Mardi 3 Décembre 2024
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01.10.2021
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De Jean-Michel Bonfils, leur grand-père, à Agathe, Alexandre, Quentin, Louis et Thomas, en passant par Laurent et Jérôme, trois générations de Bonfils ont inauguré jeudi 30 septembre le complexe hôtelier et œnotouristique du Château Capitoul sur le massif de la Clape.
8 chambres au château (de 230 à 350 €/nuit en automne), 44 résidences hôtelières (300 à 560 €/nuit pour un hébergement de 4 à 8 personnes, avec ou sans piscine privée chauffée, et un minimum de 3 nuits), un restaurant gastronomique, Mediterraneo, qui vise l’étoile, un restaurant grill Asado, un spa les Cinq Mondes… « Quel chemin parcouru depuis le château Haut-Lirou en 1962 » constate Laurent Bonfils au moment d’inaugurer le complexe hôtelier et bien-être du Château Capitoul.
Pas de nostalgie dans cette famille qui a quitté l’Algérie en 1962 et qui travaille le vin depuis 1870 (Honorine Bonfils avait eu l’intuition de planter des vignes greffées contre le phylloxéra près d’Oran). « Les premiers mots qu’on m’a appris en arabe c’est "li fet met", le passé est mort. Ce qui nous fait avancer, mon père, mes frères et moi, ce sont nos enfants », résume Laurent Bonfils. Ils sont là : Thomas, ambassadeur de la marque aussi actif que passionné, Agathe qui a dessiné le caveau de Capitoul, Quentin qui rejoint le groupe à l’export, Louis et Alexandre qui vinifient à Saint-Pierre de Serjac... Très concrètement, ces derniers « nous ont fait lancer un vin orange ! On n’y croyait pas, on pensait que c’était une mode trop niche. Il est maintenant référencé à la SAQ ! » s’exclame Jérôme, le frère de Laurent.
Trois châteaux, autant d’ambassades de la région
Avec 17 domaines à travers le Languedoc et le Roussillon, la famille Bonfils dessine une carte de l’œnotourisme de luxe dans la région. L’association Domaine et Demeure compte pour l’instant trois châteaux : les Carasses à Saint-Chinian (34), Saint-Pierre de Serjac entre Béziers et Pézenas et Château Capitoul. Chacun a adopté la formule des villas hôtelières prévendues. L’irlandais Karl O’Hanlon a inauguré le concept aux Carasses en 2012. Une clientèle aisée achète sa villa sur plan, y gagne d’y passer un temps convenu sur l’année, le reste du temps la villa est louée par le château qui en assure la gestion et l’entretien. Coût estimé de l’investissement pour le Château Capitoul, 40 millions d’euros de l’acquisition aux derniers aménagements, financés par la levée de fond des achats sur plan et sans aide publique « mais avec l’aide constante des autorités publiques, qui nous ont plus que soutenus, vraiment encouragés » précise Laurent Bonfils.
Les clients sont anglais, australiens ou suédois « nous n’avons qu’un hôte français et il vit à New York ». S’ils n’achètent pas tous une villa dans chaque château (mais certains l’ont fait), ils voyagent de l’un à l’autre : « c’est devenu courant : un client passe quinze jours en Languedoc, la première semaine dans sa villa pour se reposer, la deuxième entre les deux autres châteaux pour visiter », résume Darren Kennedy, directeur du marketing, des réservations et de l’œnotourisme au Château Capitoul.
La formule s’adapte à chaque lieu : à Capitoul, où l’eau est rare et le vent fort, Anita O’Hanlon, l’épouse de Karl, a prélevé des plantes du massif de la Clape pour les faire greffer par Olivier et Clara Filippi, pépiniéristes à Loupian, spécialistes des jardins secs. 65 000 plants de diverses essences ont été plantés, protégés du vent et de l’évaporation de l’eau dans de petits puits creusés dans le sol (qui rappellent les vignes des Canaries). Les piscines sont chauffées mais « elles ne connaîtront qu’un seul remplissage de toute leur vie » grâce à un système d’auto-nettoyage étudié, précise Laurent Bonfils.
Le pas ultime pour le vin : le lien émotionnel
La suite ? L’Esparrou à Canet-en-Roussillon, avec l’objectif d’en faire « une résidence d’artistes, sa vocation de départ, et de le doter d’un restaurant bohème ». Au-delà, chacun des 18 domaines de la constellation Bonfils a la personnalité qui lui permettrait d’entrer à son tour dans l’association Domaine et Demeure. Si la parenthèse du négoce ouverte en 2006, fermée en 2013, reste bien close, Laurent Bonfils ne s’interdit aucun projet d’acquisition de nouveau domaine.
« Mon rêve pour l’avenir c’est un client qui se réveille à Paris, New York, Londres ou Bruxelles et qui dit à son épouse "chérie, on part passer trois jours en Languedoc" et qui vient chez nous car il sait qu’il trouvera le bonheur d’être sous le soleil, dans le vent et la lumière de la région dont nous nous faisons les ambassadeurs. Notre métier c’est la vigne et le vin. La qualité est irréprochable et avec l’œnotourisme nous franchissons le pas ultime pour le vin, celui du lien émotionnel entre nos clients et nos châteaux. »
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