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[Cognac ] La jeunesse à l’heure de l’éco-responsabilité 

©BNIC - Stéphane Charbeau

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

10.04.2025

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La réinvention du cognac passe par des pratiques innovantes et responsables que portent toute une nouvelle génération. La preuve en trajectoires. 

Adeline Magère

Fallait-il profiter des deux décennies d’âge d’or du cognac pour engager des pratiques plus vertueuses ou la période de crise qui débute est-elle une aubaine de se mettre davantage au vert avec la baisse des quotas ? Dans tous les cas, de jeunes visages émergent dans le vignoble du cognaçais avec une certaine idée de la viticulture et de la responsabilité environnementale, comme l’atteste Adeline Magère du haut de ses 26 ans, une Charentaise pur jus, tombée dedans toute petite. « Mon père a une petite propriété à côté d’Angoulême, fille de viti j’ai toujours accompagné mon père, il m’a ensuite conseillé de faire des études », confie la jeune femme. Adeline intègre un lycée agricole et obtient un BTS viti-oeno. Ensuite, direction Sup Agro à Montpellier pour une licence sur les enjeux environnementaux, qu'elle effectue en alternance en 2018 avec les Domaines Francis Abecassis qui comptent 450 hectares dans le cognaçais. « Je voulais redorer l’image du cognac et de ses pratiques, Francis Abecassis a validé ma candidature, ensuite j’ai pu devenir œnologue et j’ai intégré la société en tant que winemaker », explique Adeline. Au menu un partenariat avec un apiculteur, fertilisation organique des sols, développer la vie microbienne, limitation du désherbage chimique avec des outils idoines… Plus le fruit sera sain, plus l’eau-de-vie sera pure car la distillation est un phénomène de concentration. « C’est quelque chose d’important aux yeux de Francis Abecassis en misant sur le single estate avec une maîtrise de toutes les étapes de la production du cognac », conclut l’œnologue.  

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Adeline Magère, œnologue et winemaker à Cognac ©DR

Samuel Berthonnaud

Il parle d’abord de chance, la chance que son père ait converti le vignoble familial en agriculture biologique dès les années 2000. La conscience écologique était en place, exit le conflit de génération. Samuel a 33 ans, il a rejoint le domaine situé à Germignac en 2013. Nous sommes en Petite Champagne avec 45 hectares à quoi s’ajoutent 80 hectares de céréales. Samuel apporte de nouvelles méthodes et l’échange est permanent avec le père. « Il me suit dans toutes mes envies, la pratique en bio est une remise en cause permanente, l’idée est d’avoir une constance dans les rendements, j’ai découvert pour cela l’agroécologie », explique Samuel. Concrètement, il s’agit de plantations de haies, de pose de couverts végétaux dans l’idée de faire remonter la matière organique. « Les vignes sont plus saines, on a aussi changé la taille, nous sommes suivis par Marc Gourgues du Groupe Landreau basé à Léoville, les liens sont forts, de confiance, une bonne viticulture est un travail d’équipe », ajoute le vice-président de Vitibio, une association regroupant des vignobles de Charente et de Charente-Maritime qui travaille notamment sur la réduction de l’utilisation du cuivre. Samuel Berthonnaud est également ambassadeur de l’association Pour une Agriculture du Vivant. Le trentenaire se bat pour que l’eau-de-vie biologique soit valorisée, déplorant que les primes environnementales en bio soient à la même hauteur que celles des pratiques conventionnelles. 

tracteur et personnes
Vitibio ©DR

Guillaume Duluc

De ses coteaux de Bellevigne en Grande Champagne, Guillaume Duluc a observé de vrais changements dans l’appellation et ce sur la dizaine d’années depuis son installation comme viticulteur. Guillaume a 36 ans, sa famille est viticultrice depuis des lustres, cinq générations du côté de son père, huit du côté de sa mère. Bac pro, BTS pro au lycée de Montagne-Saint-Emilion puis une licence pro à L’Oisellerie en Charente, autant de diplômes pour revenir au berceau familial. « Avec un passage de quelques mois en Afrique-du-Sud pour faire des vendanges, ma sensibilité à l’environnement se forme au gré de mon éducation, de mes voyages », raconte l’intéressé. Dès 2013, à Bellevigne, Guillaume Duluc modifie les pratiques en mettant en place la certification HVE, en démocratisant les panneaux récupérateurs, en diminuant la largeur des désherbages… Le jeune homme a la chance de débarquer dans une propriété qui récupère déjà l’intégralité des eaux de pluie. « Je travaille sur 90 hectares, je ne suis pas en bio, j’utilise beaucoup de produits bios mais je me réserve des produits traditionnels, parfois la météo n’est pas aussi clémente que nos idéologies et j’ai une économie à tenir avec des salariés qui en dépendent », souligne Guillaume.