Vendredi 22 Novembre 2024
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29.09.2020
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Attisés par des vents violents, des incendies dévastaient lundi les célèbres vignobles de la Napa Valley dans le nord-ouest de la Californie, en proie à une nouvelle vague de chaleur et où des dizaines de milliers de personnes ont dû évacuer leurs logements au beau milieu de la nuit.
Plus au nord, dans une zone boisée et escarpée du comté de Shasta, le « Zogg Fire », qui s’est lui aussi déclaré dimanche, a fait trois morts et continuait à se propager lundi soir. Ciel incandescent, arbres et vignes calcinés, maisons ravagées par les flammes : le brasier nommé « Glass Fire » a de son côté brûlé près de 4.500 hectares dans le comté de Napa, l’une des zones de production de vin les plus prestigieuses des Etats-Unis.
Certains domaines viticoles sont partis en fumée, comme le Chateau Boswell dans la ville de St. Helena. Le domaine de Newton Vineyard, qui appartient au groupe LVMH, a lui aussi été touché. « Alors que le Glass Fire continue de se propager, c’est avec tristesse que nous vous informons que le domaine et les vignes de Newton Estate ont été touchées de manière significative », a annoncé le domaine sur son compte Instagram, soulignant que tous les employés avaient pu être mis à l’abri à temps.
Quelque 34.000 personnes avaient reçu l’ordre d’évacuer lundi et 14.000 autres devaient se tenir prêtes. En pleine nuit, 4.500 habitants d’une zone résidentielle pour personnes âgées du comté viticole de Sonoma, voisin de celui de Napa et menacé par un autre feu baptisé « Shady Fire », avaient ainsi dû embarquer dans des cars municipaux afin d’être transportés en lieu sûr.
Résidente de St. Helena, Susan Fielder a eu les larmes aux yeux lorsqu’elle a roulé pour rejoindre un refuge de Napa, laissant derrière elle sa maison en emportant seulement un petit sac et une photo de ses grands-parents. « Ce matin, je me disais : ‘qu’est-ce que tu vas faire si tu perds tout ?’, confie-t-elle à l’AFP. Elle a pu retrouver sa maison, intacte mais recouverte d’une couche de cendres, à la mi-journée.
Drapeau rouge
De nombreux habitants de la zone, traumatisés par les incendies qui ont déjà ravagé la région ces dernières années, sont eux aussi partis en catastrophe dans l’obscurité. « On pouvait voir les flammes monter dans le ciel toute la nuit », lâche CeeBee Thompson, une habitante de Calistoga, qui n’a pas fermé l’œil. Plusieurs quartiers de la ville ont été évacués et Mme Thompson n’attend plus que le signal du départ. « Les deux voitures sont prêtes, la seule chose qui reste à charger ce sont les chats », explique-t-elle à l’AFP.
Les comtés de Napa et Sonoma avaient déjà été frappés par des feux dévastateurs en 2017, faisant au total 44 morts et détruisant plusieurs milliers de bâtiments. Les services météo avaient hissé le « drapeau rouge » pour les risques d’incendie sur cette partie de la Californie en raison d’une vague de chaleur et de vents secs créant les conditions idéales pour des départs de feux. « Ces vents vont commencer à faiblir dans l’après-midi et se stabiliser, ce qui devrait nous aider dans nos efforts », a déclaré le gouverneur Gavin Newsom, appelant la population à la prudence et à suivre scrupuleusement les consignes des secours.
Dans le nord-est de la Californie, le comté de Butte déjà fortement touché par des incendies multiples depuis la mi-août a été contraint de mettre en œuvre de nouvelles évacuations dimanche soir près de la petite ville de Paradise. La région avait été ravagée par l’un des incendies les plus meurtriers de l’histoire de l’Etat, le Camp Fire, qui avait fait 86 morts en novembre 2018.
Plus de 8.100 feux se sont déclarés depuis le début de la saison, parcourant 1,5 million d’hectares au total, ont indiqué les pompiers de Californie. Selon le consensus scientifique, l’ampleur exceptionnelle de ces feux est liée au changement climatique, qui aggrave une sécheresse chronique et provoque des conditions météorologiques extrêmes.
Dans la Napa Valley, Susan Fielder n’a d’ailleurs aucune intention de déballer son sac d’urgence avant le mois de novembre et le retour des pluies. « Je resterai jusqu’à ce que quelqu’un frappe à ma porte et me dise que je dois partir », dit-elle.
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