Vendredi 22 Novembre 2024
Daniel Bulliat et Philippe Bardet - ©Fabrice Ferrer
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Date
03.02.2023
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L’assemblée générale d’Interbeaujolais s’est tenue ce jeudi 2 février 2023 à Fleurie, retraçant les grandes tendances de l’année 2022 comme les projets de 2023. Si le contexte est mouvant et aléatoire, l’optimisme et le dynamisme sont de mise, avec la confirmation du beau virage opéré par ce vignoble, qui permettra de poursuivre sur la lancée du renouveau.
Bilan positif
Le président de l’interprofession, Daniel Bulliat, a fait un discours à son image : pragmatique et dynamique. Sans rien omettre de la réalité du contexte actuel, allant de la guerre en Ukraine, d’un marché post-pandémie et d’une explosion du coût de l’énergie, il a le don de transformer en source de motivation ce qui pourrait en déstabiliser plus d’un. « Il ne faut pas s’endormir et croire que les choses sont acquises, malgré la revalorisation de notre vignoble depuis 18 mois ».
Car il est vrai qu’au regard du bilan financier, sain, et de la réussite évidente de la stratégie de valorisation des vins du Beaujolais amorcée depuis 2016 sous la présidence de Dominique Piron, le vignoble se porte bien. Hissé par une tendance de consommation qui lui va comme un gant (jeune génération à la recherche de vins souples, fruités et aux tanins fins), par des nouvelles générations de vignerons qui n’hésitent pas à remettre en cause certaines pratiques plus ou moins délétères de certains anciens, par une politique volontariste des collectivités territoriales et élus locaux, et notamment par le plan Beaujolais (de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et co-financés notamment par le Conseil départemental du Rhône, la communauté de communes Saône-Beaujolais et la communauté de communes des Pierres Dorées) : tous les atouts sont là, mais le moteur ne fait que s’échauffer.
Perspectives dynamiques
Cette dynamique vertueuse doit poursuivre ses efforts et 2023 sera l’année de beaux projets : poursuite de la montée en gamme avec le dépôt du dossier à l’INAO de passage en premier cru, IGP et lieux-dits pour les Beaujolais Pierres Dorées et Lantignié ; travaux en cours avec la Sicarex (l’organisme technique viticole de l’interprofession) sur les questions d’adaptation au changement climatique, via notamment les sujets de la taille et de nouveaux porte-greffes ; le développement à l’export ; la diversification des cuvées avec le développement des beaujolais blancs ; le travail collaboratif avec la chambre d’agriculture et les collectivités locales pour pérenniser l’installation des jeunes vignerons.
Sans oublier les événements qui émailleront le premier semestre, où le vignoble aura une belle visibilité : de Wine Paris à Bienvenue en Beaujonomie, en passant par le Tour de France le 13 juillet.
La fin de l’abondance
Après des années, dont le spectre s’éloigne de plus en plus, où la production de Beaujolais atteignait des sommets, le constat est là : il manque du vin. Le vice-président Philippe Bardet (collège négoce) rappelle que les deux dernières années ont vu des productions inférieures à 500 000 hL, faisant basculer le Beaujolais dans la catégorie des produits rares, influençant directement la relation aux distributeurs, certains ayant dû refuser des marchés pour la première fois. L’occasion également de changer de positionnement auprès des consommateurs, en basculant d’un produit de consommation quotidienne à un produit de vrai plaisir, ciblant ainsi des amateurs qui sont « moins buveurs, mais plus connaisseurs ».
Ne rien lâcher
Mais le contexte n’est rien sans une vision et un effort permanent. Philippe Bardet rappelle que la montée en gamme doit impérativement se poursuivre, la qualité ne doit pas cesser de progresser encore : « nous devons faire preuve d’intransigeance sur le respect de nos terroirs, de nos vins, de nos cépages ». Le partenariat du Beaujolais avec le concours du Meilleur sommelier du monde (du 7 au 12 février 2023), aux côtés des Grands Crus Classés de Bordeaux et de Dom Pérignon, scintille comme une promesse enfin tenue et une cohérence entre les discours et les faits.
La conquête de nouveaux marchés à l’export doit également être poursuivie, et aller chercher au-delà du traditionnel quatuor de tête composé des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Japon et du Canada.
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