Lundi 25 Novembre 2024
©A. Viller pour Terre de vins
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25.11.2024
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La maison de cognac Hennessy, filiale de LVMH, a annoncé la suspension de son projet d'exportation de cognac en vrac vers la Chine, qui avait provoqué une grève massive de près de 600 salariés la semaine dernière.
Cette décision intervient une semaine après l'annonce d'une prochaine visite en Chine du Premier ministre Michel Barnier pour aborder la question des surtaxes imposées aux brandys européens par Pékin, en riposte à une procédure similaire de Bruxelles sur les voitures électriques produites en Chine.
« La Maison a décidé de suspendre le projet-test d'envoi de vrac de cognac (…) tout en suivant de très près l'évolution de la situation politique et diplomatique », précise l'entreprise dans un communiqué. Hennessy, filiale du groupe de luxe LVMH et leader du marché, prévoyait d'expérimenter l'export en cuve de son cognac afin de contourner des surtaxes évaluées à 35 % sur les bouteilles vendues en Chine.
« C'est une suspension et non un arrêt, aujourd'hui le sentiment qui est partagé par les salariés, c'est surtout un sentiment encore mitigé », a réagi auprès de l'AFP Matthieu Devers, délégué CGT. « La maison laisse place aux négociations politiques, suspend, mais le projet n'est pas abandonné. On a toujours cette épée de Damoclès au-dessus de la tête », prévient-il alors que les syndicats craignent que cela se traduise à terme par des délocalisations et suppressions d'emplois en France. Malgré cette suspension, l'intersyndicale maintient sa journée de mobilisation jeudi à Cognac, a confirmé à l'AFP Matthieu Devers.
De son côté, la Maison « dément formellement tout projet de délocalisation de sa production ». Et précise que « les vendanges, la distillation, la maturation en fûts de chêne, l'assemblage… seront toujours réalisées à Cognac, avec un maintien de [son] approvisionnement en matières sèches (bouteilles, étiquettes…) dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui sans aucun impact sur l'emploi des salariés de la Maison ».
La filière du cognac (72 500 emplois en France) est ultradépendante des exportations, qui représentent 98 % de ses ventes, pour un montant de 3,35 milliards d'euros, avec comme premier client les États-Unis (38 % des expéditions), devant la Chine (25 %).
Depuis le 11 octobre, la Chine exige des importateurs de brandys européens, incluant le cognac qui en représente 95 %, de fournir une caution ou une garantie bancaire, une mesure qualifiée d'antidumping par Pékin. Ce bras-de-fer a conduit l'UE à saisir lundi l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester ces pratiques considérées comme une mesure de rétorsion à ses propres surtaxes imposées sur les véhicules électriques chinois.
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