Champagne Lombard : goûter les terroirs 

Champagne Lombard, dirigé par Thomas Lombard depuis 2017, revendique une approche « terroir » dans une gamme éponyme dédiée. Afin de nous prouver le bien-fondé de la démarche, nous avons assisté à une reconnaissance terroir pour identifier ce qui, dans le sol, influence le goût du champagne. 

L’image d’Epinal du moine cistercien qui goûte la terre évoque davantage la Bourgogne que la Champagne. Qu’à cela ne tienne, Thomas Lombard assume cette influence bourguignonne. Et, faute de moine, c’est à Geoffrey Orban, fondateur d’Educavin, qu’il confie la mission d’explorer la pédologie du terroir avec, à l’appui, une dégustation géo-sensorielle. 

Voir, toucher, sentir et goûter le terroir

Pour vérifier que c’est bien le terroir qui s’exprime à travers les vins, rien ne vaut une approche in situ. A Chouilly, Geoffrey Orban commence par repérer la ligne de crête et ses pentes modelées par l’érosion du calcaire. Grand cru de la Côte des blancs, c’est bien de la craie que l’on s’attend à trouver. Pourtant, selon la parcelle : l’exposition, le vent, le ravinage, le forage ne « tutoie pas le toit de la craie » de la même façon. Au lieu-dit « la Vigne Bouillet », Geoffrey Orban expose la différence entre la géologie : bien cartographiée, et la pédologie : là où les racines s’enfoncent dans le sol. A mesure qu’il creuse, les couches deviennent de plus en plus claires ; on se rapproche du calcaire. Autre indice sur la composition aromatique du vin : le système racinaire susceptible de se nourrir des éléments identifiés. Aussi, le Chouilly de la vigne Bouillet s’avère plus charnu qu’un assemblage de la Côte des Blancs parce que la craie dans laquelle tracent les racines sont emprisonnée dans des matrices de limons argileux. L’expression « terroir argilo-calcaire » aurait sans doute été un peu lapidaire, surtout quand on revendique un choix parcellaire. En tout, à « la Vigne Bouillet », trois strates se distinguent. Au toucher, on évalue, selon les couches, la proportion de limons, plus frais, et la qualité de la craie dont on reconnaît la finesse lorsqu’elle se dépose sur les doigts en fine pellicule, comme du talc. En ajoutant de l’eau à l’échantillon de terre (dans un verre de dégustation, bien sûr), la décoction rend ce que l’on retrouve dans le vin : des arômes plus chauds, épicés et salins. Geoffrey Orban l’assure : « il m’est arrivé de goûter la terre pour mieux me rendre compte de l’influence du sol sur le vin ». Avis aux amateurs… 

La gamme terroir : une approche vigneronne du champagne 

La succession est souvent un moment d’inflexion dans la trajectoire des entreprises. La Maison Lombard ne fait pas exception. Ainsi, Thomas Lombard cultive la valeur de son héritage dans une approche terroir ; une voie encore peu empruntée dans un vignoble septentrional qui doit sa réputation à l’art de l’assemblage. Toutefois, ce parti pris n’est soutenable que si le terroir s’y prête. Sur le lieu-dit « la Vigne Bouillet » à Chouilly, on retrouve la minéralité des vins de la Côte des blancs alliée à la complexité des amères (agrumes, agrumes confits) que confère ce terroir plus riche. Cette valorisation spécifique des terroirs modifie la relation avec les vignerons dont le rôle n’est pas dilué dans un assemblage. D’apporteurs de raisins à partenaire, Thomas Lombard redéfinit une relation : « L’approche terroir est l’occasion de créer une relation privilégiée avec le partenaire. C’est une manière de montrer l’intérêt et le respect que nous avons pour son travail à la vigne, qui sera valorisé par une vinification isolée. L’échange peut donc continuer au-delà de l’achat du raisin. Les viticulteurs passionnés sont très sensibles au fait de pouvoir suivre « leurs » raisins en vin clair puis en champagne. C’est un équilibre de confiance mutuellement enrichissant qui nous pousse vers la qualité. »

Champagne Lombard se réserve l’initiative de ces cuvées en fonction des millésimes, des terroirs et de l’âge des vignes ; le racinaire étant déterminant pour la complexité du vin. Reste que se passer d’assemblage et de vin de réserve s’avère audacieux dans ce vignoble septentrional : sans doute une meilleure connaissance des terroirs et le réchauffement climatique contribuent à rendre possible cette démarche singulière qui inspire de plus en plus les champenois. 

Retrouvez les cuvées de la gamme terroir (89€95/bouteille) sur la boutique dédiée : boutique.champagne-lombard.com