Lundi 23 Décembre 2024
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03.01.2024
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Suau, discret 2ème grand cru classé en 1855, avait été racheté en 1967 par Daniel Biarnes. Seules les vignes avaient été alors reprises. Aujourd’hui, c’est la petite fille, Hélène Biarnes Ballion qui en est la propriétaire. En 2015, elle avait laissé ces vignes, en parfait état, aux bons soins d’Olivier Bernard, propriétaire du domaine de Chevalier (Cru classé de Graves en appellation Pessac-Léognan) qui avait signé pour un fermage de 9 années.
Presque au terme de ce fermage, Olivier Bernard laisse Suau. C’est Romain Garcia, propriétaire du château de Rolland à Barsac, voisin de Suau, qui a signé le 1er décembre 2023 un fermage d’une durée de 9 années : « en dessous de 9 années, on n’est pas obligé de passer devant un notaire » dit-il, « cela enlève des frais ». Mais c’est la prudence qui a aussi dû guider le « preneur » de ce bail rural (ou bail à ferme). « Si tout se passe bien, on reconduira ». Malgré cette prudence, Romain Garcia ne voit dans ce fermage que des avantages.
Une opportunité à saisir
Les vignes, d’une surface de 5,5 ha en production et 1 ha de terres en repos, sont parfaitement saines et ont été bien entretenues. Elles sont dans la force de l’âge (60 ans) et « il ne manque pas de pieds ». Des vignes composées uniquement de sémillon, un cépage que Romain Garcia affectionne particulièrement et qui lui permettra de « révéler la plus pure expression du Sémillon et de produire des vins d’une grande justesse ». Les vins du château de Rolland ont fait leur preuve, mais ce fermage d’un cru classé est « une montée en gamme logique. Il est plus facile d’être dans le classement 1855 que d’essayer de faire un haut de gamme à Rolland » dit-il avec lucidité. La notoriété du classement de 1855 pèse encore lourd dans les décisions et favorise le commerce. Ce sera « un joyau dans la gamme » se plaît à dire le nouveau preneur. Les vinifications se feront juste à côté, dans les chais du château de Rolland. Une commodité appréciable et qui se fera dans les règles rappelées par le Conseil des Grands Crus Classés en 1855. « La traçabilité doit être carrée » rassure Romain Garcia. L’homme a de l’ambition pour ce beau jouet, mais il se donne une année de réflexion pour personnaliser sa nouvelle production.
Un avenir prometteur
L’étiquette autrefois blanche et or avait connu une rupture avec Olivier Bernard qui avait fait de la couleur orange un moyen de bien identifier Suau. Comment sera la nouvelle ? « On y travaille » dit Romain Garcia. Mais cela est un détail car le vin reste central dans le projet : bien sûr « monter en gamme par rapport à Rolland et aussi rester sur du 100 % sémillon », le cépage phare de l’appellation. Et d’ajouter : « je ne pense pas faire un deuxième vin liquoreux de Suau mais peut-être plutôt un blanc sec. D’ailleurs, Suau ne faisait pas de Sauternes tous les ans ces dernières années ». Romain Garcia est tenté par cette idée, lui qui aime expérimenter à Rolland des vinifications en blancs secs et qui a décliné une gamme très appréciée. Les sols de graves et d’argiles rouges sur socle calcaire permettront de faire parler son talent.
Mais le liquoreux reste sa raison de faire. « Je suis de Sauternes et je continue fermement à croire en l’avenir et au potentiel des liquoreux » tient-il à rappeler. « La proximité de Suau permettait une évolution naturelle vers le monde des grands crus classés en 1855. Les opportunités de reprendre un cru classé ne courent pas les rues. C’est une chance de pouvoir retranscrire ce que je fais à château Rolland dans le monde des grands crus ». Une chance que Romain Garcia n’a pas laissé passer. On attend le millésime 2024 dans nos verres maintenant.
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