Samedi 21 Décembre 2024
Matthieu Arroyo, directeur technique, Solène Loutter, directrice marketing, communication et hospitality, et Julie Naud-Raillard, directrice finance, administratif et RH forment le trop à la direction du château d'Arche
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18.07.2024
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L’homme d’affaire belge Philippe Boël, avait acheté, en 1996, le château d’Arche, classé second cru en 1855. Ce discret propriétaire est décédé en janvier 2024, laissant ses deux filles Caroline et Nathalie à la tête du château. Après un temps d’observation, celles-ci ont fixé le cap pour le château et ont mis en place une direction originale.
Sous la gouverne de Philippe Boël, le château est passé d’une surface de 50 à 90 ha de terres viticoles dont 75 sont plantées actuellement. Le château avait entamé en 2019 sa conversion en bio. 22ha étaient certifiés en 2023 et tout le reste était en 3ème année de conversion. Un projet qui s’arrête net cette année. « J’ai demandé aux héritières de stopper cette conversion pour limiter les pertes de production et pérenniser l’entreprise » dit Matthieu Arroyo le directeur technique. « Le cahier des charges est trop restrictif par rapport au changement climatique que nous observons actuellement. On a toujours dit qu’en bio on pouvait perdre une récolte sur cinq. Ces dernières années on est au-delà ». Les châteaux viticoles du sauternais, avec leurs faibles rendements situés autour de 10hl/ha en moyenne, sont fragiles par nature. C’est d’autant plus vrai que, ces dernières années, ils ont connu des épisodes de gel et de mildiou dont la fréquence augmente avec le changement climatique et qui les rendent encore plus vulnérables. En outre, la lutte en bio contre le mildiou est compliquée sous un climat océanique. Mais cette décision d’abandonner le bio n’altère pas la motivation de Matthieu Arroyo.
Si la certification en bio n’est pas tenable, l’objectif d’expérimenter et d’innover, de respecter la terre et le pied de vigne reste. Une parcelle de 1 ha de floréal a été plantée en 2022, un cépage proche du sauvignon par sa fraicheur et ses notes aromatiques. Matthieu souhaite le vinifier en liquoreux : « ça pourrit bien » (NDLR : la pourriture noble, botrytis cinerea valorise la baie en la déshydratant). Mais ce cépage n’étant pas dans le cahier des charges du Sauternes, ce sera donc en « vin de France » : 1ère production en 2024. « C’est un cépage résistant au mildiou et à l’oïdium. Et puis, avec cette parcelle, on voulait prouver qu’on peut faire de la viticulture à côté du village : pas de traitement phytosanitaire ni insecticides donc ». Outre les semis de céréales et de légumineuses entre les rangs de vigne, le château d’Arche expérimente, la culture du safran. « Et pourquoi pas des légumes ? » se dit Matthieu. Mais la vigne reste une des préoccupations majeures, et plus particulièrement sa taille. C’est pourquoi, depuis 3 ans, l’équipe est accompagnée et formée par les maîtres tailleurs italiens de chez Simonit & Sirch pour réfléchir au nombre de bourgeons à laisser à chaque taille en vue d’un meilleur équilibre entre rendement et durabilité du plant qu’on souhaite amener autour de 80 ans.
D’une manière générale, le château souhaite réduire son empreinte carbone. On trouvera donc dans les vignes des robots, des chevaux et des tracteurs électriques. Tout cela dans l’esprit du label « Bordeaux cultivons demain », un label instauré par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux en 2021 et basé sur une démarche collective de développement durable.
Depuis cette année, c’est à trois que le château est dirigé : Matthieu Arroyo, directeur technique, Solène Loutter, directrice marketing, communication et hospitality, et Julie Naud-Raillard, directrice finance, administratif et RH. Il n’y a donc pas de directeur général. Un triumvirat qui pilote la propriété et qui est force de proposions pour les propriétaires qui prennent les décisions stratégiques.
Depuis quelques années la gamme des vins s’est élargie, notamment grâce au nouveau chai de vinification inauguré en 2019. 0n appréciera particulièrement Arche Perlée, Brut Blanc de Blancs, élaboré sur une base de 50 % sauvignon et 50 % de sémillon et selon la méthode traditionnelle (deuxième fermentation en bouteille). Le château ajoute au dégorgement une liqueur de dosage à base de Château d’Arche (Sauternes). Nez de gelée de framboise, liqueur de sureau, groseille à maquereau. La bouche se montre flatteuse, ronde et fruité (mirabelle et toujours la gelée de fruits rouges). 16,50 €. A découvrir.
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