Accueil Actualités Baptême blanc pour le cru Laudun

Baptême blanc pour le cru Laudun

Situé en Côtes du Rhône gardoise, le vignoble de Laudun est l'un des plus anciennement connus de la Côte du Rhône ©DR

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

11.02.2025

Partager

Officialisé en novembre dernier, le premier millésime du cru Laudun a pointé son nez dans son nouvel habillage tout de blanc vêtu.

Le 18ème cru des Côtes du Rhône est né dans le Gard ! Laudun, Côtes du Rhône Villages nommé entre officiellement dans la cour des grands. Les vignerons qui se sont penchés sur son berceau ont eu le mérite de l’attendre patiemment. Sa consécration a été très longue.

Quelle patience !

Luc Pélaquié, président de l’ODG, rappelle que les prémices du dossier remontent à 1945. Des vignerons visionnaires déposent les jalons de la future AOC au tribunal d’Uzès. Ils ont des arguments patents entre les vestiges de dolia romaines au lieu dit Camp de César et les découvertes d’Olivier de Serres retracés dans son ouvrage : Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs. L’antériorité de la vigne et du vin blanc, en particulier, font foi. Le tribunal reçoit favorablement la demande mais pas le baron Le Roy (créateur de l’INAO) ! Ce sera donc un  Côtes du Rhône contrôlé Laudun. En 1967, Laudun intègre la famille des Villages avec nom de commune. Les velléités de repartir à la bataille reprennent officiellement en 2010. Un dossier et quelques commissions d’enquêtes plus tard, le cru est validé.

Besoin d’aire 

De 3 000 hectares, l’aire de délimitation passe à 1 150 hectares. Une coupe nécessaire pour revendiquer les terroirs qualitatifs situés sur les coteaux des communes de Tresques, Laudun-L’Ardoise et Saint-Victor-la-Coste sur la rive droite du Rhône. On y retrouve des banquettes argilo-calcaires, des sols sableux, des galets roulés sur matrice limono-argileuse, des épandages caillouteux de calcaire dur et surtout des expositions au nord favorables à la recherche d’acidité et de fraîcheur. Le cahier des charges limite également les rendements et les règles d’assemblages valorisant les cépages historiquement cultivés à Laudun.

Le rouge et surtout le blanc

En 2024, 17 255 hectolitres ont été revendiqués sur 584 hectares. Le rouge s’affiche à 73 % et le blanc à 27 %. Alors pourquoi brandir ce dernier plutôt que le rouge ? Par la singularité des terroirs de Laudun où s’épanouissent les cépages blancs et, bien sûr, par le savoir-faire des vignerons qui le revendiquent depuis des lustres. Ils souhaitent surfer sur cette spécificité et même la renforcer dans les années à venir. « Les blancs serviront de levier pour valoriser les rouges en attirant l’attention des prescripteurs et des professionnels », assurent-ils. 

Les cépages blancs principaux sont le grenache et la clairette, roussanne, viognier sont complémentaires et bourboulenc, marsanne, picpoul et ugni accessoires. Les vins sont issus obligatoirement des cépages principaux et d’au moins un des deux cépages complémentaires, représentant ensemble 75 % de l’assemblage. Chaque cépage ne pouvant représenter plus de 75 %.

Pour les rouges, grenache, syrah dominent. Mourvèdre, brun argenté (dénommé aussi camarèse ou vacarèse), carignan, cinsault, counoise, muscardin, picpoul noir, terret, bourboulenc, clairette, grenache blanc, roussanne, viognier, marsanne, picpoul blanc et ugni sont complémentaires.

Une nouvelle image 

Le nouveau positionnement du cru induit une nouvelle identité et une nouvelle charte graphique. L’agence Clair de Lune a imaginé un logo, un monogramme et des visuels « reflétant ses valeurs de fraîcheur, de finesse et d’élégance, le tout dominé par la couleur blanche ». Une police a été spécialement créée. Le monogramme, complémentaire ou substituable au logo se veut un signe de reconnaissance conçu à la façon d’une icône. Il se compose de deux L fluides. 

Nouveau logo Laudun

La signature « Symphonie en blanc majeur » évoque la diversité des cépages et des micro-terroirs de Laudun, « adressant un clin d’œil au savoir-faire des vignerons, maîtres dans l’art des assemblages et de composer avec les subtilités des millésimes ».

Prémices du millésime

Sur la centaine de déclarants, incluant dix maisons de négoce, six caves coopératives et vingt caves particulières, une dizaine de cuvées de blancs, nous ont été présentées. Leur prime jeunesse laisse entrevoir de jolis profils de vins. Le choix des élevages occulte certaines cuvées de cette première dégustation, y compris pour les rouges. D’ici le 1er mars, date officielle de la commercialisation, la palette sera plus vaste...

Terre de vins a aimé

Bord Élégance blanc 2024 11,00€

La Maison Brotte est propriétaire sur Laudun depuis de longues années. Leur cuvée Château de Bord est un des fleurons de l’appellation, comme les vins de Luc Pélaquié. Cet opus, associe raisins de la propriété et de négoce. L’assemblage grenache, viognier, clairette et roussanne apporte finesse, notes amyliques et fleurs blanches délicates. L’univers est subtil, friand. La bouche est dans le registre de la finesse, la touche citronnée, la minéralité n’absorbent pas le léger boisé.

Maison Sinnae Luna blanc 2024  7,90€

La cave coopérative laudunoise riche de ses 140 coopérateurs propose un assemblage grenache blanc 50 %, roussanne 20%, viognier 20%, clairette 10%. Ils sont vinifiés en pressurage direct après une fermentation en cuves inox thermorégulées, puis élevés sur lies fines. Luna dévoile discrètement ses arômes de fruits jaunes insérés d’agrumes et de fleurs d’acacia. Après une attaque ciselée par les notes zestées, les fruits blancs et l’amande, imposent leur finesse. Une belle harmonie.