Jeudi 26 Décembre 2024
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13.10.2023
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Ce mois-ci, en parallèle du magazine Terre de vins consacré au développement durable, nous vous proposons des focus sur cinq domaines du Languedoc engagés dans une viticulture durable et en pleine transition agroécologique. Direction le domaine Les 3 Mazets et de son vigneron Luc Fonta, précurseur dans l’approche pratique du PH/Redox.
Néo-vigneron dans l’Hérault, Luc Fonta prend possession de quelques hectares de vignes en 2019, après une carrière dans la gestion de l’eau et de l'environnement, ainsi qu'une brève aventure maraîchère de 3 ans en bio. Passionné de vigne et de vins, l’homme à la fibre écologique et l’âme d’un chercheur, il s’est dirigé vers le développement d’un domaine en agroécologie à Villeveyrac, au nord de l’étang de Thau. Luc Fonta y reprend des vignes entourées de garrigues et ponctuées de vieux mazets, les 6 hectares sont actuellement en agriculture biologique et certaines parcelles sont en conversion.
Dans une région où la chaleur et les sécheresses sont toujours plus intenses, l’eau est un sujet qui a de l’importance pour Luc Fonta. “Je sais que l’eau va être un sujet compliqué à l’avenir”. C’est pourquoi le jeune vigneron a décidé de se lancer sur le terrain de la viticulture sur sol vivant, une pratique qui commence à trouver preneur dans le monde viticole. “Mon idée de départ était de relancer la vie microbienne des sols dans les parcelles, de maximiser la biodiversité, de préserver la ressource en eau, de séquestrer du carbone et de limiter l’érosion du sol”, un immense challenge en plus d’apprendre le métier de vigneron.
Sur les hauteurs de Villeveyrac, ses vignes offrent de jolis panoramas sur la plaine environnante. On y aperçoit l’étang de Thau et le sommet du Mont Saint-Clair de Sète au sud. Des parcelles auparavant en conventionnel ponctuées de quelques manquants y sont bichonnés au quotidien. “Mon principe est d’apporter le gîte et le couvert aux vivants, pour que le couple sol/plante soit en bonne santé”. Dès l’automne, pois fourrager, féveroles, vesce et autres engrais verts sont semés dans le rang et, au printemps, grandiront avant d’être fauchés. Un couvert végétal qui apportera de la matière organique et restituera de l’azote et du carbone au sol. “C’est également un moyen de garder l’humidité dans les parcelles et de diminuer les températures durant l’été lors des épisodes de sécheresse”. Des microorganismes (thé de compost) sont également répandus pour décompacter le sol.
L’approche PH/Redox
Luc Fonta a organisé les assises méditerranéennes de la viticulture à Villeveyrac en mai dernier. Des spécialistes de l'agroécologie reconnus à l’international, tels que Alain Canet, Marceau Bourdarias ou Konrad Schreiber, sont venus donner cette conférence de deux jours financés en partie par le CIVL, le syndicat du Pays d’Oc et à destination de la profession. Au menu, introduction aux pratiques durables, agroforesterie, taille physiologique de la vigne et l’approche PH/Redox, cette dernière étant utilisée par le vigneron du domaine Les 3 Mazets.
Émanant du CIRAD par les recherches du chercheur agronome Olivier Husson, le potentiel PH/Redox s’appuie sur la bioélectronique de Vincent. Chaque organisme qui contient de l’eau a donc un potentiel PH, acide et basique, et un Redox avec l’oxydation et la réduction. Pied de vigne, insecte, ver de terre, sol et être humain, tous ces êtres vivants ont un PH/Redox qui leur est propre. Et plus une vigne s'épanouit dans un sol vivant et fertile, plus son PH/Redox sera optimal, un gage de protection contre les insectes ravageurs et les maladies. A l’inverse, des sols nus, avec des taux de matières organiques bas et accompagnés de carences modifieront le PH/Redox de la plante, ayant pour conséquence de potentielles agressions de la part de ravageurs (insectes, champignons). Le PH/Redox est fonc révélateur de l’équilibre d’un milieu.
En couvrant en permanence les sols de ses parcelles et en y apportant matière organique, on laisse la vigne dans une zone d'équilibre entre l’oxydation et la réduction, entre l’acide et l'alcalin, explique le vigneron. “Il faut être légèrement dans l’acide et le réduit”. Résultat ? Une plante plus résiliente, forte et aucun traitement au cuivre et au soufre depuis 3 ans, “ces résultats sont aussi à pondérer avec la météo” nous confie le cultivateur.
D’après lui, l’absence de traitement lui a également permis de vinifier avec des raisins sans résidus de cuivre et donc avec moins d’oxydation. Des raisins avec plus d’énergie qui lui ont apporté davantage de fruit dans ses cuvées. Luc Fonta élabore 3 vins, la cuvée 1.20.100 (se dit “un vin sans”) le Mas André et Ma Petite Reine.
Terre de Vins a aimé
Cuvée 1.20.100 2021 - Vin de France (20€)
Un vin sans sulfites ajoutés issu d’une grande majorité de syrah vendangée à la main. Une couleur profonde et intense pour un nez puissant sur le réglisse, la garrigue et le poivre. Un vin structuré, de garde et à sortir sur les viandes en sauce.
Article rédigé par Ni bu ni connu pour Terre de vins
A lire aussi : [Agroécologie dans le Languedoc] Le domaine de Malaïgue
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