Dimanche 22 Décembre 2024
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29.12.2022
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C’est ensemble, lors d’une conférence de presse commune il y a quelques jours, que les célèbres pépiniéristes Lilian Bérillon et Matthieu Dubernet, à la tête du plus important laboratoire d’analyse œnologique français, ont attiré l’attention sur la situation dégradée des sols et des vignes en France. Avec pour objectif de sensibiliser à un changement nécessaire de paradigme.
Autant le dire tout de go, ce n’est pas un tableau très optimiste que Lilian Bérillon et Matthieu Dubernet ont dressé lors de cette conférence de presse. Le premier, spécialiste du matériel végétal, a rappelé un état de fait en France et plus largement dans les plus grands vignobles du monde. Les vignes plantées dépérissent de plus en plus rapidement. « Il n’est pas rare aujourd’hui que les vignes soient arrachées après seulement 20 ou 25 ans », explique-t-il. « Les vignes sont presque toutes clonées, l’ensemble des porte-greffes l’étant également. Ceux-ci sont incapables de faire face aux changements climatiques ». Et de manière générale, Lilian rappelle que « l’offre proposée aux vignerons en matière de matériel végétal est minime. Sur les 220 millions de plants qui sont produits chaque année, 95 % sont des clones. Et 70 % de toute la production se concentre uniquement sur 10 cépages avec, chaque fois, seulement quelques clones disponibles. Tout ceci constitue un véritable appauvrissement génétique intervariétal ». Animé depuis de nombreuses années par l’envie de faire les choses différemment, Lilian œuvre pour la promotion de vignes issues de sélections massales qu’il a patiemment constituées avec ses équipes. Des vignes qui sont greffées en utilisant la technique de la fente anglaise, plus coûteuse en temps et en main d’œuvre (2 000 greffages par jour contre 12 000 avec des techniques moins qualitatives à la machine), mais ô combien plus efficace. Tous les plants produits font également l’objet de toutes les attentions pendant plusieurs années pour garantir qu’ils soient notamment exempts de virose et de flavescence dorée (avec échaudage systématique de chaque individu). Des vignes au patrimoine génétique plus diversifié, plus résistantes et résilientes, capables de vivre de nombreuses décennies. « Nous travaillons par exemple avec le Mas de Libian depuis 25 ans et nous en constatons qu’un taux de mortalité de 0,5% » renchérit-il. Un véritable pied-de-nez au regard de l’enjeu global de dépérissement du végétal. Avec évidemment un surcoût à l’achat (les plants sont au moins 4 fois plus chers) mais que Lilian tient à remettre en perspective. « Cela ne représente in fine que 10 centimes dans le coût d’une bouteille, soit moins que le prix du verre, de l’étiquette ou du bouchon ! ». Son souhait ? Que les vignerons investissent enfin dans leur matériel végétal qui est tout de même la base essentielle si l’on souhaite produire de grands vins.
De l’importance de la vie des sols
Mathieu Dubernet a pour sa part souhaité mettre en avant l’importance de la meilleure connaissance du vivant dans les sols pour pouvoir mieux adapter les travaux en viticulture. Jusqu’à aujourd’hui, il n’était même pas possible de connaître avec précision le taux de matière organique des sols viticoles. « Si un grand nom comme Claude Bourguignon avait sensibilisé sur l’importance de la vie dans les sols pour produire de grands vins, il ne s’était toutefois limité qu’au vivant facilement observable comme les vers de terre. Pourtant, 90 % de la vie des sols sont représentés par les champignons et les bactéries » tient à rappeler Mathieu, « en particulier les mycorhizes qui sont des champignons très spécifiques associés aux racines du plant ». Et de continuer, « grâce à toutes les mesures désormais faites, il est possible de montrer à quel point le vivant du sol est nourricier pour le pied de vigne ». C’est ainsi que Mathieu et ses équipes ont pu constater que le phosphore, élément vital pour les vignes, est notamment assimilé par elle grâce aux champignons du sol. Pour pouvoir porter ce regard sur l’importance des sols vivants, Mathieu s’appuie sur un nouvelle technologie que son entreprise a développée. Le procédé breveté Terra Mea s’appuie sur la technologie Cyto-3D qui permet d’ores et déjà de réaliser des analyses microbiennes particulièrement fines des moûts et des vins. En quelques minutes, il est désormais possible de réaliser des analyses extrêmement précises du vivant du sol, ses contaminants et de faire un état des lieux du niveau de fertilité des sols. De quoi mieux appréhender le travail du vigneron au quotidien pour garantir par exemple un meilleur taux de carbone dans les sols, à la base de la fertilité de ces derniers et utile évidemment dans la course contre le réchauffement climatique. Cette sensibilisation doit permettre de lutter efficacement contre la désertification massives des sols observée depuis des décennies. Couplée à l’utilisation d’un matériel végétal de grande qualité et à de la formation à l’égard des professionnels de la vigne et du vin (ce que Lilian a mis en œuvre), gageons que la pérennité des vignobles français pourra alors être plus sereinement envisagée.
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