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[Champagne Tasting] Les cuvées énigmatiques

Auteur

Lucie
de Azcarate

Date

25.05.2024

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Certains noms de cuvées interpellent et sont difficiles à décrypter. On serait tenté d’attribuer l’originalité à un coup marketing, toutefois le nom lorsqu’il est explicité prend tout son sens. Démonstration avec la cuvée Ouvrage du Champagne Lallier et le Champagne Bolieu.

L’Ouvrage de Lallier
Le champagne Lallier, situé Aÿ en Champagne, se donne pour mission de faire une vinification « haute couture » dont la cuvée Ouvrage est l’expression la plus aboutie. De la vigne à la mise sur le marché, il s’agit de se ménager les meilleures options à chaque étape. Au moment des vendanges, les deux meilleures parcelles de l’année sont identifiées, isolées, en fonction de leur potentiel et de leur complémentarité. Vinifié en partie en barriques pour apporter du boisé et de la structure, le tirage est ensuite bouché par du liège afin d’avoir plus de précision dans les échanges gazeux lors d’un vieillissement de minimum cinq ans. Après un dégorgement, à la volée, le dosage de 4 g/l vient compléter l’ensemble sans l’écraser. À l’image d’une pièce de maître, le travail artisanal permet de magnifier le vin qui s’exprime tout en délicatesse.

L’équilibre de l’assemblage s’obtient avec 65 % de pinot noir d’Aÿ et 35 % de chardonnay d’Oger, deux terroirs emblématiques de la maison. La couleur dorée, pâle, est à peine troublée par une légère effervescence. Le nez discret s’exprime sur la minéralité puis sur des notes citronnées. En bouche, la bulle fine, délicate, ne masque pas la complexité aromatique des saveurs beurrés et de citron confit en fin de bouche. Sarah Durand, Global Brand Ambassador de la Maison, le résume ainsi : « C’est un champagne complexe, mais pas sur l’opulence, au contraire nous recherchons la finesse et l’élégance. »

Champagne Bolieu : la généalogie des noms
Chez Laurence et Charles Baffard, les noms, que ce soit pour la Maison et les cuvées, ne doivent rien au hasard ou à l’artifice marketing. Le nom de leur marque, Bolieu, s’appuie sur la généalogie. Beaulieu vient des fondateurs et intègre dans sa nouvelle orthographe le « o » de Ortillon, le nom de jeune fille de Laurence Baffard, associé au « b » du nom de son mari.

Pour les cuvées, le même souci du détail est à l’œuvre. Pépin de vigne, leur brut sans année, composé de 70 % de chardonnay et de 30 % de pinot meunier, souligne la présence de ce dernier, peu attendu sur le terroir des coteaux vitryats, plutôt propice au chardonnay. Cette proportion raisonnable d’un « pépin de folie » apporte un équilibre inédit sur le fruité et une persistance légèrement amère. Fleur de craie, la cuvée 100 % chardonnay a l’expression que l’on attend sur la minéralité et le côté salin. Pourtant, elle exprime aussi une particularité propre aux coteaux vitryats où la craie a piégé des veines d’argile qui enrichissent le terroir. On retrouve cet apport sur une fin de bouche arrondie. Enfin Cordon de rosé fait référence au cordon de mousse qui s’entend sur le bord du verre lorsqu’on verse le champagne et qui évoque un bracelet.

Pour cette édition de Champagne Tasting, Laurence et Charles Baffard ont associé de nouveaux prénoms à leur histoire : deux de leurs enfants sur les trois, Sarah et Térence, étaient présents pour présenter les champagnes. Et même si Laurence Baffard regrette l’absence d’Axel, l’implication de ceux présents la ravit : « Voir que la relève nous épaule efficacement, est un cadeau de fête des mères en avance… »