Jeudi 21 Novembre 2024
©domaine Alphonse Zimmermann
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Date
19.12.2022
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En 2022, la tradition alsacienne des vendanges tardives reprend des couleurs avec un volume raisonnable. A quelques jours de Noël, il reste encore deux parcelles qui attendent d’être vendangées.
Attendre pour récolter des raisins en surmaturité pour faire des vins moelleux ou doux est une tradition alsacienne qui se maintient en 2022, même si les volumes sont loin des chiffres de 1997, record absolu avec plus de 50 000 hl. Avec 11 577 hl récoltés à la mi-décembre, les vendanges tardives (VT) et sélections de grains nobles (SGN) sont nettement plus généreuses que l’an dernier. En raison d’un climat marqué par la pluie et le mildiou, elles n’avaient totalisé que 2 700 hl en 2021. La dernière année importante récente était 2018, qui approchait les 30 000 hl.
« Il y a du botrytis, plus que les années précédentes, plus qu’en 2020 » déclare Maxence Werck, Responsable du contrôle interne à l’AVA, l’Association des viticulteurs d’Alsace, content de la qualité de la fin de saison qui a commencé idéalement avec du passerillage et du botrytis. Cette qualité a eu tendance à se détériorer un peu à la fin de novembre, mais il reste deux parcelles sur la liste, deux vignerons qui prennent le risque de patienter encore. Ils sont sur la liste car la production de VT est SGN est très encadrée. Les producteurs doivent appeler l’AVA, afin que ses agents se déplacent dans les domaines aussitôt la récolte faite. Ils constatent que les raisins correspondent aux impératifs réglementaires et reviennent le lendemain après le pressurage, afin de vérifier que les volumes et les degrés sont cohérents. Dans le cas d’une VT, il faut un minimum d’alcool potentiel de 14,5 pour le muscat et le riesling, 16 pour le pinot gris et le gewurztraminer. Le minimum monte à 16,4 et 18,2 pour une SGN.
Moins de vendanges tardives
Tout le monde n’a pas eu envie de tenter les VT cette année. Pour de nombreux producteurs, il n’y a pas eu des conditions de botrytis cette année. Jean-Christophe Bott, du domaine Bott-Geyl à Beblenheim (Haut-Rhin), déclare que « s’il n’y a pas beaucoup d’acidité, il ne faut pas faire de VT ». A Turckheim (Haut-Rhin), Olivier Humbrecht précise : « Une année risquée, pas l’équilibre pour faire une VT avec du botrytis, il a fait trop chaud. Le passerillage est moins complexe. Le dernier vrai millésime était 2010 ». Mais de nombreux vignerons tentent leur chance, d’autant plus qu’ils peuvent ensuite décider de vendre le vin sans la dénomination VT, ou « descendre » un SGN en VT. Et qu’on peut faire de jolis vins en surmaturité. « On essaie un peu tous les ans sauf en 2021, explique Ludivine Dirler du domaine Dirler-Cadé à Bergholtz (Haut-Rhin). Pas de botrytis cette année car l’eau est venue trop tard, mais on a fait un gewurztraminer VT sur notre grand cru Kessler ». Jérôme Neumeyer à Molsheim (Bas-Rhin) a ramassé son gewurztraminer début novembre pour faire une VT. Il ne voulait pas attendre car les nuits étaient chaudes. Au domaine Zimmermann d’Orschwiller (Bas-Rhin) on a ramassé deux cuvées, un muscat le VT le 19 octobre, un gewurztraminer VT le lendemain. Tout le monde s’accorde sur le fait que la demande des consommateurs est en baisse. Mais est-ce une raison de ne pas faire des vins doux quand la nature offre les conditions idoines ? La question reste ouverte…
La possibilité de SGN
En 2022, les volumes de SGN, proche de 40%, sont importants par rapport à l’ensemble des vendanges tardives La preuve que pour certains, les conditions étaient idéales. C’est le cas dans la zone la plus favorable à la pourriture noble, entre Rorschwihr et Bergheim, où l’humidité est mieux retenue dans une sorte de cuvette. On en aura sans doute la preuve lorsque les domaines experts en la matière sortiront leurs cuvées, Rolly-Gassmann et Fernand Engel. Pour le moment, Audrey Weinzaepfel et son frère Loïc ont déjà confiance dans leur gewurztraminer SGN de Soultz-Haut-Rhin. Comme en 2020.
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