Chanson : extension du domaine bourguignon 

Début juin, Domaine Chanson a présenté à la presse le millésime 2022, tout juste mis en bouteille. Ce fut aussi l’occasion d’évoquer les mutations de la Maison beaunoise : extension du domaine avec 45 ha acquis en 2023 sur la Côte chalonnaise, conversion en bio et nouveaux habillages. 

Chez Chanson, le renouveau passe aussi par le recrutement. Arrivé au Domaine en 2017, Vincent Avenel s’entoure de Justine Savoye, chef de culture, et de Lucy Auger, chef de cave, qui interprètent, chacune dans leur domaine, la partition des climats bourguignons. Pour cette jeune génération, l’inscription des Climats de Bourgogne au patrimoine de l’UNESCO, oblige sans restreindre… 

Au plus près des terroirs 
A l’origine, Chanson est une maison beaunoise en attestent son ancrage au Bastion de l’Oratoire sur les remparts de la ville et son domaine historique composé de 43 ha de vignes situés sur la Côte de Beaune dont certains sur des terroirs de Premiers et de Grands Crus : Beaune, Chassagne-Montrachet, Corton, Puligny-Montrachet, Santenay, Savigny-lès-Beaune et Pernand-Vergelesses. En 2023, le Domaine Chanson, qui appartient au Groupe Bollinger depuis 1999, a acquis le Château d’Etroyes sur la Côte chalonnaise dont les vignes s’étendent principalement sur les terroirs de Mercurey et de Rully. Désormais le vignoble de Chanson compte 88 ha. Les deux tiers sont plantés en pinot noir, et le reste en chardonnay. 

C’est à la vigne que l’enjeu bourguignon de l’expression des terroirs débute. Chanson, comme de nombreux vignerons en Bourgogne, n’attend pas pour adopter des pratiques qui puissent préserver ses climats. 2015 marque l’arrêt de l’emploi d’herbicides, 2016 la certification HVE. 2024 sera le premier millésime certifié AB pour les vins de la Côte de Beaune, il faudra attendre 2028 pour que les vins issus des vignes chalonnaises, récemment acquises, obtiennent la même reconnaissance. Pour Vincent Avenel, il ne s’agit pas d’une course à la certification : « Nous faisons beaucoup pour préserver nos vignes, les conduire de manière raisonnée et nous nous sommes rendus compte que, dans ces conditions, nous pouvons briguer une certification AB. Nous aurions tort de nous en priver. » Dans cette même perspective, Justine Savoye anticipe les enjeux de demain. Elle pilote un travail minutieux adapté à chacun des climats et renouvèle progressivement l’encépagement. La date de début des vendanges, qui se dérouleront pendant quinze jours, tient compte non seulement des maturités sur un climat mais aussi de l’âge des vignes. Un travail de précision qui se prolonge à la cave… 

A la cave, limiter les interventions pour révéler les terroirs
Si la vinification parcellaire est l’art séculaire qui révèle les climats, sa technique ne cesse de s’affiner. Lucy Auger, Chef de Cave depuis 2020, en a bien conscience ; ses choix sont guidés par le respect des terroirs. Sa démarche sur-mesure s’applique également pour l’élevage des vins avec un choix réfléchi de tonneaux en fonction des grains du bois et des chauffes afin de sublimer les vins et de ne pas les écraser. Fait rare en Bourgogne : avant leur mise en bouteille les vins ne sont pas filtrés afin de préserver leur structure avec le moins de manipulations possibles. Toutes ces mesures, consenties à la vigne comme à la cave, trouvent une juste traduction sur une nouvelle étiquette qui joue la transparence, de plus en plus usitée dans les grandes maisons. Soulignés par une typographie en gros caractère, sobre, les climats sont mis avant. Sur l’étiquette figurent aussi : la taille de la parcelle, l’exposition et la nature du sol, le temps d’élevage ; autant de preuves d’une approche parcellaire méticuleuse. 

Le millésime 2022 chez Chanson 
En Bourgogne, le millésime 2022 a permis de constituer des stocks plus importants que sur les précédents 2020 et 2021 marqués par le stress hydrique. La campagne n’était pourtant pas de tout repos : qualifiée d’intense, entre gel, canicule et sécheresse, c’est le débourrement tardif qui a permis de préserver les rendements du gel d’avril. Malgré des conditions chaudes en été, les arômes de fruits frais, gages de vivacité, lui offrent en bel avenir. Tous les vins du millésime 2022 vinifiés par le Domaine Chanson témoignent d’une maîtrise toute en nuances de la vinification : pas de boisé outrancier ou de vins sur l’alcool comme c’est désormais l’écueil avec le réchauffement climatique.

Terre de Vins a aimé :  
Beaune Premier Cru | Clos des Marconnets 2022 (58€70 TTC )
Belle robe, soutenue, sur le rubis. Le premier nez discret se révèle sur un caractère floral puis, après aération, c’est le sucré de la fraise mara des bois qui domine avec la chaleur d’une légère pointe d’alcool. L’attaque est riche et le velouté de la trame serrée des tanins qui s’installe déjà en milieu de bouche s’affinera avec le temps. Ce vin généreux laisse un souvenir légèrement épicé signe d’une belle maîtrise de l’élevage sous bois.
A réserver pour une belle pièce de viande rouge rôtie.

Pernand-Vergelesses Premier Cru | En Caradeux 2022 (58€70 TTC )
Ce Premier Cru « En Caradeux » de Pernand-Vergelesse, bénéficie des mêmes avantages géologiques que Corton-Charlemagne avec une exposition au nord. La version du Domaine Chanson atteste d’une préservation à la mode bourguignonne de la fraîcheur en lui alliant le gras des bâtonnages et le toasté léger de la pièce. C’est un vin aux reflets or pâle. Au nez, les arômes légèrement torréfiés de l’élevage soutiennent des fragrances de fruits à chair blanche. L’attaque souple, déjà ronde laisse place à une belle minéralité, saline et sapide sur le citron.
Pour sublimer la chaire délicate d’une sole meunière.