Dimanche 22 Décembre 2024
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02.06.2023
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En Champagne, la réflexion sur les coiffes n’a de cesse de progresser. Le problème de la coiffe classique ? Elle est composée d’un complexe aluminium/plastique difficile à recycler. Certains expérimentent la coiffe 100 % aluminium, totalement recyclable, comme la Maison Ruinart qui en a paré sa cuvée Blanc Singulier présentée la semaine dernière. D’autres, on l’a vu à la fin de l’année dernière, sortent les premières coiffes en papier. Emeline De Sloovere, vigneronne sur les coteaux sud d’Epernay, lance une nouvelle solution originale…
Pour l’heure, la coiffe en papier n’est pas encore complètement au point et pose encore des problèmes au niveau de la pliure. Les volumes disponibles ne permettent pas non plus de satisfaire tous ceux qui souhaiteraient s’en équiper. Consciente de l’enjeu environnemental, une jeune vigneronne a décidé de créer un nouveau type de coiffe jouant cette fois-ci non seulement sur le matériau mais aussi sur le minimalisme. La règlementation européenne stipule que le bouchon des bouteilles doit être recouvert, mais elle ne précise pas dans quelle proportion. Avec la disparition de l’obligation d’apposer la vignette CRD, Emeline De Sloovere a donc décidé d’utiliser un « timbre collerette en papier » qui se présente sous la forme d’une simple bandelette. « Nous avons déjà une démarche tournée vers le respect de la nature pour la partie viticole et dans la vinification. Sur la partie Cave à Manger nous travaillons avec des produits de notre jardin ou de notre verger quand la production le permet. Cela me paraissait donc normal d’avoir aussi le moins d’impact possible lors du processus final : l’utilisation de bouteilles allégées et le choix d’une bande de papier au lieu d’une coiffe. » Côté règlementation, les autorités semblent avoir donné leur feu vert. « J’ai contacté la DGCCRF, ils m’ont donné une autorisation orale. »
Force est de constater en regardant le flacon d’Emeline, que la sobriété de l’habillage ne fait que renforcer son élégance. On peut ensuite débattre sur la question des codes du champagne. La coiffe métallique est un élément historique. Même si les autres vins effervescents l’ont imitée, ce sont les Champenois qui l’ont inventée, et lorsque l’on voit une bouteille recouverte d’une coiffe métallique, le premier mot qui vient à l’esprit reste « champagne ». Elle participe ainsi à l’imaginaire collectif magique du produit. La coiffe que l’on déchire constitue également une étape du rituel de l’ouverture de la bouteille de champagne.
En revanche, il est vrai que son rôle se limite aujourd’hui à l’apparat, alors qu’elle avait autrefois une véritable utilité. Au XIXe siècle, alors que la technique du remuage n’était pas encore complètement au point, on trouvait souvent des lies collées au niveau du col. Le manchon de la coiffe servait à les dissimuler. En dehors de l’argument légitime de son aspect traditionnel et décoratif, il n’y a donc plus aucune raison de la rendre obligatoire et elle pourrait bien un jour tout bonnement disparaître. D’ailleurs, certaines maisons pour souligner le fait qu’elles ont eu recours pendant l’élevage sur lie à un tirage liège, emploient pour le bouchon d’expédition une agrafe qu’elles mettent en valeur en utilisant une coiffe en plastique transparente. Celle-ci n’a déjà plus rien à voir avec les codes initiaux du champagne.
La pose est pour l'instant assez artisanale, mais elle ne devrait pas être très difficile à automatiser. « Cette bande a été conçue par mes soins, du dessin à la réalisation de l’habillage. Toutes les bandes sont apposées à la main ce qui multiplie par trois le temps imparti à cette tâche. Mais je pense que le jeu en vaut la chandelle. »
Cette initiative coïncide aussi pour Emeline avec le lancement de sa propre marque « Champagne Emeline De Sloovere », présentée pour la première fois il y a quelques mois à Wine Paris. Des cuvées dont la vinification est aussi minimaliste que sa coiffe (très peu de SO2, dosage en Extra Brut…) ! Elles s’appuient sur les 8 hectares de la famille répartis entre les Coteaux sud d’Epernay, la Vallée de l’Ardre, la Vallée de la Marne et la Côte des blancs, pour proposer des assemblages presqu’exclusivement composés de chardonnay et de meunier.
https://www.champagne-deslooverepienne.fr/61754dc522f443001697316c
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