Samedi 21 Décembre 2024
©Eva Bronzini
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Date
22.05.2024
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Les producteurs charentais n’ont pas été rassurés par les promesses du président Xi Jinping, début mai, à Paris. Ils formulent aujourd’hui leurs « plus vives inquiétudes »
Le 6 mai 2024, les producteurs de cognac attendaient beaucoup de la rencontre entre Emmanuel Macron et Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine reçu en grande pompe à Paris. Ils espéraient que les discussions entre les chefs d’Etat aboutissent à la suspension d’une enquête anti-dumping visant le cognac et les eaux-de-vie de vins européennes à Pékin. Las ! Ce ne fut pas le cas…
Toutefois, Xi Jinping aurait promis qu’aucun droit de douane supplémentaire ne serait levé à titre conservatoire avant la fin de la procédure. C’est tout du moins ce qu’Emmanuel Macron laissait entendre lors d’une conférence de presse avant le dîner d’Etat, en remerciant son homologue de « son ouverture quant aux mesures provisoires sur le cognac français et son souhait de ne pas les voir appliquées ». La déclaration, reprise en boucle par les médias, éloignait la menace. Deux semaines plus tard, qu’en est-il vraiment ? Aujourd’hui, les négociants et viticulteurs charentais ne sont pas rassurés. Ils considèrent qu’une surtaxe est toujours possible et formulent les « plus vives inquiétudes ».
« Injuste et infondé »
« Nous remercions le président de la République pour son implication dans ce dossier […] mais rien n’est réglé. Les déclarations faites à la presse ne nous protègent en rien […]. Nous craignons l’imposition de droits définitifs et à effet immédiat, dès que les autorités chinoises considéreront que la procédure est close. Cette décision peut intervenir à tout instant, dans un contexte délicat où les tensions commerciales entre l’Europe et la Chine se font toujours plus vives », a déploré Florent Morillon, le président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), ce mercredi 22 mai lors d’une conférence de presse à Cognac. Selon tous les observateurs, la procédure anti-dumping ouverte le 5 janvier à Pékin est une mesure de rétorsion à une enquête de la Commission européenne sur les subventions publiques à l’industrie automobile électrique chinoise. Les exportateurs charentais répondent de bonne grâce aux inspecteurs chinois mais jugent leur démarche « injuste et infondée ». Ils se considèrent comme les victimes collatérales d’un contentieux qui ne les concerne pas. Or, selon le BNIC, « tout porte à croire que l’Europe envisage de surtaxer les voitures électriques chinoises en juillet ». Florent Morillon est formel : « La volonté des autorités chinoises d’adresser un message au gouvernement français en prenant le Cognac pour cible est manifeste. Il revient à nos autorités de mettre en œuvre les solutions garantissant que l’un des fleurons du commerce extérieur de la France ne soit pas sacrifié. Le Cognac représente plus de 70 000 emplois directs et indirects sur son territoire de production et en France et a généré 3,35 milliards d’euros à l’exportation en 2023. »
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