Samedi 23 Novembre 2024
©W. Kiezer
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24.10.2023
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En parallèle de la sortie du magazine Terre de vins consacré au développement durable, nous vous proposons cinq portraits de domaines languedociens aux pratiques durables. Cinquième et dernier sujet avec les frères Bernatas à Limoux, récemment installés et déjà fortement engagés.
C’est sur le terroir de Limoux dans l’Aude que notre tournée s’achève. Une dernière visite chez les deux frères du domaine Bernatas, néo-vignerons avec déjà beaucoup d’histoires à raconter. Sitôt installés, en novembre 2018, que le domaine a déjà entrepris une conversion au bio et à la biodynamie. Guidés par leur ami vigneron Frédéric Palacios que nous avons découvert dans le quatrième portrait de notre série, Jérôme et Stéphane Bernatas réussissent leur premier millésime en 2019. “J’ai obtenu un BPREA au CFPPA de Beaune pour apprendre la gestion d’une exploitation agricole, mais c’est le quotidien au domaine qui est le plus formateur.” nous a confié Jérôme Bernatas, auparavant journaliste sur Paris. “Nos anciens métiers nous ont offert des compétences comme l’écoute, l’observation et l’esprit de synthèse” rebondit Stéphane Bernatas, ancien dépositaire de presse à Rodez.
Confortablement installés dans un grand bâtiment agricole à la Digne-d’Amont, les 6,5 hectares sont répartis sur plusieurs parcelles implantées ici et là sur l’appellation. Des vignes de chenin, mauzac, chardonnay ou merlot et cabernet-sauvignon qui offrent souvent de très beaux panoramas sur le vignoble de Limoux. Une géographie souhaitée par Jérôme, de retour dans sa région natale : “Nos parcelles souvent nichées à plus de 350 mètres d’altitude nous permettent de faire les vins que nous voulons, frais, tendus et digestes”.
Beaucoup d’observations et de travaux manuels
Avant de démarrer l’aventure, les deux frères avaient une forte idée sur leur façon de cultiver la vigne et de faire leurs vins. La cinquantaine embrayée, ils ne rechignent pas aux travaux manuels chronophages perpétrés dans leurs parcelles. Sur le terrain, le sol est couvert toute l'année puis travaillé au moment le plus opportun. “Nous griffons sur quelques centimètres pour éviter les concurrences sur l’eau et les nutriments au mois de juin” nous confie Jérôme Bernatas, responsable de culture.
Une biodynamie assumée avec “L’utilisation de composts et de préparations à base de plantes médicinales, de silice et de bouse de corne permettent d’améliorer la fertilité et la biodiversité des sols”. Les deux frères ont bien intégré l’importance de sols en bonne santé pour produire des raisins sains et de qualité.
Une production extensive
La qualité plutôt que la quantité, voici une phrase qui a du sens au chai des Bernatas. 20000 bouteilles tout au plus pour des vins non levurés et réalisés avec le moins de soufre possible. “Nous voulons des vins sur la fraîcheur et la minéralité”.
Le terroir en tête, Stéphane et Jérôme Bernatas mettent en avant le mauzac, “le cépage du coin”, mais dans un registre inédit, celui de la macération carbonique. D’habitude réservée aux rouges dans le Beaujolais, et, plus proche dans les Corbières avec le carignan, les frères se sont mis un challenge de produire un mauzac unique dans la cuvée M et Nous. “On voulait tester la macération sur ce cépage et nous avons énormément de bons retours, le succès est au rdv”.
Culture bio-dynamique, travaux du sol (très) limités, rendements faibles et vinifications peu interventionnistes, en quatre ans à peine, les frères Bernatas ont trouvé leur rythme de croisière.
Terre de Vins a aimé
Cuvée la Petite Cordillère - AOP Limoux (19€ TTC)
Chenin cultivé à 320 mètres d’altitude et élevé 8 mois en foudre. Un blanc d’une finesse et d’une élégance étonnantes. Bouche minérale et fraîche, le chenin a plus que son mot à dire dans le Languedoc !
Article rédigé par Ni bu ni connu pour Terre de vins
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