Jeudi 26 Décembre 2024
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17.10.2022
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La roue tourne en Champagne, après le départ de Caroline Latrive du champagne Ayala pour la Maison Deutz, le très champenois Julian Gout prend sa succession en tant que chef de caves.
Depuis le départ de Caroline Latrive pour la Maison Deutz, le monde du vin attendait avec curiosité la nomination de son successeur à la tête de la Maison Ayala. La nouvelle vient de tomber, il s’agit de Julian Gout, un champenois pur souche né au cœur de la vallée de la Marne et qui malgré la jeunesse de ses 33 ans, a déjà été à l’école de plusieurs très grands noms de l’appellation : Anselme Selosse, Taittinger, Henri Giraud dont il a été le maître de chai et JL Vergnon au Mesnil. On notera que sur ces quatre grands noms, trois sont des experts du chardonnay, cépage iconique de la maison Ayala. La transition devrait se faire en douceur dans la mesure où Julien Gout secondait déjà depuis 2018 Caroline Latrive, en tant qu’adjoint chef de caves en charge de l’œnologie et du vignoble (20 hectares) où il s’est notamment distingué dans le pilotage de la conversion bio des parcelles exploitées par la marque. Hadrien Mouflard, le directeur général confie : « La promotion en interne de Julian s’est faite naturellement. J’ai totalement confiance en son leadership et sa capacité à poursuivre le travail qualitatif entrepris depuis bientôt 10 ans afin de soutenir notre ambition d’incarner l’excellence et l’expertise Chardonnay en Champagne. »
Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette très jolie maison agéenne, son histoire est pour le moins originale. Fondée en 1860 par Edmond de Ayala, descendant d’une grande famille espagnole qui avait pris le parti de Bolivar et des indépendantistes en Colombie, elle appartient au club restreint de ces marques qui ont participé à la construction même de l’appellation Champagne. En 1882, elle figure ainsi parmi les fondateurs de l’Union des Maisons de Champagne. À la même époque, elle a une très grande réputation en Angleterre, où elle est l’une des premières à proposer des champagnes faiblement dosés. Elle devient ainsi l’un des champagnes préférés du prince de Galles. Au XXe siècle, son histoire sera plus chahutée. Incendiée en 1911 par les émeutiers, elle est revendue en pleine crise des années 1930 à René Chayoux, qui meurt sans héritier. La Maison passe alors entre différentes mains et connaît une chute dramatique de ses expéditions, jusqu’au rachat en 2005 par Bollinger. Sous la houlette d’Hadrien Mouflard nommé en 2012, une nouvelle impulsion est alors donnée à la marque dont l’ADN des vins est redéfini. Parmi les grands axes choisis : la recherche de la pureté grâce à une vinification 100 % inox, des faibles dosages, le choix de la mise en avant du chardonnay et le tirage sous liège pour les cuvées à long vieillissement sur lie.
Un exemple de cette parfaite maîtrise du chardonnay ? Le tout dernier millésime 2016 de la cuvée Le Blanc de Blancs qui mêle un trio de choc de la Côte des blancs : Chouilly, Oger et Cramant. Sur cette année solaire, le dosage en extra brut passe comme une lettre à la poste. Crémosité, délicatesse, équilibre parfait entre des agrumes plutôt doux, des notes florales et une salinité salivante sans être asséchante, ce champagne à la robe lumineuse est extrêmement séduisant (58 €).
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