Dimanche 17 Novembre 2024
Auteur
Date
07.12.2020
Partager
Le château Brane-Cantenac, second Grand Cru Classé en appellation Margaux, commercialise sa dernière création : un vin blanc, millésime 2019, qui s’annonce résolument haut de gamme. Présentation par son propriétaire Henri Lurton.
Henri Lurton n’a pas hésité longtemps concernant l’usage « d’une parcelle de 3,2 hectares classée en Haut Médoc lors de la révision de l’appellation Margaux ». Bien qu’il aurait pu faire un vin rouge en appellation Haut-Médoc, le propriétaire du château Brane-Cantenac a considéré que, « sur ce sol majoritairement argileux, le blanc serait plus adapté ». Historiquement, cette parcelle était « une prairie qui a eu un passé viticole ». Ne laissant rien au hasard, l’équipe conduit, « il y a cinq ans, une étude pédologique ». De là découle une sélection de quatre clones de sauvignon et deux de sémillon, tout ceci afin d’obtenir « une diversité sur les profils aromatiques » essentielle lors des assemblages. Mais les précautions ne s’arrête pas là.
Quelques icônes du Bordelais sollicitées
Bien que Henri Lurton fasse déjà du vin blanc au Mexique et que Pierre Auché, le chef de culture, en ait fait beaucoup lorsqu’il était en Corse, Henri souhaite recueillir l’expérience et les avis de ceux qui produisent des grands vins blancs secs à Bordeaux ; car à Brane-Cantenac, on souhaite « faire un grand blanc, avec un certain style ». L’ambition est donc grande. La rigueur est de mise : sur les vinifications en blanc, les erreurs ou les approximations génèrent « des déviances très rapidement. Si les choix ne sont pas appropriés, ça réagit très vite ». Donc l’équipe choisit de se donner tous les moyens de la réussite, et pourquoi ne pas aller voir ce qui se fait chez des voisins prestigieux qui réussissent. Avec bienveillance des châteaux de renom, en Pessac-Léognan, donnent des informations et jouent le jeu de l’aventure, comme Larrivet Haut Brion, Château Olivier, mais aussi Couhins Lurton, La Louvière, et enfin Bouscaut pour sa maîtrise du sémillon. Afin de compléter la panoplie des ingrédients de la réussite, Brane-Cantenac s’attache « la collaboration de l’œnologue Eric Boissenot qui a une sensibilité proche de la nôtre », indique Christophe Capdeville, le directeur d’exploitation. « On s’est bien retrouvé sur les assemblages ».
Un vin blanc de grande classe
La vigne vient de produire sa quatrième feuille, et vient de livrer sa première vraie vendange. Henri Lurton est clair : « On savait ce qu’on ne voulait pas faire. Pas de blanc trop boisé. On voulait de la fraicheur, avec des notes de sauvignon mais pas trop dominantes ». Le profil du vin se dessine. Et Henri de compléter son propos : « nous voulons faire un blanc avec un potentiel de garde basé sur un bon équilibre entre l’acidité et le gras, le boisé n’intervenant que comme un complément aromatique ». « Le blanc ne doit pas s’exprimer par le bois », précise Christophe Capdeville, le directeur technique. L’élevage semble être une des caractéristiques, parmi d’autres, de l’identité du Blanc de Brane- Cantenac. Les fermentations se font en barrique, « ce qui permet de les gérer en petit contenant et d’avoir ainsi une multiplicité de lots qui correspondent à nos parcelles ». Cela permet aussi de mieux « gérer l’élevage sur lies fines ». Brane-Cantenac utilise aussi des « gros contenants de 500 litres dans lesquels l’intégration du boisé est plus subtile, mixés avec la barrique bordelaise de 225 litres. Un travail de construction et d’orfèvrerie », se plaît à dire Henri Lurton.
A la dégustation, Château Brane-Cantenac Blanc 2019 révèle au nez une fraîcheur aromatique sur des notes bien équilibrées d’aubépine, de pêche blanche, d’agrume (citron). En bouche, là aussi, le point d’équilibre a tout de suite été trouvé entre fraîcheur, tension et rondeur. L’élégance, la finesse et la longueur étonnent et séduisent. De la fraîcheur toujours, et de la précision, mais rien d’aiguisé et d’agressif qui viennent fatiguer la bouche : un sauvignon maîtrisé, tempéré par le sémillon, l’élevage et le terroir. Et une finale sur le citron acidulé, très longue, qui ne s’éteint pas… Un petit côté sapide aussi, un peu salivant. Aucune faiblesse. Et bien sûr, un boisé déjà intégré, qui semble participer à la signature du vin et qui apporte sa touche (un peu de gras en écho au sémillon) : un boisé qui ne couvre pas les arômes. Pour un premier millésime, c’est un coup de maître.
Articles liés