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À Wine Paris, la Vallée du Rhône « en résistance »

Philippe Pellaton président Inter Rhône

Ci-dessus : Philippe Pellaton, président d'Inter Rhône ©Clément Puig

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

18.02.2025

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Au cours d'une conférence de presse donnée dans le cadre du salon professionnel Wine Paris, Philippe Pellaton, président d'Inter Rhône (interprofession des vins de la Vallée du Rhône), a tenu un discours "de résistance et de combativité" face aux difficultés que rencontre sa région, comme d'autres vignobles français.

"Résistance", le mot était lâché dès les premières secondes de cette conférence de presse. Associé à celui de "combativité", il donne le ton - ou plutôt le cap - indiqué par Philippe Pellaton, qui est à mi-chemin de son second mandat à la présidence de l'interprofession des vins de la Vallée du Rhône. Dans le cadre d'un salon Wine Paris où il était compliqué de ne pas évoquer la crise de la filière, mais où se distinguaient les énergies optimistes pour rebondir face à l'adversité, le président a commencé par saluer la "résistance" des ventes. Non seulement les stocks ont baissé, mais les sorties de chai semblent limiter la casse voire repartir à la hausse pour certains. Dans le communiqué de presse fourni par Inter Rhône, les chiffres parlent d'eux-mêmes : "en termes de commercialisation, après le net recul de l’année dernière (-4%) et une campagne viticole 2023/2024 particulièrement chahutée (-7%), les cinq derniers mois de 2024 ont marqué une reprise. Ainsi, les sorties de chais de la Vallée du Rhône parviennent à limiter leur baisse annuelle à -1%. L’appellation phare, Côtes du Rhône, retrouve des volumes en hausse avec une progression de +2% sur 12 mois à fin décembre 2024. En revanche, les Villages poursuivent leur repli avec une baisse de -5%, tandis que les Crus, après deux années de recul important, limitent leur diminution à -1% en 2024. Enfin, les autres appellations de la Vallée du Rhône, hors famille Côtes du Rhône, restent globalement en recul avec -6% sur un an."

2024, "plus petite récolte jamais enregistrée"

Si la grande distribution a du plomb dans l'aile, les vins rhodaniens arrivent à mieux contenir la baisse des ventes que l'ensemble des vins tranquilles français : -3,3% contre -4,4%. "Les cavistes et la restauration, circuits clés pour les vins rhodaniens, subissent un contexte de consommation moins favorable. Toutefois, selon les conclusions du dernier panel grossistes pour 2023, les vins AOP de la Vallée du Rhône conservent leur place de leader en volume et prennent la première place en rouge parmi l’ensemble des AOP, avec un total de 95 300 hl vendus. Malgré une baisse de la fréquentation des restaurants, accentuée en fin d’année 2023, les vins de la Vallée du Rhône sont les seuls à voir leurs volumes progresser, avec une hausse de +2,7% par rapport à 2022", précise encore l'interprofession. L'export, lui, résiste en volume (-2%) et se montre même en bonne forme sur quelques marchés majeurs (Royaume- Uni +3%, Canada +6% et Allemagne +12%). mais baisse en valeur (-7%). De façon générale, c'est l'appellation Côtes du Rhône qui tient la baraque, alors que les Villages et les Crus sont plus en difficulté.

Côté production, le millésime 2024, annoncé comme "d’une qualité exceptionnelle et hautement satisfaisant", est en revanche "la plus petite récolte jamais enregistrée" en Vallée du Rhône, avec 2,16 millions d’hectolitres (-11% par rapport à 2023).

Une dynamique autour des blancs et des effervescents

La grande tendance, sans surprise, est l'accent mis sur les blancs. En effet, si l'on se focalise sur la couleur, "seules les sorties de chais des blancs de la Vallée du Rhône continuent de progresser, avec une hausse de +3% sur un an et +5 % par rapport à la moyenne des trois dernières années. Le rouge résiste en limitant son repli à -1 % sur 12 mois, tandis que le rosé poursuit son déclin avec - 6 % à fin 2024 et -14 % par rapport à la moyenne triennale". Le blanc, qui représentait 5% de la production de la région il y a dix ans, est actuellement à 12% et ambitionne de devenir, à terme, la deuxième couleur, à hauteur de 25%. Des crus comme Rasteau et Vinsobres sont en chemin pour intégrer le blanc dans leur AOC. Le rouge n'a pas dit son dernier mot et entend miser sur la diversification, entre deux profils produits bien définis : "frais, fruité et gourmand" ou "complexe, structuré et épicé". Inter Rhône mise aussi sur l'essor des effervescents, si possible en optimisant la sur-représentation de cépages rouges dans la région : "un programme expérimental a été lancé en 2024 par l’Institut Rhodanien afin d’identifier l’itinéraire technique optimal pour la production de blanc de noir en méthode ancestrale. Inter Rhône s’est fixé pour objectif d’identifier, mettre en relation et accompagner les opérateurs désireux de se lancer dans l’aventure des vins effervescents. L’enjeu de ce programme est d’aboutir, dès la récolte 2026, à un cadre technique et juridique structuré, permettant d’introduire sur le marché une nouvelle identité de vin en Vallée du Rhône".

Stratégie RSE, bilan carbone et œnotourisme

Les autres grands piliers de l'action d'Inter Rhône pour les années à venir sont celui de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et de la stratégie carbone de la filière. "La démarche RSE a permis de structurer la feuille de route d’Inter Rhône autour de trois axes : l’humain au cœur des préoccupations, la valorisation des appellations et une interprofession engagée. Cette colonne vertébrale stratégique continue de guider les services dans le déploiement des actions interprofessionnelles : organisation d’événements responsables, valorisation des labels et certifications environnementales, communication publicitaire mettant en lumière les engagements des opérateurs, ou encore efforts de réduction de l’empreinte environnementale des sites. Deux ans et demi après la labellisation, une véritable culture de l’impact s’est propagée au sein des différents pôles de l’interprofession", précise l'interprofession, soulignant que "entre 2023 et 2024, le nombre d’opérateurs labellisés [RSE] a ainsi progressé de 20%, témoignant de l’adhésion croissante du secteur aux engagements environnementaux et sociétaux".

Sur le plan environnemental, l'accent est mis sur le bilan carbone, un bilan ayant été établi en 2024 sur les principaux postes d'émissions de CO2 au sein de la filière. Face aux résultats, quatre leviers ont été identifiés pour réduire l'impact carbone : "développement des couverts végétaux, implantation de haies, allègement du poids des bouteilles et mise en place du réemploi des bouteilles. Un état des lieux sera réalisé sur ces quatre axes au cours du premier semestre 2025. À l’issue de cette phase, des objectifs spécifiques seront définis pour chacun des leviers. En parallèle, des actions de sensibilisation à l’enjeu de l’empreinte carbone seront menées auprès des opérateurs de la Vallée du Rhône afin d’encourager l’adoption de bonnes pratiques."

Enfin, comme le faire-savoir demeure lui aussi le nerf de la guerre, l'interprofession continue d'investir sur l'œnotourisme, l'accueil à la propriété et l'amélioration des caveaux de vente afin de revaloriser le marché régional / local : cela permettra de renforcer le lien avec les consommateurs, faire passer des messages forts et remettre en place une communication de proximité.

Voir le site officiel des vins de la Vallée du Rhône


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