Samedi 23 Novembre 2024
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02.09.2021
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Alors que le premier dîner Bacchus Business Club se profile, Terre de vins est allé à la rencontre de l’un de ses principaux partenaires, la Maison Charles Heidsieck en Champagne, pour prendre le pouls de ce beau domaine à la veille des vendanges. Stephen Leroux, son directeur général et Cyril Brun, son chef de caves, nous livrent un tableau contrasté entre des ventes en pleine reprise et une vendange compromise par le gel printanier et les pluies estivales.
La Maison Charles Heidsieck accompagne le lancement des premiers dîners du Bacchus Business Club qui auront lieu chaque mois à Bordeaux, Lyon et Marseille. Des rendez-vous incontournables pour ceux qui veulent à la fois développer leurs relations professionnelles et approfondir leur culture du vin. Au programme, la découverte de trois cuvées de ce célèbre champagne rémois : le Brut réserve, le Blanc de blancs et le Rosé réserve. Celles-ci offrent déjà un bel aperçu du savoir-faire de la maison et de son style qui allie avec grâce fraîcheur et complexité. Le défi d’une maison de champagne réside dans sa capacité à le maintenir d’année en année, malgré les caprices que lui réservent la nature.
De fait, en Champagne, les prochaines vendanges s’annoncent difficiles et le domaine de la Maison Charles Heidsieck qui s’étend sur 80 hectares n’a pas été épargné. Certifié HVE depuis 2015, il est basé à 50% dans l’Aube sur la côte des Bar, le reste se divisant entre la côte des Blancs et la Montagne de Reims. La partie auboise est la plus affectée. « Dans l’Aube, le débourrement est toujours un peu plus précoce, les vignes ont donc davantage souffert des gelées printanières. Si la Côte des Bar concentre l’essentiel des dégâts, j’ai pu constater ces derniers jours qu’il y avait en réalité peu d’endroits en Champagne où le gel avait laissé des parcelles indemnes » confie Cyril Brun, le chef de caves de la Maison.
S’ajoutent les conséquences des pluies récurrentes qui se sont abattues pendant l’été : « Nous avons reçu six mois de pluie en un mois et demi, les vignes ont été envahies par l’herbe, mais surtout par le mildiou qui a barbouillé toutes les zones et plus particulièrement la vallée de la Marne sur sa façade Ouest, plus exposée aux pluies. Au domaine, on estime le rendement entre 6 et 7000 kilos/hectare. Ce serait déjà très bien vues les circonstances ! Mais je pense malheureusement que l’on a encore quelques épisodes de pluie à venir dans les quinze prochains jours qui nous séparent des vendanges. Or il y a des foyers de botrytis qui ne demandent qu’à exploser. »
Côté qualité, il est encore trop tôt pour se prononcer. On peut juste constater qu’après un été froid, on devrait avoir une belle acidité, une caractéristique de plus en plus recherchée avec le réchauffement climatique. Entre les différents cépages, il existe des contrastes. Les chardonnays de la Côte des blancs ont, semble-t-il, moins souffert du mildiou. Les vignes sont de ce fait plus chargées et en retard dans leur cycle de maturation d’un degré et demi sur les deux autres cépages. Si ces chardonnays peuvent s’avérer intéressants qualitativement et sortir un peu du lot, Cyril Brun n’envisage pas de les millésimer. « On va plutôt les utiliser pour travailler les assemblages des sans année, on ne fait des millésimes que lorsque l’on est sûr de ne pas dénaturer la gamme non vintage, ici on aura un déficit quantitatif et on aura besoin de ces raisins plus nobles. Je préfère conserver la stabilité de l’assemblage, c’est la voie de la sagesse. »
Une belle reprise des ventes
Côté ventes, en revanche, la reprise est là. « Un peu comme après la crise de 2008, les gens se sont réveillés d’un coup, constatant avec étonnement qu’ils étaient encore en vie et qu’ils pouvaient toujours consommer. Les produits de luxe et les grandes marques de champagne sont souvent les premiers à s’effondrer, mais aussi les premiers à repartir ». La Maison est heureuse de pouvoir honorer ses commandes, le résultat d’une politique courageuse qui a consisté même au moment du coup d’arrêt brutal du premier confinement à ne pas réduire significativement ses tirages. « En réalité, c’est la quatrième année où nos tirages sont plus importants que nos ventes de façon à pouvoir préparer le développement de Charles sur le long terme et devenir le premier des champagnes de niche. Comme tout le monde, nous avons connu une année difficile en 2020, mais notre redécollage est rapide, car nous sommes une petite maison, un peu comme un Hobie Cat, un bateau léger où dès qu’il y a un peu de vent, si on grée bien la voile, on redémarre immédiatement. Nous sommes fiers de nos fondamentaux que nous avons réinstallés et réécrits depuis 2012 grâce à notre nouvel actionnaire (EPI). Si le covid nous avait frappés trois ans plus tôt, il nous aurait été fatal. Mais le travail que nous avions réalisé pour Charles était suffisamment solide, notamment sur le plan de la distribution, pour que les consommateurs l’aient repéré et nous soient fidèles. Finalement, on s’aperçoit après le covid que nos points de distribution sont très précis et que la clientèle est au rendez-vous. »
Premier rendez-vous du Bacchus Business Club Bordeaux le mardi 7 septembre.
Premier rendez-vous du Bacchus Business Club Marseille le jeudi 9 septembre.
Premier rendez-vous du Bacchus Business Club Bordeaux le mardi 14 septembre.
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