble et de son histoire deux possibilités :
• Dégustation éphémère à la barrique où il s’agit de déguster un vin en cours d’élevage, comparaison entre la barrique française et la barrique autrichienne. Quelle est celle qui fournit un vin plus charpenté et tannique ? 85€/personne
• Dégustation d’antan. Le visiteur choisit un millésime de 1967 à 1995, puis, il est convié dans le caveau à bouteilles pour une dégustation accompagnée d’une sélection de fromages 85€/personne,
• Visite Les temps modernes interactive avec e-pad (autonome sur l’extérieur). Equipé d’une tablette le visiteur se promène dans le parc puis le long des vignes. 15€/pers.
• Visite immersion dans la peau d’un vigneron, dans les vignes, en compagnie du directeur technique : « de manière ludique », reconnaissance des cépages, techniques de la vigne : le commentaire varie en fonction du travail saisonnier. 35 €/pers.
• Apéro gourmand. En fin d’après-midi pour une visite suivie d’un apéritif (vin du château) accompagné. 35€/personne.

Château Kirwan Chemin de Kirwan, 33460 Cantenac
Tél : 05 57 88 91 00