Samedi 26 Avril 2025
Antoine Cormic et les sœurs Mugneret ©FHermine
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Date
26.04.2025
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Quatre flacons de "Ruchottes-Chambertin Grand Cru" 2022 avaient embarqué sur le bateau d’Antoine Cornic pour faire le Vendée Globe en 2024. L’ancien restaurateur de l'île de Ré, devenu navigateur professionnel, a tenu à remercier le domaine Mugneret-Gibourg qui lui avait offert ces beaux flacons en participant à une dégustation sur la parcelle.
Tout a commencé par une rencontre entre la Bourgogne et la Charente Maritime, une histoire d’amitié entre un navigateur-restaurateur de l’île de Ré, passionné de vins de Bourgogne, et la famille Mugneret, à la tête du domaine viticole familial de Vosne-Romanée. Ce coup de cœur réciproque entre amoureux de vins et de voile les a conduits jusqu’à la mythique course en solitaire du Vendée Globe, et à une dégustation extraordinaire d’un Grand Cru en pleine mer. Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), par l’intermédiaire du domaine, a donc souhaité rencontrer cet audacieux marin qui a fait voyager au bout du monde les vins mythiques de la Côte de Nuits. Début avril, Antoine Cornic était donc venu raconter son aventure et son amour des bourgognes dans la parcelle Ruchottes-Chambertin Grand Cru, avec son épouse Céline, grande amatrice de vins également (moins de voile), et la famille Mugneret. Une dégustation plus sereine, par léger vent et sans houle.
Le navigateur quadragénaire en a profité pour renouveler son attachement au domaine Mugneret-Gibourg, qui compte plus de huit hectares sur une dizaine d’appellations de la Côte de Nuits, uniquement en rouges. Le premier flacon de ce Grand Cru a été ouvert pour fêter le franchissement du Cap de Bonne Espérance entre l’océan Atlantique et l'océan Indien. Au couteau et avec les dents, Antoine Cornic ayant oublié son tire-bouchon. Un moment marquant pour le skipper du Vendée Globe qui a publié une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Il renouvelle l'opération à chaque grande étape de son parcours, puisqu'il a embarqué sur son voilier Imoca Human Immobilier quatre demi-bouteilles (une pour chacun des trois caps à franchir et une pour l’arrivée). Elles ont été spécialement préparées et étiquetées à son nom, pour la course, par les sœurs Mugneret. En effet, les grands crus ne sont pas embouteillés dans de petits contenants.
« C'est bon ! mais c'est bon ! » commentait alors le skipper en buvant le nectar au goulot. « Ce vin, c'était mon doudou, ma récompense pendant ces 96 jours de navigation, où il faut manœuvrer sans cesse des voiles qui font jusqu' à 100 kilos. » complète Antoine Cornic en redébouchant en ce début avril une bouteille de 75 cl sur la parcelle des Ruchottes. Pour Marie-Christine Teillaud-Mugneret et Marie-Andrée Nauleau-Mugneret, « ça a été une grande fierté de savoir qu’un vin de Bourgogne allait être débouché dans des mers aussi lointaines et que nos bouteilles allaient faire le tour du globe, et côtoyé l'Antarctique. » « Les Ruchottes » ont pourtant été malmenées pendant ce voyage de 40 000 km, ballotées entre l'Equateur où les températures peuvent grimper à 50°C dans le bateau et l'Antarctique où elles descendent autour de 4°C. La dernière demi-bouteille a été dégustée avec la famille et l'équipe de soutien à l'arrivée. « J’ai trouvé que le vin était plus fatigué que le marin » ironise Marie-Andrée Nauleau-Mugneret.
Le navigateur avait aménagé une cave à vins entre deux balasts (réservoir d’eau) pour abriter les demi-bouteilles « qui ont quand-même baigné un peu dans l’eau de mer. Elles ont bien tenu mais la prochaine fois, on prendra des bouchons cirés pour mieux les protéger des influences salines. »
La dégustation dans la parcelle des Ruchottes de 0,64 hectare était accompagnée d'un bœuf bourguignon appertisé en sachet pour faire revivre l’expérience du skipper, veste de quart sur le dos. Le sommelier-influenceur Jonathan Belhassein, convié par le BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) a bien essayé de renouveler l'expérience en s'attaquant au bouchon au couteau mais en vain, il a fallu cette fois sortir le tire-bouchon. N'est pas marin néo-bourguignon qui veut, même si le skipper a volontiers reconnu qu'il n'avait pas eu la même chance avec toutes les bouteilles. C'était aussi l'occasion de revenir sur la rencontre entre Antoine Cornic et les sœurs vigneronnes. « Il est venu au domaine, il y a cinq ans, accompagné par l'un de nos amis de l'île de Ré et il a adoré nos vins. Il a parlé aussi voile avec mon mari (vendéen) et alors que nous devions juste déposer les cartons qu'il avait commandés pour son restaurant Ré-Monde, nous sommes restés 2 ou 3 heures à parler vigne, vin et voile...et nous sommes devenus amis », raconte Marie-Andrée qui se félicite d'avoir trouvé en Antoine « un ambassadeur des vins de Bourgogne avec autant de simplicité et d’authenticité et qui s'intéresse réellement aux vins et à notre métier, comme sa femme Céline ». « Le meilleur des vins, c’est celui qu’on aime et surtout, celui que l’on partage. » conclut Antoine Cornic qui a, depuis, revendu son restaurant-caviste de Rivedoux au nom prémonitoire pour devenir navigateur professionnel.
Pour le BIVB, cette dégustation hors cadre était une belle opportunité de rappeler que le vin devait rester « accessible, joyeux, vivant » comme l'a souligné Anne Moreau, co-présidente de la Commission Communication du BIVB. « Antoine est un ambassadeur formidable. Il colle parfaitement à l'image de simplicité, de partage que l'on tente de véhiculer. (...) Nous voulons montrer que les vins de Bourgogne peuvent se consommer sans chichis, de manière décontractée, sans verre à cristal et cérémonial. Une façon de démocratiser et décomplexer la consommation de vins. » La vidéo insolite d'Antoine s'étant faite spontanément avec les bouteilles offertes par le domaine, l'opération ne relevait pas de la loi Evin.
Le skipper qui a terminé 28e de la course 2024 après une traversée en solitaire de 96 jours, 1h et 59 secondes prépare déjà le prochain Vendée Globe en 2028, cette fois tire-bouchon en poche. Quant au domaine Mugneret-Gibourg, la relève est déjà assurée et restera dans les mains des femmes avec l'arrivée des trois cousines, Lucie, fille de Marie-Christine, Marion et Fanny, filles de Marie-Andrée.
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