Mercredi 19 Mars 2025
Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), le 19 mars 2025 à Cognac. ©Olivier Sarazin
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19.03.2025
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Taxes, droits de douane, guerre commerciale : la filière pourrait perdre 2 milliards d’euros en Chine et aux États-Unis d’Amérique. Elle lance un appel “solennel” au plus haut niveau de l’Etat, considérant que “toute une région est en danger”
Le ton est grave en Charente et en Charente-Maritime, où les viticulteurs, distillateurs et négociants sont victimes des tensions commerciales entre l’Europe, la Chine et les États-Unis d’Amérique. Ce mercredi matin, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) a lancé un appel « solennel » aux autorités françaises, les exhortant à « agir urgemment » pour sauver la filière d’une « catastrophe » annoncée.
« Nous en appelons au chef de l’État et au chef du gouvernement, il est de leur responsabilité de sauver notre économie, nos emplois […] c’est 70 % de notre business qui est en jeu, c’est la vie d’une région », a déclaré Florent Morillon, le président du BNIC, lors d’une conférence de presse à Cognac. « On doit nous écouter, sinon c’est la mort assurée de la filière. 70 000 personnes vont se retrouver au chômage », a ajouté Christophe Veral, le vice-président.
On parle ici des taxes provisoires chinoises sur les brandys européens, qui pourraient devenir définitives le 5 avril 2025, à l’issue d’une enquête antidumping ouverte début 2024. Il est aussi question des menaces récentes de Donald Trump, qui envisage une barrière tarifaire de 200 % sur les vins et spiritueux européens si l’Union européenne ne renonce pas à ses contre-mesures commerciales visant notamment le bourbon.
Les contentieux ont débuté avec les véhicules électriques, l’acier et l’aluminium. « Chine, USA, c’est le même scénario ! Nous sommes les otages de décisions qui mettent à mal une filière pluricentenaire et avec lesquelles nous n’avons rien à voir. À chaque fois nous n’avons pas été écoutés », a déploré Florent Morillon.
« Depuis quatorze mois, nos multiples alertes ont été minimisées […] Depuis octobre et le dépôt obligatoire d’une caution douanière, le marché chinois se ferme à une vitesse incroyable. Le gouvernement doit nous sortir de cette ornière et trouver une issue diplomatique », a déclaré Patricia Gaborieau, vice-présidente de l’Organisme de défense et de gestion (ODG) de l’appellation Cognac et représentante du négoce au BNIC.
Selon les professionnels, les deux principaux marchés du cognac pourraient se refermer. Les États-Unis et la Chine pèsent presque 2 milliards d’euros, chiffre à rapporter aux 2,992 milliards de chiffre d’affaires de la filière en 2024 (moins 10,6 %). « Des familles risquent de tout perdre », a mis en garde Christophe Veral, qui redoute un « séisme d’une ampleur inimaginable ».
« Les dix jours qui viennent vont être décisifs », a avancé Florent Morillon, alors que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est attendu en Chine le 27 et 28 mars. Sur le dossier américain, le BNIC demande à l’UE le retrait des alcools « made in USA » de la liste des contre-mesures européennes, afin d’apaiser les tensions avec l’administration Trump.
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