Vendredi 29 Novembre 2024
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11.01.2024
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Avec la cuvée « Signature B016 », la Maison Jacquart nous montre tout l’intérêt de persister davantage sur le vieillissement sur lie des bruts sans année pour rendre la signature du millésime qui sert de base plus évidente encore !
« Jacquart », le nom à lui seul évoque tout un univers, il est l’homonyme de ce fameux « métier Jacquard » sur lequel s’échinaient les canuts lyonnais pour produire les indiennes qui recouvraient les épaules des bourgeoises endimanchées au XIXe siècle. Dans son hôtel particulier de la belle Epoque, trônant sur le boulevard Lundy à Reims, la Maison Jacquart renvoie tout à fait à cette période de raffinement et d’élégance. Ses cuvées sont le fruit du savoir-faire réuni de deux grandes coopératives, l’Union auboise et la COVAMA. Pour découvrir toute la subtilité du style de ses vins, la cuvée « Signature » est sans doute la meilleure porte d’entrée. Elle vient proclamer haut et fort ce que les Champenois savent depuis longtemps : le brut sans année n’est pas une simple entrée de gamme, l’assemblage peut lui aussi produire de grands champagnes de garde ! Le principe est simple : le comité de dégustation composé de Joëlle Weiss, Michel Parisot, et Yann Munier, décide pour certaines bases ayant servi à l’élaboration de la cuvée Mosaïque, le BSA classique de la maison, d’en prolonger le vieillissement sur lie de deux ans. Ce principe était déjà fréquent chez certaines grandes cuvées spéciales millésimées en Champagne qui connaissent souvent deux sorties distinctes correspondant à deux stades de maturité, mais plus rarement sur les BSA.
Joëlle Weiss explique : « nous avons décidé de prolonger le vieillissement sur lie parce que nous nous sommes aperçus que l’assemblage de notre brut sans année avait de la profondeur, de la complexité. D’ailleurs, si on l’appelle Mosaïque, ce n’est pas pour rien ! Cette cuvée réunit entre 300 et 400 vins dont 25 à 35 % de vins de réserve. Nous goûtons tout à l’aveugle, un travail qui nous prend trois mois. Pour la cuvée Signature, en allongeant le vieillissement de certaines bases de Mosaïque, on aboutit à une réalité augmentée. On a toujours la fraîcheur aromatique du chardonnay, mais avec un côté plus voluptueux, plus rond, plus profond, qui a ouvert à Jacquart les portes de la gastronomie. Lorsque l’on élève un brut sans année pendant cinq ans, on s’aperçoit que la personnalité du millésime de base ressort davantage. La comparaison qui me vient à l’esprit est celle du baccalauréat. Les élèves qui sortent du bac se ressemblent tous un peu, mais cinq ans après, les différences sont beaucoup plus marquées ! C’est la raison pour laquelle il nous a paru pertinent de préciser l’année de la base sur l’étiquette, pour cette nouvelle édition 2016 (« B016 »)."
Quid des caractéristiques de ce millésime ? « C’est une année où les rendements étaient relativement faibles, 9100 kilos/hectare, avec, par conséquent, beaucoup de concentration. C’est la raison pour laquelle, contrairement à d’autres bases, on n’a pas eu besoin de recourir à la réserve perpétuelle. » Le détail de l’assemblage ? « 40 % de chardonnay, 35 % de pinot noir, 25 % de chardonnay. Pour les chardonnays, la Côte des blancs domine, avec un axe assez fort sur Vertus. Nous complétons avec la Montagne, Villers-Marmery en particulier, le Mont de Berru aussi (butte témoin de la Montagne), dont on apprécie les notes un peu herbassées au sens noble du terme (oseille, basilic, aneth). Si ce cru peut être caractériel, son apport en assemblage est très intéressant. Nous avons aussi des approvisionnements historiques dans l’Aube : Montgueux bien-sûr, mais aussi la vallée du Landion. Ces chardonnays sont plus ronds, plus crémeux, ce qui va permettre d’amener un peu d’enrobage et de gras sur l’arrête vive des chardonnays de la Côte des blancs. Je n'oublie pas enfin le chardonnay de la Vallée de la Marne, où le cépage est de plus en plus présent et offre de belles expressions. Ensuite, nos pinots noirs ont pour vocation de mettre en valeur le chardonnay. Voilà pourquoi ils doivent être élégants. Nous recherchons des noirs sur la tension, la fraîcheur, avec des petits fruits vifs comme la groseille. La structure ne doit pas être écrasante. Lorsque l’on a besoin de plus de chair, on va chercher des meuniers pour lesquels nous disposons de magnifiques approvisionnements. Si vous voulez des meuniers plus structurés, il faut aller plus en amont de la vallée de la Marne, vers Epernay, vers l’aval, ils seront plus fruités et ronds. »
Le résultat? Une très belle cuvée qui s’ouvre sur des agrumes encore vifs avec une pointe toastée assez affirmée que l'on ne retrouve pas avec la même intensité dans Mosaïque. Le must ? Servir ce champagne bien frais à l’apéritif et garder la même bouteille sur tout le repas en la laissant se réchauffer pour que se révèlent les arômes plus mûrs et voluptueux de fruits cuits, d’écorce séchée qui accompagneront à merveille une volaille en sauce…
Prix recommandé : 35 €
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