Accueil Belle-Île-en-Mer : un projet viticole suscite l’inquiétude

Auteur

AFP

Date

05.09.2020

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Un projet viticole qui couve depuis plusieurs années sur Belle-Ile-en-Mer et pourrait nécessiter le déclassement de parcelles en zone Natura 2000 a amené ses opposants à demander au porteur de projet d’y renoncer, a-t-on appris il y a quelques jours.

« Le maintien de votre projet sur des sites de la côte sauvage que l’État devrait déclasser pour y permettre votre activité, serait source de divisions et de tensions », écrivent des opposants dans une lettre, dont l’AFP a obtenu une copie, adressée au porteur de projet, l’homme d’affaires Christian Latouche, fondateur de Fiducial.

« C’est pourquoi, par mesure d’apaisement, nous vous demandons de renoncer à ces projets avant que l’État n’ait à se prononcer », demandent ces opposants, réunis au sein de l’association « La Bruyère Vagabonde ».

La préfecture du Morbihan a confirmé qu’un dossier pour ce projet viticole était en cours d’instruction et qu’une enquête publique était prévue. « Le rapport établi par le commissaire enquêteur, ainsi que l’avis de l’autorité environnementale, seront des éléments complémentaires à l’analyse de mes services pour prendre la décision relative » à cette demande d’autorisation, a écrit le préfet aux opposants dans un courrier en date du 20 juillet.

« Les 7 hectares de vignes envisagés pour le moment sont tous situés sur des terres non agricoles en zone Natura 2000 et il faudrait donc les déclasser », affirme à l’AFP Gilles Smadja, porte-parole de la jeune association.

Le projet de M. Latouche est « un projet financier. Il cible des sites en bord de mer pour des raisons marketing », considère M. Smadja. La vigne « détruira la biodiversité (…) dans un contexte climatique extrêmement hostile avec les tempêtes et les embruns » qui nécessitera de protéger les plants pendant l’hiver. Il faudra aussi construire des infrastructures, énumère-t-il.

« C’est un projet qui n’a rien de bellilois. Nous sommes tout à fait favorables au développement de l’agriculture insulaire, une agriculture respectueuse de la nature et qui part des besoins locaux », comme le maraîchage, l’élevage ou la production de lait, complète M. Smadja.

« Pour toutes ces raisons, il n’est pas vraisemblable que l’Etat déclasse des sites de la côte sauvage, ce qui irait à l’encontre de l’attractivité de Belle-Ile et de tout ce que les touristes viennent y chercher », considère l’association.

L’objectif de la SCEA des vignes de Kerdonis, le nom du projet, est de produire « 70.000 bouteilles par an » et « les agriculteurs sur l’île font remarquer que la vigne est énormément consommatrice d’eau », relève aussi M. Smadja.

La SCEA des vignes de Kerdonis est domiciliée dans le golfe du Morbihan, sur l’île de Boédic qui appartient à la commune de Séné. L’ile de Boédic a été acquise par Christian Latouche après le suicide en 2013 de son ancien propriétaire, l’avocat Olivier Metzner.