Jeudi 21 Novembre 2024
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15.09.2023
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Le décès de quatre vendangeurs en Champagne fait la une de la presse. Sans qu’un lien direct ait pour l’instant été établi, la vague de chaleur des premiers jours a sans doute joué un rôle. Un vigneron de la Côte des blancs, Léo Allais-Pernet, pour parer à ces conditions difficiles, a fait le choix dès le début de la vendange de cueillir de nuit, un vrai confort pour ses saisonniers, et un atout pour la qualité des vins.
Le champagne Pernet & Pernet qui sortira ses premières cuvées certifiées bios dans les mois prochains, représente 9 hectares à Vertus, Bergères sur Vertus, Ambonnay, Bouzy et Tauxières. Avec les chaleurs de plus en plus fortes au moment des vendanges, Léo Allais Pernet réfléchissait à la solution d’une cueillette de nuit depuis déjà quelques années. « J’aurais voulu me lancer en 2022, mais c’était plus compliqué. Cette année, c’est venu tout seul. Le premier jour, j’ai vu que les conditions pour les vignerons étaient vraiment très dures. Si bien que dès le deuxième jour on a décidé de commencer la cueillette à 4 heures. Grand bien nous a pris, car on commençait à voir les pompiers à droite, à gauche. Le troisième jour, on a débuté encore plus tôt à 2h30 pour terminer à 13h, cela pendant six jours, jusqu’à l’arrivée de la pluie qui a rafraîchi les températures. Nous avons la même équipe de saisonniers depuis trois ans. Ils ont un esprit un peu punk, aussi la nuit, ils étaient dans leur élément. On ne se rend pas compte mais couper dans l’obscurité à la frontale, c’est vraiment un autre exercice. Il n’y a rien pour vous perturber. Le vendangeur est beaucoup plus concentré. Il n’y a que le raisin, le sécateur, le seau. Comme nous avions tout effeuillé, il était plus facile de trouver les grappes. » Sans parler du côté magique « Couper au clair de lune représente une expérience extraordinaire. Et quand les vendangeurs voient le soleil se lever sur les vignes, cela redonne de l’énergie à tout le monde. » Inutile de préciser que les vendangeurs étaient ravis de travailler à la fraîche, avec une température de 15 degrés au lieu de 35 degrés en pleine journée, même si cela leur a valu la visite des gendarmes, intrigués par ces cueilleurs de nuit qu’ils ont pris pour des voleurs de raisin.
Un premier galop d’essai qui s’avère ainsi très positif et beaucoup plus facile à mener que Léo ne l’avait envisagé. « Tout au plus a-t-il fallu s’équiper de gros projecteurs pour pouvoir s’occuper convenablement des caisses et les ramener. Mais logistiquement, je pensais que ce serait plus compliqué. »
Cerise sur le gâteau, non seulement cette approche protège la santé des travailleurs, mais elle préserve aussi le raisin. « Le modèle champenois veut qu’il y ait davantage de vignerons vendeurs au kilo que de vignerons qui font leurs vins. Lorsque l’on fait soi-même son vin, on est forcément plus sensible aux conditions dans lesquelles le raisin arrive au pressoir. En cueillant le jour, j’ai des collègues qui n’arrivaient même pas à refroidir leur cuve tellement le raisin arrivait chaud, avec des jus à 25 degrés, quand les nôtres étaient à 15. La chaleur favorise l’oxydation mais aussi le développement de mauvais germes qui vont obliger à sulfiter davantage. Enfin, le raisin noir qui macère risque de tâcher les jus. J’ai hâte de voir la différence que ce choix va produire sur nos vins. On soulignera au passage l’aspect écologique lié à l’économie d’énergie dans les cuveries. » En attendant, dans le village, les voisins ont trouvé un joli surnom aux vignerons de Pernet & Pernet désormais baptisés « les hiboux » !
Un vignoble en Normandie
Léo n’anticipe pas seulement le changement climatique en adaptant ses vendanges. Il a aussi acquis le château Saint Clair à Étretat en Normandie, lui-même étant à moitié normand. Le sous-sol crayeux ressemblant beaucoup à celui de la Champagne et le climat à celui que connaissait l’appellation au début du XXe siècle, il y a donc planté une quinzaine d’ares de pinot noir et de chardonnay qu’il vinifiera pour la première fois l’année prochaine. Dans cette bâtisse du XIVe siècle qu’il veut dédier à l’œnotourisme, les caves voûtées offrent un écrin parfait pour l’élevage de ses futures cuvées.
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