Jeudi 19 Décembre 2024
Elisabeth Sarcelet (à gauche) et Carine Bailleul (photo : Kramer O’Neill)
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Date
09.04.2021
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Chez Castelnau, on assiste peut-être pour la première fois à la transmission de la fonction de cheffe de caves d’une femme à une autre, puisque la Maison vient d’annoncer que Carine Bailleul succèderait à Elisabeth Sarcelet qui prendra sa retraite à la fin de l’année. Terre de vins est allé rencontrer la nouvelle cheffe de caves pour en savoir davantage sur son parcours et ses ambitions pour la Coopérative Régionale des Vins de Champagne (CRVC).
Comment en êtes-vous arrivée aux métiers du vin et à la coopération ?
Je suis originaire de la région de Die ! Mes parents n’étaient pas vignerons mais éleveurs de moutons, ils étaient cependant adhérents d’une coopérative et je les ai toujours vus s’investir pour elle sans compter. J’ai découvert le métier d’œnologue à l’occasion d’un stage chez Jaillance. Cette coopérative qui existe depuis les années 1950 a sorti beaucoup de vignerons de leurs difficultés et fait vivre la vallée depuis des décennies. Là-bas, le négoce est presque inexistant. C’est une structure très importante, de la taille de la CRVC. Je me souviens aussi que dans le Pays Diois, dès les années 2000, 25 % du vignoble était en bio. À la suite de cette expérience qui m’a marquée, en 2003, j’ai postulé à Reims pour un stage de DNO chez Castelnau où j’ai rencontré pour la première fois Elisabeth Sarcelet qui m’a fait passer l’entretien. J’étais loin d’imaginer à l’époque que notre collaboration allait durer si longtemps ! Entre nous deux, cela a été une belle aventure professionnelle mais aussi humaine. Il faut croire que le Pays Diois étant un terroir calcaire, mes racines se sont très bien réimplantées par marcottage dans la craie champenoise…
Quelle a été votre progression au sein de la maison ?
En 2004, j’ai intégré l’équipe vin comme œnologue en charge de la vinification en rouge. J’ai été embauchée pour de bon en 2006. J’ai eu différentes missions. Depuis 2015, j’avais la responsabilité de la cuverie et du tirage. Mais avant cela, après mon DNO, j’ai suivi le Master Vins de Champagne de l’Université de Reims en 2006. J’ai aussi travaillé une année en 2005 dans les vignes où j’ai passé mon concours de taille. Je voulais apprendre le métier de vigneron et connaître la vie des gens qui nous fournissent les raisins. Cette expérience m’a beaucoup rapprochée d’eux. J’ai pu voir l’autre côté du miroir ! Je sais maintenant apprécier le moût que je reçois, parce que j’ai bien compris qu’il fallait beaucoup d’engagement pour produire du raisin. Il n’est pas si aisé de conduire les vignes. J’aime particulièrement cette partie de mon travail et la relation avec les vignerons adhérents. Je n’oublie jamais que les vins ne nous appartiennent pas, qu’ils nous les ont juste confiés et qu’ils sont toujours leur propriété. Aussi, j’en prends soin avec amour et je ne compte pas mon temps. C’est quelque chose de précieux que nous avons dans la cuverie et j’en ai bien conscience.
Quelle touche personnelle souhaiteriez-vous donner aux vins de la Maison ?
Finalement, j’apporte déjà depuis longtemps ma touche personnelle. J’ai assisté par exemple à la naissance de la cuvée Hors Catégorie. Je l’ai vécue dans mon corps et dans mon être, en termes de travail physique sur les fûts autant qu’en termes de dégustations et de créations. Cela a été un vrai travail d’équipe et une formidable aventure. J’ai surtout envie que Castelnau continue le long vieillissement sur lies que nous proposons au consommateur. Pour moi, il apporte vraiment quelque chose et les vins de Castelnau ont cette capacité. Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir jouer avec le temps, devenir les maîtres du temps en Champagne. Je trouve cela fascinant, je veux poursuivre cette recherche. Quant à la touche personnelle, je fais partie du panel de dégustation depuis quinze ans, la transmission est faite. L’âme de la maison, je la porte déjà en moi.
Quelles seront les prochaines nouveautés de la maison ?
Il y en a beaucoup dont nous avons dû retarder la sortie à cause du COVID. Nous avons aussi tiré 35 000 bouteilles d’une future cuvée bio l’année dernière, mais ce n’est pas pour tout de suite.
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