Dimanche 22 Décembre 2024
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22.03.2021
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Après trois ans de travaux, le château Figeac, Premier Grand Cru Classé ‘B’ de Saint-Émilion, dévoile ses nouvelles installations : réunissant cuvier, chais, bureaux, lieux d’accueil pour les amateurs et les professionnels, cet ensemble s’inscrit dans la tradition d’exigence et d’élégance qui est celle de la famille Manoncourt depuis plusieurs générations.
En 1972, Thierry Manoncourt était l’un des premiers dans le vignoble bordelais à moderniser radicalement les installations techniques de sa propriété, optant notamment pour des cuves inox et un bâtiment optimisé, ouvert vers l’extérieur. Une audace, à l’époque, qui lui avait valu dans la presse le surnom de « pharaon de Saint-Émilion ». Ingénieur agronome, il était un homme prompt à questionner les vérités acquises et à explorer les nouvelles voies de la viticulture pour affiner l’expression des terroirs et la précision de ses vins. Près de cinquante ans plus tard, et onze ans après le décès de Thierry Manoncourt, cette philosophie d’innovation et d’exigence préside encore à Château Figeac.
Tour de force
La dernière preuve en date est la révélation des nouvelles installations techniques du Premier Grand Cru Classé ‘B’, qui ouvrent enfin leurs portes après trois ans de travaux, en lieu et place des anciens chais de 1972*. C’est la conclusion d’un chantier très ambitieux, dont la réflexion avait été entamée dès 2015. D’abord confié à un cabinet d’ingénierie pour définir très précisément le cahier des charges des propriétaires et organiser le concours d’architecte, conçu, dessiné et piloté par l’agence bordelaise A3A, ce projet est un véritable tour de force. Tout d’abord parce qu’il s’inscrit naturellement dans le paysage – classé à l’Unesco – de Saint-Émilion et dans l’environnement de Figeac, qui reste avant tout le lieu de vie de la famille Manoncourt ; ensuite parce qu’il constitue une prouesse architecturale, sans aucune exubérance formelle mais en répondant efficacement à des impératifs techniques, environnementaux et humains ; enfin, parce qu’il vient parachever, si l’on ose dire, le travail de fond qui est accompli depuis plusieurs années par la famille Manoncourt et ses collaborateurs pour remettre Figeac au sommet des grands vins de Bordeaux.
Ce nouveau bâtiment couvre une surface plus de 5 000 m2 (plus du triple des installations précédentes), s’enfonçant dans la « vague » de graves qui borde la maison de la famille Manoncourt, avec deux niveaux inférieurs plongeant à douze mètres sous terre. Réunissant des matières nobles, il joue la carte de la sobriété, dans le style comme dans la performance énergétique et le confort de travail – lumière naturelle y compris en sous-sol, acoustique ad hoc, circulation facilitée des personnes et des équipements, rien n’a été laissé au hasard. Son cuvier gravitaire à l’élégante voûte boisée comporte 40 cuves tronconiques de 10 à 110 hl : 32 en inox double peau, 8 en bois spécialement conçues « sur mesure » par la tonnellerie Seguin-Moreau, pour travailler au plus près du parcellaire et porter au besoin deux millésimes en simultané. Son double chai d’élevage – dont le second, plus profond, habillé d’un bleu quasi royal – peut accueillir au total plus de 900 barriques au sol. L’ancienne cave souterraine de 1972 est réhabilitée en œnothèque, en hommage à Thierry Manoncourt. En surface, les bureaux de l’équipe du château, deux salles de dégustation (dont une, pour le grand public, déployant un double panorama sur les vignes et le cuvier), un espace réceptif incluant une orangerie, une salle à manger privative et une cuisine équipée viennent compléter cet impressionnant ensemble. La partie réceptive sera destinée à une offre œnotouristique pour le grand public qui est en cours de finalisation.
La Formule 1 est relancée
Au-delà du défi que représente cet investissement colossal, a fortiori pour une propriété familiale, les nouvelles installations de Château Figeac inaugurent un nouveau chapitre dans le « renouveau » qui a été engagé à la propriété depuis une dizaine d’années – à commencer par une restructuration de plus d’un tiers du vignoble et un gros travail de sélection massale. En 2015, pendant les primeurs, le directeur général Frédéric Faye comparait encore Figeac à « une Rolls-Royce qui serait restée sous la bâche » ou, pour paraphraser l’œnologue Michel Rolland, à une « Formule 1 qui n’aurait besoin que de quelques réglages pour gagner les fractions de seconde qui lui manquent ». Depuis le millésime 2014, les réglages ont été plus que peaufinés, et Figeac s’est imposé – de nouveau – comme l’une des marques incontournables dans la galaxie des grands crus bordelais. Rien d’étonnant à cela : avec son terroir identitaire de graves günziennes aux sous-sols argileux et son encépagement singulier où le cabernet sauvignon et le cabernet franc se taillent la part du lion face au merlot, celui que certains considèrent comme « le plus médocain des saint-émilions » dispose d’un potentiel exceptionnel.
C’est ce potentiel que Thierry Manoncourt avait su deviner dès 1947, lorsqu’il avait repris les rênes – initialement « pour un an seulement » – de ce domaine figurant dans sa famille depuis 1892. C’est ce potentiel, encore, qui est magnifié par une équipe entièrement dédiée à la perpétuation d’une tradition d’excellence : Marie-France Manoncourt, tout d’abord, qui accompagne la destinée du château depuis 1955 ; ses filles Hortense Idoine-Manoncourt et Blandine De Brier-Manoncourt, qui travaillent à ses côtés ; Frédéric Faye, directeur général depuis 2013, présent à Figeac depuis 2002 ; le directeur technique Romain Jean-Pierre, le chef de culture Christophe Lafon, le maître de chai Jean Albino ; ou encore Valmy Nicolas, co-gérant depuis 2013. C’est ce potentiel, enfin, qui positionne de facto cette propriété de 54 hectares d’un seul tenant (41 hectares de vignes), dont la totalité est en « Premier Grand Cru Classé », dans la course à la reconnaissance en ‘A’ dans le futur classement de Saint-Émilion en 2022. Rendez-vous dans un an et demi, sur la ligne d’arrivée.
* Depuis 2018, trois millésimes ont été vinifiés dans des installations temporaires qui seront prochainement démontées.
Photos : Virginie Ohrensstein / Alain Benoit – Deepix / Serge Bois-Prévost / Mathieu Anglada
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