Dimanche 22 Décembre 2024
©F. Hermine
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Date
21.06.2023
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Les Vignobles de la Vallée du Rhône misent sur les blancs pour la prochaine décennie avec un budget supplémentaire pour une promotion dédiée.
« Il ne s’agit pas d’abandonner les rouges qui représentent toujours un peu plus des trois-quarts de notre production mais de rééquilibrer » commente le président de l’Interprofession Philippe Pellaton. Inter Rhône aimerait les faire passer à environ 70 % d’ici une décennie pour faire monter les blancs de 10 à 15% (les rosés avoisinant les 15%). « Les blancs ont déjà quasiment doublé en 15 ans et n’ont pas connu la crise ni les yoyos des rouges avec des prix stables voire en progression. Mais ces dernières années, on ne les a pas assez accompagnés » avoue Philippe Pellaton. L’interprofession entend donc y remédier avec un budget spécifique de 500 000€ par an pendant quatre ans pour des opérations dédiées en France et à l’export.
Trois profils de dégustation
Toutes les appellations du Nord au Sud ont été embarquées dans le même bateau Vignobles de la Vallée du Rhône pour des actions de promotion collectives à destination des professionnels, les appellations se chargeant de prendre le relais pour parler au grand public. Apres Montréal, Bruxelles en même temps que Paris lundi dernier (sans Crozes-Hermitage et Ventoux qui ont organisé d’autres événements cette année), sont prévues des opérations similaires à Londres et New York en juillet, des formats masterclasses en Scandinavie. La formule est orchestrée en collaboration avec l’agence Sopexa, les vins à déguster répartis en trois thèmes, « Vif et Frais », « Fruité et Gourmand », « Généreux et Complexe », les opérateurs ayant choisi eux mêmes la famille dans laquelle ils voulaient présenter leurs cuvées (une centaine au total au Pavillon Dauphine à Paris). « Une façon de décloisonner la dégustation pour cette premier prise de parole », souligne Philippe Pellaton.
Mieux accompagner l’adaptation vignoble/commerce
L’opération Blancs ne s’arrête pas à la promotion ni à l’incitation à planter des cépages blancs. « Nous voulons accompagner les producteurs et les négociants dans une meilleure adaptation vignoble/commerce et réfléchir plus en amont. Il y a 15 ans, on pensait qu’il suffisait de planter même dans le sud du viognier à la mode pour le vendre. Aujourd’hui, on a compris qu’il ne fallait pas miser sur un cépage parce qu’il est tendance ou qu’il fait du jus mais plutôt construire avec l’IFV des produits d’assemblage qui sont notre ADN. Il faut reconnaître que les enjeux se situent plus en vallée du Rhône méridionale, là où sont les volumes (en Luberon, Costières-de-Nîmes, Ventoux, Côtes-du-rhône). Grâce à la cartographie des terroirs, nous n’avons aucune excuse pour ne pas planter les bons cépages sur les bons sols et à la bonne altitude. Tout est ensuite question d’équilibre ».
Si la base principale reste le grenache blanc, les combinaisons avec les autres cépages principaux et secondaires sont multiples. Au regard du réchauffement climatique, il ne faut pas oublier que viognier, marsanne et roussanne n’aiment pas les terroirs trop secs et il faut jouer de plus en plus sur des cépages tardifs comme le bourboulenc, la clairette… ou le carignan blanc, le rolle, le floréal qui ont été récemment intégrés au cahier des charges des Côtes-du-Rhône. « Les blancs se plaisent davantage sur des terroirs à contraintes hydriques modérés comme les sols sur argile qui retiennent l’eau et ceux en altitude qui gardent la fraîcheur, précise la sommelière formatrice Julia Scavo lors de l’événement parisien. Il y a en fait de la place pour différents styles, des vins jouant sur les thiols, plus immédiats et estivaux à ceux élevés sur lies pour un peu plus de complexité et de potentiel de garde »
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